Le procureur a conclu à l’organisation criminelle. Une circonstance aggravante qui a fait exploser les peines encourues par Jocelino et ses proches pour avoir vendu de l’héroïne sur commande.
On a connu plus bavards. Luciano et Lorenzo, les fils de Jocelino, n’avaient « rien à déclarer» hier après-midi. Ils sont accusés d’avoir vendu de l’héroïne au Luxembourg pour le compte de leur père qui avait mis son entourage à contribution pour faire fleurir sa petite entreprise basée à Rotterdam. Les deux frères ont refusé de répondre aux questions de la présidente de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier après-midi. Le tribunal ne saura donc pas s’ils étaient motivés par l’argent ou s’ils voulaient soutenir leur père, en mauvaise posture financière, par loyauté.
Mercredi, les deux anciennes compagnes de Jocelino avaient témoigné avoir participé au trafic – l’une notamment en répondant au téléphone et l’autre en transportant des stupéfiants – par amour pour l’aider à s’en sortir alors qu’il croulait sous les dettes. Combien? Différentes sommes, allant du simple au double, sont évoquées. La tête du réseau parle d’un million accumulé ces trente dernières années.
Trois dealers de rue à la solde du réseau pensaient se faire de l’argent facile, mais ont réalisé ce qui leur pendait au nez. Surtout si le tribunal décide de retenir la circonstance aggravante de l’organisation criminelle ou de l’association de malfaiteurs.
Des rôles déterminés
Le procès qui devait s’étendre sur deux semaines sera donc plus court que prévu. Les auditions des deux frères ont à peine duré quelques minutes étant donné qu’ils ont préféré faire usage de leur droit au silence. Cela ne les protègera pas, selon le procureur qui a annoncé qu’ «ils vont payer assez cher pour les activités illégales auxquelles ils se sont livrés». «Un trafic de stupéfiants à grande échelle impliquant de nombreux acteurs, des clients fidèles et un important volume d’affaires» mis en place par Jocelino qui «tirait les ficelles» et «distribuait les rôles» de cette «organisation criminelle» «bien rodée».
Il suffisait aux toxicomanes luxembourgeois de contacter deux golden numbers exploités par le réseau pour commander leurs doses. L’héroïne était acheminée depuis Rotterdam et remise aux dealers de rue à la frontière sur le sol belge. Ils remettaient l’argent gagné aux transporteurs. Chaque prévenu avait un rôle bien déterminé. Des mois d’écoutes téléphoniques et d’observations sur le terrain ont permis de l’établir. Jocelino avait découvert le fonctionnement des golden numbers, alors qu’il travaillait comme dealer pour une autre organisation criminelle.
«J’ai arrêté tout de suite quand j’ai compris ce que je vendais»
Le prévenu a été à la tête de son propre réseau de revente au Luxembourg de décembre 2020 au 23 mai 2022, date de son arrestation aux Pays-Bas, estime le représentant du parquet qui a requis une peine de 15 ans de prison ferme et une amende appropriée à son encontre. «Le minimum légal.» Silvana qui a endossé le rôle de coursier une à deux fois par semaine d’avril 2021 à février 2022, encourt une peine de six ans de prison et une amende appropriée. Luciano qui est «intervenu à plusieurs niveaux de l’organisation» entre février 2021 et 2022, encourt également une peine de six ans de prison, tout comme Éric, un des revendeurs.
Lorenzo, son frère, et Jeicy risquent une peine de 5 ans de prison ferme pour avoir vendu de l’héroïne. Bruno, qui a remplacé Éric pendant deux jours, encourt 18 mois de prison. «J’ai vendu pour aider mon cousin qui était parti en vacances. J’ai arrêté tout de suite quand j’ai compris ce que je vendais», avait indiqué Bruno mercredi. «J’ai fait tout cela pour rien. Je n’ai même pas été payé. Je vais aller en prison gratuitement.»
Quant à Diara, une des anciennes compagnes de Jocelino, le procureur a également requis une peine de cinq ans à l’encontre de celle qui était plus qu’une simple opératrice téléphonique. Enfin, pour Jessica et Antonio, deux toxicomanes luxembourgeois qui jouaient les intermédiaires pour financer leur propre consommation de stupéfiants, il a demandé une peine de deux ans de prison. Il a estimé qu’ils n’avaient pas fait partie de l’organisation criminelle. Le magistrat ne s’est pas opposé à un sursis partiel pour Silvana, Lorenzo, Bruno, Diara, Jessica et Antonio.