La question se pose sans détour. Comment Bob Jungels va-t-il opérer ce dimanche dans la très dure montée du Blockhaus ?
« Je ne vois vraiment rien qui devrait me procurer trop de stress. Je ne suis pas pressé. C’est mon quatrième jour en rose et il n’y a pas d’inconvénient à l’avoir. C’était un bon Giro pour moi jusqu’à présent. Je veux garder le maillot, mais ne pas être débordé par la pression. Aujourd’hui (vendredi) c’était le premier jour sans stress, c’était seulement technique à la fin. Je ne serai pas plus frais après avoir escaladé le Blockhaus dimanche, mais il y a le contre-la-montre après cela, ce qui devrait me favoriser… », a expliqué en conférence de presse un Bob Jungels toujours aussi serein dans son habit de lumière, à l’issue de la 7e étape remportée par l’Australien Caleb Ewan. La question qui taraude l’esprit de tous les suiveurs mérite d’être posée. Comment le champion national va-t-il se comporter ce dimanche dans l’ascension du Blockhaus, cette montagne du massif des Apennins ?
Si les grimpeurs ont pris soin de s’éviter l’autre jour, dans l’étape de l’Etna balayée par un vent de face trop violent pour que les uns et les autres puissent prendre le moindre risque, il n’en sera évidemment pas de même sur le Blockhaus dont la seule évocation glace les sangs. Ainsi, Domenico Pozzovivo, le leader italien de l’équipe AG2R la Mondiale, n’y va pas par quatre chemins : « Le Blockhaus est une vraie montée, peut-être la plus dure du Giro. Quand je suis allé la reconnaître, il y avait de la neige dans les six derniers kilomètres. Dans le final, la route est étroite, mais la sélection sera déjà faite à ce moment-là. Les pentes comme celles du Blockhaus devraient favoriser Nairo Quintana… »
Autre grimpeur patenté, le Français Thibaut Pinot se projette également : « Je suis pressé d’être à dimanche pour voir où en sont mes principaux adversaires parce que sur l’Etna on n’a pas pu vraiment se jauger… »
Il a fait de gros progrès en montagne
Comment réagira donc Bob Jungels sur cette ascension de 13 kilomètres offrant une pente régulière de 9% sur quasiment dix kilomètres avec une partie affichant 14% ? Difficile à dire car il est évident au simple regard de l’étape de l’Etna que le champion national a effectué de gros progrès en montagne.
« Sur les ascensions les plus dures, il est inutile que je tente de suivre les purs grimpeurs. Il vaut mieux que je tente de monter à ma main, de façon régulière afin de ne pas avoir à subir les à-coups des purs grimpeurs, bien plus légers que moi », avançait Bob Jungels avant de prendre le départ de ce Giro. On y est.
Mais on le sait, le simple fait de porter le maillot de leader peut sublimer un coureur. Et l’autre jour, l’ancien vainqueur du Giro-1987, l’Irlandais Stephen Roche, qui lui non plus n’était pas un pur escaladeur, s’est plu à vanter les mérites du maillot rose sur la chaîne L’Équipe, laquelle retransmet les étapes en intégralité. « Je suis Bob Jungels depuis quelque temps déjà. Je pense beaucoup de bien de lui. Son coup de pédale est souple et le coureur, très lucide. J’ai hâte de voir jusqu’où il peut aller…»
Le moment est donc venu. Mais auparavant, il faudra encore assurer ce samedi à l’arrivée de Peschici avec une montée finale de 1 500 mètres et un passage à 12%. Les grands leaders vont-ils saisir la balle au bond à la veille du terrible Blockhaus ? « C’est dur à dire , a répondu le coureur luxembourgeois tout en maîtrise, ça pourrait être encore un final pour Fernando (Gaviria), vu sa forme et (Caleb) Ewan sera là aussi… »
Denis Bastien