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Gênes : la destruction du pont de la mort a commencé


Le démantèlement complet du pont devrait durer au moins six mois. (photo AP)

Les experts ont donné vendredi à Gênes le coup d’envoi du démantèlement du pont dont l’écroulement en août avait fait 43 morts, avec le démontage d’un premier segment de près de 40 mètres.

Des milliers de tonnes d’acier, de béton et d’asphalte ont déjà été retirées de la zone où ce viaduc autoroutier s’était en partie effondré, entraînant dans sa chute véhicules et passagers, locaux comme étrangers, travailleurs ou sur la route des vacances, parmi lesquels quatre enfants.

« C’est un jour important, le premier pas sur un chemin dont nous espérons qu’il sera le plus rapide possible », a déclaré le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, un casque de pompiers sur la tête.

Quatre puissants vérins positionnés sur le pont grâce à une énorme grue doivent séparer une portion de la route suspendue dans les airs, longue de 36 mètres et large de 18 mètres. L’opération, délicate, a débuté dans la matinée et devrait durer au moins huit heures, devant une petite centaine de journalistes. Ces vérins, qui devront sécuriser la descente, 48 mètres plus bas, des quelque 900 tonnes de cette portion de route, sont les mêmes que ceux utilisés pour redresser l’épave du Costa Concordia, le paquebot qui s’était échoué en 2012 tout près de l’île du Giglio en Toscane. Ce naufrage avait fait 32 morts.

Une opération encore symbolique

L’opération de vendredi, encore symbolique eu égard à la taille de ce viaduc long de plus d’un kilomètre, permettra à la ville portuaire de Gênes d’entrevoir la perspective d’un retour à la normale. À Rome, le ministère de l’Économie a annoncé jeudi soir le déblocage de 60 millions d’euros pour la reconstruction, dont le gouvernement entend cependant présenter ensuite la facture au concessionnaire de l’autoroute, la société Autostrade per l’Italia (Aspi). Le pont Morandi, baptisé ainsi du nom de l’architecte qui l’a conçu dans les années 1960, est un des principaux axes de circulation à Gênes, grand port du nord-ouest de l’Italie.

Au moins six mois avant un démantèlement complet

Le démantèlement complet du pont devrait durer au moins six mois, a prévenu le secrétaire d’État aux Transports, Edoardo Rizi. L’opération est d’autant plus délicate que ce pont suspendu chevauche en partie des habitations – les immeubles sous le pont sont cependant condamnés – et une voie ferrée.

C’est un autre architecte italien, Renzo Piano, qui aura la charge de reconstruire le viaduc. Ce natif de Gênes a promis que le nouvel ouvrage durerait au moins 1000 ans. Résolument différent du pont Morandi, le « pont Piano », en acier et béton, aura « quelque chose d’un bateau, parce que c’est quelque chose de Gênes », avait expliqué son concepteur en décembre.

43 lampadaires en mémoire des 43 victimes

Il comptera 43 lampadaires en mémoire des 43 personnes qui ont péri dans l’accident. La construction du pont, d’un coût estimé à 202 millions d’euros, sera menée par un groupement d’entreprises comprenant Sailini-Impregilo, Fincantieri et ItalFerr. Renzo Piano, 82 ans, auteur entre autres du Centre Pompidou et du nouveau palais de justice à Paris et de la tour The Shard à Londres, a accepté de s’occuper de ce projet gratuitement, « comme forme de donation à la ville de Gênes ».

Ouverture à la circulation en avril 2020

Ce nouveau viaduc devrait être ouvert à la circulation en avril 2020, a promis Edoardo Rizi, soulignant que de fortes pénalités étaient prévues par contrat en cas de dépassement des délais. L’ancien pont, fait de béton et de câbles d’acier eux-mêmes recouverts de béton, avait été inauguré en 1967.

L’une des explications avancées par les enquêteurs réside précisément dans cette couverture de béton qui aurait pu masquer la corrosion de l’acier des câbles. La partie est du viaduc, où se trouve la portion effondrée, est toujours sous l’œil des experts qui cherchent à comprendre les raisons du soudain effondrement et à déterminer les éventuelles responsabilités.

Plusieurs bâtiments se trouvaient sous cette portion, dont certains ont été ensevelis sous les décombres et d’autres évacués. Le concessionnaire, Aspi, a été mis en cause et plusieurs de ses dirigeants sont sous le coup d’une enquête judiciaire, alors que plusieurs ministres ont menacé de lui retirer la concession.

AFP