Pas de quoi faire un briefing. L’ordre du jour des ministres réunis en conseil vendredi n’inspirait pas plus que ça le Premier ministre. Pour l’heure, ce sont les affaires européennes qui l’occupent. Il y a bien eu cependant une petite polémique à se mettre sous la dent avec la présence du Grand-Duc à une réunion informelle des chefs d’État des pays germanophones. Pour le Lëtzebuerger Land, ça fait désordre.
Il y a eu le barbecue de fin de saison, mais pas de briefing pour la rentrée. Les ministres ont repris leurs marques, vendredi, lors du premier Conseil de gouvernement après la pause estivale. « Quand il n’y a pas lieu de faire un briefing, je n’en fais pas », lâche tout simplement le Premier ministre, joint par Le Quotidien .
Vendredi, il ne voyait pas avec quel sujet susciter l’intérêt dans la liste des projets adoptés en conseil. Le concept retenu par le gouvernement pour la création d’un Centre national de référence pour la promotion de la santé affective et sexuelle est un chapitre qu’il préférera laisser à la ministre de la Santé, Lydia Mutsch, ou au Planning familial qui sera en charge de le mettre sur pied.
Le Premier ministre n’était pas davantage disposé à s’étendre sur les prescriptions minimales de sécurité et de santé relatives à l’exposition des salariés aux risques des champs électromagnétiques. Ce sont des exemples de dossiers qui ont occupé les ministres ce vendredi, entre la fixation des dates des prochains soldes et la réglementation relative à la marque nationale des eaux-de-vie naturelles.
Le retour aux affaires se fait donc en douceur sur le plan de la politique nationale. Les questions internationales occupent davantage le Premier ministre qui s’est entretenu avec de nombreux homologues européens, dont le président français la semaine dernière, et il a prévu de rencontrer la chancelière allemande la semaine prochaine.
Les gros dossiers seront à l’ordre du jour dès la rentrée parlementaire avec la réforme du congé parental, celle du Conseil d’État ou celle encore de la fiscalité. « Nous attendons les avis du Conseil d’État sur ces différents projets avant de lancer la machine », indique Xavier Bettel.
Grand-Duc germanophone
Le seul élément croustillant à se mettre sous la dent nous est offert par le Lëtzebuerger Land dans son édition de vendredi avec la petite polémique concernant la présence du Grand-Duc Henri à la réunion informelle des chefs d’État des pays germanophones. La semaine prochaine, le Grand-Duc, qui boude les sommets des chefs d’État et de gouvernement de la Francophonie, participera pour la troisième fois à la réunion annuelle des chefs d’État des pays germanophones à Eupen en Belgique.
«Vu le poids historique de deux guerres mondiales et la méfiance entretenue pendant longtemps vis-à-vis des origines allemandes de la maison de Nassau, une démarche pareille semblait inimaginable il y a encore quelques années. D’autant plus que la loi de 1984 sur l’emploi des langues ne fait pas du Luxembourg un État germanophone. Il est donc surprenant que la décision délicate de se rallier aux chefs d’État germanophones fût prise en 2014 sans consultation au sein du gouvernement», analyse l’hebdomadaire.
Pour Xavier Bettel, « il n’y a pas de quoi invoquer l’article 45 de la Constitution » qui stipule que «les dispositions du Grand-Duc doivent être contresignées par un membre du gouvernement responsable». Le Premier ministre indique qu’il s’agit d’une « réunion informelle qui n’engage en rien le Luxembourg sur le plan politique ».
Quant au feu vert du gouvernement, il n’en a pas besoin visiblement. « Le chef de l’État m’en a parlé à chaque fois qu’il s’y est rendu, c’est-à-dire trois fois, dont deux fois depuis que je suis Premier ministre. Je n’ai rien trouvé d’anormal à cette démarche », poursuit Xavier Bettel.
Quant à Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères qui a confirmé à l’hebdomadaire que le Conseil de gouvernement n’avait jamais donné une telle autorisation, il a mal été compris. « J’étais dans le train, entre deux réunions, je n’ai pas bien compris le problème, mais pour moi il n’y en a pas. C’est déjà la troisième fois que le Grand-Duc se rend à cette réunion informelle et il n’a pas besoin de notre autorisation pour cela », a déclaré le ministre, vendredi, toujours entre deux réunions ou deux aéroports, traitant de l’actualité internationale, loin des affaires de la Cour grand-ducale « et de la politique luxembourgeoise ». Il ne s’en cache pas.
L’hebdomadaire fait remarquer que le Grand-Duc, en revanche, a tendance à bouder le sommet de la Francophonie qui se déroule tous les deux ans. Celui-là, par contre, est plus politique. Les chefs d’État y prennent des résolutions, quand ceux des pays germanophones, des présidents et des monarques à chrysanthèmes, traînent plus à table et dans les musées qu’autour d’une table de négociations.
Geneviève Montaigu