Classé 32e de l’étape dimanche, et désormais placé en 23e place du général mais sans plus nourrir d’ambitions, Bob Jungels va chercher à comprendre pourquoi son organisme a défailli. Et à remporter, si possible, une étape.
L’étape de samedi à Courmayeur, qui finissait au pied du mont Blanc noyé dans la brume, avait achevé de confirmer que ce Tour d’Italie, contrairement à 2016 (6e au final) et 2017 (8e avec un succès d’étape), ne serait pas le sien. Même éloigné des meilleurs, Bob Jungels ne s’est pourtant pas dérobé à ses obligations de leader qu’il entend assumer si par bonheur pour lui, des jours plus heureux arrivent. Ce qu’il faut vivement espérer.
Après la stupeur, l’incompréhension de sa contre-performance en haute montagne, Bob Jungels, qui n’a pas résolu le problème de cette baisse de régime intrigante, imprévue, s’est relancé. Avec un certain courage, il faut le reconnaître. Pas question, donc, de mettre le clignotant sur le bord de la route. De céder à l’abandon, ce qui pourrait être tentant dans de pareilles conditions.
D’ailleurs, dès dimanche et cette maxi-étape se terminant par un mini-Tour de Lombardie, le champion national est apparu plus à son aise. Suivant parfaitement le mouvement dans le peloton qui se faufilait sur les routes lombardes du monument italien. Jusqu’au coup de force de Simon Yates dans le Sormano, à une cinquantaine de kilomètres de l’arrivée.
Certes, il a fini par disparaître de la circulation, mais il a semblé bien mieux en point. Plus fringant en tout cas que les derniers jours. D’ailleurs, l’écart, faible à l’arrivée, démontre que le Luxembourgeois n’a pas abdiqué. La marque d’une embellie à venir en dernière semaine chez ce coureur ayant toujours fait preuve, depuis ses débuts dans les grands tours, d’une parfaite récupération en dernière semaine, la qualité des grands leaders, qualité qui l’a d’ailleurs convaincu qu’il avait un rôle à y jouer. Jusqu’à donc cette cruelle désillusion survenue brutalement, «sans explication», a-t-il fini par concéder, la mort dans l’âme.
Questions en suspens
«Cette désillusion n’a pas été facile à vivre pour lui. Il était venu dans ce Giro pour faire le classement général et comme il était loin du compte dans les étapes dures, il était abattu, c’est normal. Quand on ne comprend pas pourquoi ça ne marche pas, ce n’est jamais simple. Sa place devrait se situer dans le top 10, pas là où il se trouve en ce moment», note ainsi Rik Van Slycke, le directeur sportif de l’équipe Deceuninck-Quick Step. Le staff ne se montre d’ailleurs pas avare d’affection. Une tape amicale, un sourire : Bob Jungels, que tout le monde sait meurtri, sait qu’il peut compter sur les siens en ces moments moins faciles qu’espéré.
Mais après le départ programmé d’Elia Viviani, l’abandon de James Knox qui devait initialement épauler Bob Jungels en montagne, l’équipe Deceuninck-Quick Step traîne sa misère dans ce Giro où, fait inhabituel, elle n’a pas remporté la moindre étape. Ce sera d’ailleurs là l’objectif de Bob Jungels, tel qu’il l’a d’ailleurs expliqué.
Bob Jungels voudrait d’abord comprendre pourquoi sa préparation habituelle en altitude ne l’a pas amené là où il voulait être et où il devait être, sur la foi de ses anciennes participations dans les grands tours. Est-ce un mal insidieux que les examens n’ont pas décelé pour le moment ? Un petit problème de programmation, l’enchaînement brutal du stage d’altitude après les classiques flandriennes, une première pour lui ? Ou un début de Giro atypique, d’autres coureurs ayant reconnu avoir anormalement souffert de ne pas avoir assez produit d’efforts dans les onze premières étapes, dont beaucoup d’étapes de plat, avant d’aborder brutalement la montagne, du jamais vu dans le Giro ces derniers temps !
Il lui faudra du temps et l’étape de repos du jour sera la bienvenue.
Denis Bastien, à Côme