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Géopolitique : «L’Europe d’abord, mais pas l’Europe seule»


Xavier Bettel en discussion avec le Premier ministre, Luc Frieden, et le chef de la fraction du DP, Gilles Baum (à g.). En arrière-plan, la ministre de la Défense, Yuriko Backes.

Le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, a fait, mardi devant la Chambre, son tour du monde annuel. Il a notamment mis l’accent sur l’Ukraine, le Proche-Orient, la Chine et l’UE.

À l’automne 2024, Xavier Bettel avait une première fois tenu, devant la Chambre des députés, son grand oral sur la politique étrangère du Luxembourg. «Depuis novembre dernier, beaucoup de choses ont changé. Un nouveau moment est le cessez-le-feu au Proche-Orient. Mais, en Ukraine, la guerre se poursuit. Les relations commerciales entre la Chine et les États-Unis, en raison de la politique tarifaire du président Trump, se tendent», introduit le ministre des Affaires étrangères.

«Mais nous ne devons pas oublier d’autres crises, notamment au Venezuela, au Soudan et dans la région des Grands Lacs africains», rappelle un Xavier Bettel qui mentionne aussi l’instabilité politique en France ou la montée en force de l’extrême droite en Allemagne.

«Quel est le rôle d’un petit pays européen dans la défense de la paix et de la sécurité internationales, sans mettre de côté ses intérêts et valeurs ?», interroge le chef de la diplomatie luxembourgeoise. Avant de livrer quelques éléments de réponse.

«Je suis habitué à côtoyer Trump»

Il commence son tour du monde aux États-Unis. «Je suis habitué à côtoyer Monsieur Trump et son administration. Je l’ai fait pendant des années de manière pragmatique, pour défendre nos intérêts mais aussi nos valeurs. Je compte continuer à m’engager pour entretenir un contact ouvert et sincère, car les États-Unis restent, peu importe qui est président, notre plus important partenaire en dehors de l’Europe, sur le plan commercial et dans le domaine de la sécurité», développe l’ancien Premier ministre.

Le président américain, Donald Trump, devrait être conscient de son influence, au Proche-Orient d’abord, où il a réussi à négocier un cessez-le-feu, toujours aussi fragile.

Quelques heures après la fin du discours de Xavier Bettel, Israël a mené des frappes meurtrières dans la bande de Gaza en accusant le Hamas, qui dément, d’avoir attaqué ses soldats, en violation de l’accord de cessez-le-feu.

Donald Trump ne devrait pas oublier que c’est aussi lui qui dispose de l’influence nécessaire pour faire taire les armes en Ukraine. «J’espère que les États-Unis vont continuer à s’engager pour une paix juste et durable, et s’engager, avec leurs alliés, pour assurer la sécurité de l’Ukraine», avance Xavier Bettel.

Avec la guerre d’agression russe contre l’Ukraine, l’Europe se voit aussi confrontée au défi de gagner en autonomie pour assurer sa propre défense. «Les contours de la nouvelle architecture sécuritaire européenne deviennent de plus en plus clairs, avec une plus forte industrie de la défense et une réduction de la dépendance stratégique envers les États-Unis. On repense nos relations avec nos partenaires globaux. Dans ce contexte, nous pouvons clamer « L’Europe d’abord, mais pas l’Europe seule »», observe le ministre des Affaires étrangères.

Le Luxembourg assumerait en tout cas sa responsabilité en augmentant son effort de défense à 2 % du revenu national brut dès cette année, et à 5 % à l’horizon 2035, pour «renforcer le pilier européen de l’OTAN».

«Le multilatéralisme est existentiel»

Xavier Bettel met ensuite la cap sur l’Asie et plus particulièrement la Chine, pays avec lequel «il faut rester en discussion, même si nous ne sommes pas toujours du même avis».

«Nous continuons à exhorter Pékin à user de son influence sur la Russie pour que la Russie arrête enfin sa guerre contre l’Ukraine», appuie le chef de la diplomatie luxembourgeoise. La Chine resterait aussi un acteur clé dans la lutte contre le changement climatique.

«Si nous prenons au sérieux la transition écologique, nous devons la mener ensemble avec la Chine», fait valoir Xavier Bettel. Des relations parfois critiquées comme trop étroites n’empêcheraient pas d’«adresser des messages clairs» au régime du président Xi Jinping.

Le ministre libéral termine en déplorant que le «multilatéralisme, mais aussi plus globalement le respect de normes sont sous pression». «Il est important de s’engager pour le respect des droits de l’homme et du droit humanitaire international», insiste Xavier Bettel, concluant que «pour un petit pays, le multilatéralisme est existentiel».

UE : la présidence de 2029 pointe déjà à l’horizon

Il reste encore près de quatre ans pour préparer l’échéance. Au premier semestre 2029, le Luxembourg va assumer sa 13e  présidence du Conseil de l’UE.

Le ministre Xavier Bettel ne veut rien laisser au hasard. Hier, il a évoqué les premiers contours d’un «exercice exigeant, mais intéressant» qui nécessite une préparation précoce et solide.

La définition des grandes lignes se fera en tenant compte des priorités stratégiques de l’UE pour la période 2024-2029 : une Europe libre et démocratique, une Europe forte et sûre et une Europe prospère et compétitive.

La présidence luxembourgeoise coïncide avec la fin du cycle législatif en cours, avec des élections européennes qui doivent se tenir en mai ou juin 2029.

Le ministère des Affaires étrangères va assumer un rôle de coordination. Mais la préparation de la présidence serait une mission à assumer par l’ensemble du gouvernement et des administrations. Il s’agirait de la «clé du succès».

Il est à noter que les prochaines élections législatives au Luxembourg sont prévues en octobre 2028, soit quelques mois avant le début de la présidence européenne du Luxembourg. La dernière remonte au second semestre 2015.

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