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Grande Région : des moyens à repenser


Le président sortant du CESGR, Jean-Claude Reding (au c.) a présenté mardi, avec son successeur Oliver Groll et Jeanne Ruffing, les recommandations adressées aux responsables politiques de la Grande Région (Photo : François Aussems).

En amont du changement de présidence entre le Luxembourg et la Sarre, le Comité économique et social de la Grande Région (CESGR) plaide pour une plus grande marge de manœuvre des régions partenaires.

La présidence luxembourgeoise de la Grande Région s’est passée à l’ombre des élections législatives du 14 octobre dernier. Depuis début 2017, les différentes entités qui composent cette coopération entre le Luxembourg, la Wallonie, la Rhénanie-Palatinat, la Sarre et donc désormais la région Grand Est n’ont pourtant pas chômé. Comme le prévoit la feuille de route de chaque présidence, le Comité économique et social de la Grande Région (CESGR) adresse avant le passage de flambeau une série de recommandations aux décideurs politiques. «On émet des recommandations, mais c’est aux responsables politiques de les prendre en compte», semble presque regretter Jean-Claude Reding, le président sortant du CESGR. Ce constat n’est pas anodin, sachant que le projet de la Grande Région semble «avoir perdu en élan». «Certaines discussions sont à l’arrêt. Il faut relancer le processus. Dans le cas contraire, le risque est que les avancées réalisées soient oubliées», souligne Jean-Claude Reding.
Les moyens mis à la disposition de la Grande Région constituent un point d’achoppement. «Aussi bien au niveau financier qu’en ce qui concerne le personnel, la Grande Région reste sous-dotée. L’argent reste le nerf de la guerre, mais aucune solution n’est trouvée depuis dix ans», déplore le président sortant du CESGR. Apparaît donc d’autant plus ambitieuse une des nouvelles recommandations formulées à l’adresse des décideurs politiques.

Un Fonds spécifique pour mieux avancer
«Sachant que la Grande Région reste au premier rang de l’Union européenne en termes de flux transfrontaliers (NDLR : 232 000 frontaliers sont comptabilisés), il nous faut analyser les outils juridiques qui doivent nous offrir le droit d’expérimenter», lance Jean-Claude Reding. L’objectif serait de se donner de «nouveaux moyens pour renforcer la coopération au niveau de l’aménagement du territoire, du travail ou encore de la santé».

Même s’il se dit «conscient des vents contraires» que cette recommandation risque de créer sur le plan politique, le président sortant du CESGR défend avec ardeur l’idée de créer un Fonds de la Grande Région. «Ce dernier serait financé par les régions partenaires mais aussi par des partenaires européens», détaille-t-il. Le Comité songe notamment aux fonds européens existants ou à la Banque européenne d’investissement (BEI).
Le fait de repenser les moyens et la marge de manœuvre de la Grande Région est, aux yeux du CESGR, une nécessité pour avancer de façon plus concrète et plus cohérente sur les projets à développer en commun. La présidence luxembourgeoise a été placée sous le signe des défis posés par la digitalisation de l’économie. «Il faut saisir les chances et limiter les risques», résume Jeanne Ruffing, de l’Observatoire interrégional du marché de l’emploi. Dans ce cas précis, mais aussi sur un plan plus global, le CESGR plaide pour la poursuite des efforts de coordination et d’harmonisation de la formation professionnelle et de la formation continue au niveau de la Grande Région.

Risque de pénurie de main d’oeuvre
Disposer d’une main-d’œuvre qualifiée deviendrait de plus en plus vital, notamment dans le secteur de la santé et des soins. «On risque une pénurie au niveau des soignants et des médecins», met en garde Jean-Claude Reding. Ce risque est pour le CESGR une raison de plus d’encourager des formations transfrontalières.
Il reviendra désormais à la Sarre de poursuivre les travaux et projets entamés. «Il est prévu de procéder à une évaluation des perspectives fixées en vue de 2020. Avec les tendances nationalistes en Europe, il importe plus que jamais de mettre en avant les mérites de la Grande Région», conclut Oliver Groll, qui va prendre la présidence du CESGR à la fin janvier.

David Marques