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Gerson toujours Roude Léiw : des députées scandalisées


Gerson Rodrigues a été condamné, en deuxième instance, à une peine de 18 mois de prison assortie du sursis probatoire. (Photo : archives lq/luis mangorrinha )

Le maintien de Gerson Rodrigues en sélection nationale de football, condamné pour violences, continue à faire réagir, y compris dans le monde politique. Plusieurs députées s’indignent.

Elles sont trois à être montées au créneau : Mandy Minella (DP), ancienne joueuse professionnelle de tennis, sa collègue Barbara Agostino (DP) et Taina Bofferding, la cheffe de fraction du LSAP.  Les députées se disent toutes scandalisées par le choix de la Fédération luxembourgeoise de football (FLF) et de son sélectionneur, Luc Holtz, de maintenir Gerson Rodrigues dans l’effectif des Rout Léiwen.

Le 30 avril, le meilleur buteur de l’équipe nationale a été condamné, en deuxième instance, à une peine de 18 mois de prison assortie du sursis probatoire ainsi qu’à une amende de 1500 euros. Il avait été reconnu coupable de coups et blessures volontaires contre sa petite amie de l’époque ainsi que contre deux individus croisés en boîtes de nuit, et d’injures à l’encontre de policiers.

La FLF défend son choix par la volonté de ne pas en remettre une couche. La deuxième chance qui est accordée à Gerson Rodrigues suscite toutefois l’ire, dans la société civile, et aussi dans le monde politique.

«Il est inconcevable que l’on soit malgré une condamnation pour violences appelé en équipe nationale. Un sportif professionnel a une responsabilité à assumer, non seulement sur le terrain, mais aussi en tant que modèle pour les enfants et les adolescents», écrit ainsi Mandy Minella sur les réseaux sociaux. «Quelqu’un qui est soumis au sursis ne doit pas, à mes yeux, (…) représenter son pays (…)», poursuit la députée libérale.

Elle estime en outre que «les jeunes doivent comprendre que le succès sportif ne doit pas excuser des violences ou des mauvais comportements. Le sport doit transmettre des valeurs – respect, fair-play et discipline. Celui qui ne représente pas ces valeurs ne peut pas être en même temps un modèle pour notre pays».

Barbara Agostino reprend aussi cet argument : «Aucune performance, aucun but ne justifie la banalisation des violences». Appeler Gerson Rodrigues en équipe nationale ne serait pas «juste une erreur». «C’est un choix. Un choix qui piétine les valeurs que notre pays prétend défendre. Être sportif de haut niveau, c’est représenter bien plus qu’un maillot. C’est représenter une société. Une jeunesse. Une idée de la justice», défend l’élue.

Toujours selon Barbara Agostino, le Luxembourg «ne peut pas prôner une « tolérance zéro«  envers les violences, et en même temps fermer les yeux quand ça touche un joueur médiatisé. L’exemplarité n’est pas une option : elle est une responsabilité».

«Il s’agit d’une honte»

Taina Bofferding s’indigne qu’une condamnation pour violences n’ait pas de conséquences sportives pour Gerson Rodrigues. Dans le cas d’un joueur professionnel, il ne serait pas possible de séparer la vie sportive et la vie privée. «Quelles valeurs défendons-nous si un joueur professionnel a le droit de représenter notre pays?», s’interroge la députée socialiste, également sur les réseaux sociaux.

La violence domestique ne serait jamais anodine, même si «l’on joue bien au football». «La violence qui se produit derrière des portes closes ne doit pas être considérée comme une affaire privée. Cela est intolérable», termine Taina Bofferding.

«En tant que fans de football, mais surtout en tant que féministes convaincues (…) nous ne pouvons que nous étonner qu’un délinquant violent condamné se voie offrir une plateforme sur laquelle agir en tant qu’idole, ou, pour reprendre ses propres mots, pour se mettre en scène comme le « King«  de la nation du football. Il s’agit d’une honte pour tous les acteurs impliqués», avait fustigé dès vendredi la Jonk Lénk, dans une lettre ouverte adressée à la FLF.

L’association La Voix des survivant(e)s a dénoncé que les responsables de la fédération ne respecteraient aucun principe éthique en permettant à Gerson Rodrigues de «pouvoir poursuivre normalement sa carrière de footballeur, alors qu’il a été reconnu coupable (…) de violences conjugales et de coups et blessures».