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Grand-Duché : l’addition du Covid-19, c’est 1,6 milliard de déficit budgétaire


D'après Pierre Gramegna, le ministre des Finances, les mesures mises en place par l'État «ont des répercussions importantes sur nos finances publiques et les chiffres des quatre premiers mois 2020 en sont la preuve». (Photo : Hervé Montaigu/archives LQ)

La crise liée à la pandémie a conduit à une dégradation des finances publiques au Grand-Duché, a fait savoir, lundi, le ministère des Finances. À la fin du mois d’avril, l’administration centrale affiche un déficit de 1,6 milliard d’euros.

Les recettes ont chuté de 8,4 % par rapport aux quatre premiers mois de 2019 et les dépenses, de 28,5 %. Par rapport à un tiers des montants annuels prévus au budget voté pour l’année 2020, la baisse des recettes est de 12 % et l’augmentation des dépenses de 8 %, ce qui entraîne une détérioration significative du solde budgétaire, qui s’affiche à -1,6 milliard d’euros.

C’était inévitable, mais maintenant les chiffres sont là pour donner un visage à une implacable réalité : la détérioration des comptes publics. Comment pouvait-il en être autrement avec une économie confinée et un État prompt à mettre la main au portefeuille pour lui permettre de garder la tête  hors de l’eau. À coups de milliards et de centaines de millions. Ce sont les montants des dépenses directes (2,2 milliards d’euros, dont 566 millions d’euros pour le chômage partiel) du programme de stabilisation et des mesures additionnelles de «Neistart Lëtzebuerg» (700 à 800 millions d’euros).

Annulations d’avances fiscales et délais de paiement

À cela s’ajoutent les recettes qui, logiquement, sont en berne, non seulement parce que tout un pan de l’économie fonctionne au ralenti ou ne fonctionne pas du tout, mais aussi parce qu’y renoncer au moins temporairement faisait partie du programme de stabilisation de l’économie. Impôts directs, impôts indirects, recettes des Douanes et Accises : tous ces postes accusent le coup.

D’après les chiffres communiqués par le ministère des Finances aux députés en commission, «au niveau des impôts directs, l’impôt sur le revenu des collectivités (IRC) a subi une diminution d’environ 23 % par rapport à la période janvier-avril 2019, étant donné que de nombreuses entreprises ont profité de la possibilité de solliciter des annulations d’avances fiscales au premier trimestre et des délais de paiement».

En matière d’impôts indirects, la diminution de 17 % constatée au niveau de la TVA est surtout due à un effort de remboursements inégalé par l’administration de l’Enregistrement, des Domaines et de la TVA pour subvenir aux besoins de liquidités des entreprises. Au total, les remboursements effectués sur les quatre premiers mois de 2020 se chiffrent à 734 millions d’euros, soit 160 millions d’euros de plus que sur la même période en 2019.

284 millions d’euros de recettes fiscales en moins

Les recettes provenant de l’administration des Douanes et Accises, elles, ont été fortement affectées par les mesures de confinement et la fermeture partielle des frontières. Pour la période de janvier à avril 2020, les ventes d’essence et de diesel ont subi une dégradation de 19 % et de 22 % respectivement.

Pris dans leur ensemble, les recettes des trois administrations fiscales s’élèvent en avril à 5,2 milliards d’euros, c’est-à-dire 284 millions d’euros de moins par rapport à la même période en 2019 et -10 % par rapport à un tiers du montant annuel prévu au budget 2020.

Pierre Gramegna affiche sa vigilance : «Étant donné que la crise sanitaire continuera certainement à produire ses effets sur les finances publiques dans les mois qui suivront, il convient de surveiller son évolution avec prudence et de continuer à trouver le juste équilibre entre, d’un côté, une ambitieuse politique de relance et d’investissements durables et, de l’autre, une approche responsable dans l’intérêt général du pays.»

LQ