Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Jocelino avait mis ses fils et ses compagnes à contribution. Tombés les uns après les autres, ils ont été condamnés jeudi pour avoir participé à un réseau de trafic d’héroïne depuis les Pays-Bas.
Leurs numéros ne sont plus attribués. Il suffisait aux toxicomanes de composer un des deux «golden numbers» de Jocelino pour commander leur dose d’héroïne. La police a mis un terme à ce business après des mois d’enquête. Les membres du réseau opérant depuis Rotterdam aux Pays-Bas sont tombés les uns après les autres.
Jocelino, 42 ans, avait mis ses compagnes et ses deux fils aînés à contribution. La 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg l’a condamné hier après-midi à 10 ans de prison ferme et à une amende de 5 000 euros. Ses deux fils et Silvana ont écopé de peines de 6 ans de prison, dont 5 avec sursis, et d’amendes de 3 000 euros. Diara a été condamnée à 5 ans de prison, dont 4 ans et 7 mois avec sursis, et à une amende de 2 000 euros. Éric devra purger une peine de 6 années de prison ferme. Jeicy a écopé d’une peine de 4 ans de prison, dont 3 avec sursis, et d’une amende de 2 000 euros. Jessica et Antonio bénéficient du sursis intégral sur les peines de 2 ans de prison auxquelles ils ont été condamnés. Ils devront s’acquitter d’une amende de 1 000 euros. Enfin, Bruno, acquitté du chef d’association de malfaiteurs, a également droit au sursis intégral sur la peine de 18 mois de prison assortie d’une amende de 1 000 euros prononcée par le tribunal.
Une «organisation criminelle bien rodée»
Le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public pour certains prévenus et s’est montré plus clément en ce qui concerne Jocelino. En juin dernier, le parquet avait requis une peine de 15 ans de prison ferme et une amende appropriée contre lui. Son représentant avait estimé qu’il était la tête pensante «d’une organisation criminelle bien rodée». Contre Silvana, qui a endossé le rôle de coursier une à deux fois par semaine d’avril 2021 à février 2022, et Luciano, qui est «intervenu à plusieurs niveaux de l’organisation» entre février 2021 et 2022, il avait requis des peines de six ans de prison assorties d’une amende appropriée, tout comme contre Éric, un des revendeurs.
Lorenzo, le frère de Luciano, et Jeicy encouraient une peine de 5 ans de prison ferme pour avoir vendu de l’héroïne. Bruno, qui a remplacé Éric pendant deux jours, 18 mois de prison. Le procureur avait également requis une peine de 5 ans de prison contre Diara, une ancienne compagne de Jocelino qui était plus qu’une simple opératrice téléphonique. Enfin, pour Jessica et Antonio, il avait demandé une peine de 2 ans de prison. Il avait estimé qu’ils n’avaient pas fait partie de l’organisation criminelle. Le magistrat ne s’était pas opposé à un sursis partiel pour Silvana, Lorenzo, Bruno, Diara, Jessica et Antonio.
Un dealer au bout du fil
Lorenzo et Luciano remettaient notamment les commandes aux toxicomanes, Silvana, une autre compagne, livrait la drogue depuis les Pays-Bas vers les zones frontalières du Grand-Duché et récupérait l’argent quand Jocelino ne s’en chargeait pas lui-même. Lors d’une perquisition au domicile de cette dernière après son arrestation et à celui de Luciano le 2 février 2022, les policiers néerlandais ont mis la main sur 45 kilogrammes d’héroïne pure ainsi que sur du produit de coupe. Ce qui a permis aux enquêteurs de conclure que l’appartement qui était occupé par Jocelino devait servir de lieu de stockage et de conditionnement des stupéfiants.
Son but était d’éponger une dette à géométrie variable de minimum 200 000 euros. Tous les deux ou trois jours, selon les informations recueillies grâce aux écoutes, entre autres, des deux «golden numbers» et aux images vidéo des systèmes de surveillance autoroutière, les livraisons étaient remises à la frontière luxembourgeoise.
Une contre-valeur totale de 734 549 euros
L’arrestation en flagrant délit à Esch-sur-Alzette d’un de ses revendeurs le 1er août 2021 avait mis la puce à l’oreille des policiers. Ils estiment qu’en dix-huit mois d’activité, soit entre décembre 2020 et le 23 mai 2022, le réseau aurait vendu au moins 54 681 grammes d’héroïne sur le territoire luxembourgeois pour une contre-valeur totale de 734 549 euros. Même si les enquêteurs ne peuvent pas chiffrer avec précision son rendement, ni même déterminer la date du début de ses activités.
Jessica et Antonio, deux toxicomanes également prévenus dans l’affaire, ont joué les intermédiaires en échange de quoi financer leur propre consommation de stupéfiants.
Fin mai 2022, huit membres présumés du réseau ont été interpellés. Cinq ont été arrêtés au Luxembourg, deux aux Pays-Bas et un en France. Deux autres personnes suspectées d’avoir revendu l’héroïne obtenue par ce réseau ont été arrêtées au Luxembourg au début du mois de juin 2022.
