Une enquête du LIST et du cabinet de conseil P’OP montre que 60 % des cadres de moins de 30 ans ont l’intention de quitter leur travail dans les deux ans à venir. La génération Y, même au Luxembourg, semble difficile à fidéliser au sein de l’entreprise. Une récente enquête montre à quoi aspire cette génération pour s’épanouir sur le marché du travail.
Le turnover dans les entreprises (rotation des effectifs d’une année à l’autre) est pratiquement un tabou au Luxembourg, surtout dans les entreprises de la place financière et plus particulièrement dans les très grands cabinets d’audit. Faire dire à une société le pourcentage de salariés la quittant chaque année est assez difficile et les explications sont souvent vagues.
Généralement, le discours est le suivant : «Cela varie en fonction des années et des besoins, le pourcentage de turnover se situe entre 10 et 20 %, en comprenant les départs en retraite, les changements de carrière, etc. Cela nous permet d’accueillir de nouveaux talents.» Sauf qu’en réalité, le pourcentage est beaucoup élevé et concerne davantage les jeunes que les préretraités.
Récemment, une étude de Deloitte, réalisée sur 26 pays, a démontré que 44 % des «millenials» (la génération Y, c’est-à-dire les personnes nées entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990) souhaitent quitter leur employeur dans les deux prochaines années, alors qu’une autre récente étude du Figaro Économie, a démontré que cette génération Y n’avait au final pas autant la bougeotte que l’on voudrait le croire.
P’OP, un cabinet de conseil en relations humaines, et le LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology) se sont associés pour savoir ce qu’il en était au Luxembourg, en réalisant une enquête auprès de 500 jeunes cadres de moins de 30 ans (53 % de femmes et 47 % d’hommes) travaillant au Luxembourg, afin de connaître les aspirations de ces jeunes concernant «l’entreprise de demain». Résultat, près de 60 % des jeunes cadres ont l’intention de quitter leur travail actuel.
Plaisir, équilibre et liberté
Plus précisément, 24,7 % projettent de quitter leur poste dans les six mois, 16 % dans l’année qui vient et 19,8 % dans les deux ans à venir. L’enquête montre ainsi que la «génération Y» aspire en premier lieu à ne pas s’ennuyer dans son travail (75,6 %), puis à trouver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle (71 %), et souhaite aussi une liberté dans la gestion de son temps de travail (60,2 %).
Le besoin de continuer à apprendre et celui de gagner de l’argent arrivent en quatrième et cinquième position. En résumé, pour cette génération, l’entreprise parfaite est celle où les horaires sont flexibles, le cadre propice à l’épanouissement et au plaisir et permettant un équilibre entre temps libre et travail, bref, le fantasme «Google compagnie».
L’enquête bien qu’intéressante, ne prend pas en compte la spécificité du Luxembourg, à savoir sa main-d’œuvre frontalière et internationale, qui aurait pu donner un angle un peu plus fin et en adéquation avec la réalité du terrain. Pour analyser plus en profondeur les résultats de cette enquête, une table ronde réunissant un recruteur de la place, une responsable RH d’un grand cabinet d’audit, un professeur de l’université de Luxembourg et un représentant de la génération Y, a été organisée, lundi, au Casino Luxembourg.
Jeremy Zabatta
La génération Y
Cette génération représente, selon un rapport de l’Union européenne sur la jeunesse, 15 % de la population européenne et d’ici 2025 près de 75 % de la main-d’œuvre, alors qu’aujourd’hui les entreprises considèrent cette génération comme difficile à recruter et à fidéliser.
Il faut dire que cette génération est assez atypique en elle-même et fait couler beaucoup d’encre dans la mesure où ses représentants sont nés en même temps que le développement du digital, n’ont pas connu de monde sans le sida et n’ont jamais connu le climat tendu de la guerre froide. On considère que la génération Y est née avec l’abondance et a découvert la crise.
Le «Y» pourraient venir du mot «why», (qui se prononce comme la lettre Y en anglais), référence à une génération qui demande le «pourquoi» de chaque instruction reçue.