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Gaza sous blocus : casseroles, bateaux et colère citoyenne au Luxembourg


Les taux de malnutrition dans la bande de Gaza atteignent «des niveaux alarmants», a prévenu l'Organisation mondiale de la santé.

Alors que la famine sévit à Gaza et qu’une conférence internationale se tient à New York, des associations luxembourgeoises intensifient leur mobilisation en soutien à la population gazaouie.

Un taux de malnutrition «alarmant». Une famine jugée comme «une honte pour l’humanité». Une faim qui ne doit pas être utilisée comme «une arme de guerre».

Ces dernières 24 heures, nombreuses ont été les réactions face au constat de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la prise de parole du chef de l’ONU, António Guterres, sur la situation catastrophique vécue par les habitants de la bande de Gaza.

«C’est une enclave fermée où des gens meurent littéralement de faim», s’est ému Patrick Bosch, porte-parole du Mouvement pour Gaza Luxembourg. Depuis le mois de mars, un blocus total a été imposé par Israël sur Gaza, entraînant de graves pénuries de nourriture, médicaments et carburants.

Si une levée partielle a été effectuée ce lundi, avec l’acheminement de premières cargaisons d’aide humanitaire, cela ne suffit toujours pas pour le Luxembourgeois.

«C’est simplement de l’hypocrisie de la part d’Israël. C’est maintenir sous perfusion un peuple tout en continuant de leur larguer des bombes. C’est uniquement pour faire taire les critiques internationales, qui devenaient peut-être trop insoutenables», estime-t-il.

Des actions plutôt que des mots : voilà ce que réclament les associations luxembourgeoises.

La pression internationale sur Israël s’intensifie en effet dernièrement pour mettre un terme à la guerre. L’ONU, poussée par la France et l’Arabie saoudite, se penche depuis aujourd’hui sur l’avenir menacé de la solution à deux États, israélien et palestinien. Une conférence internationale à laquelle participe le Luxembourg, représenté par le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, mais qui ne suscite pas vraiment d’espoir du côté des organisations humanitaires.

«Nous n’attendons pas particulièrement grand-chose de cette réunion», admet Patrick Bosch, qui pose ses conditions : «Nous, nous voulons trois choses : que le blocus soit brisé, que les combats s’arrêtent et que les coupables soient punis. La manière de le faire, ce n’est pas à nous de la dicter, c’est de la politique».

Des «images intolérables de souffrance»

Des actions plutôt que des paroles donc, voilà ce que réclame le groupe luxembourgeois, rejoint dans sa lutte par le «Collectives4Palestine», qui organise, tout au long de la semaine, des manifestations sur la place Hamilius, en plein cœur de la capitale.

Tous les soirs, de 17 h 30 à 19 h, des manifestants sont ainsi invités à se rejoindre pour frapper sur des casseroles, une forme traditionnelle de protestation connue pour «exprimer la frustration lorsque les mots seuls ne suffisent pas», souligne l’association. Leur message est double : condamner les actions d’Israël à Gaza et exprimer leur «profonde déception» face au «silence» et «l’inaction» du gouvernement luxembourgeois.

Les manifestants taperont sur des casseroles tous les soirs de cette semaine.

«Il faut agir, boycotter, mettre la pression. Nous l’avons fait en un claquement de doigts pour la Russie. Il faut montrer du respect envers nos propres règles et devoirs constitutionnels», appuie Patrick Bosch, citant l’article 2 de la Constitution luxembourgeoise sur les «respect des droits de l’homme» : «Nous sommes face à des images intolérables de souffrance, ce n’est pas le moment d’être frileux».

Face à cette situation, et alors que cinq Luxembourgeois avaient déjà tenté d’apporter de l’aide à Gaza en juin dernier avant de se faire arrêter en Égypte, une nouvelle mobilisation similaire va se tenir à la fin du mois d’août. Le «Global Movement to Gaza» s’associe ainsi à la «Global Sumud Flotilla» pour une opération cette fois-ci… en mer.

Une initiative citoyenne qui vise à organiser un large convoi de bateaux chargés d’aide humanitaire, avec la ferme intention de briser le blocus imposé à la bande de Gaza. «Nous voulons une entrée inconditionnelle, totale, dans le territoire», martèle Patrick Bosch.

Un voyage symbolique

Une «trentaine» de bateaux sont déjà assurés de partir depuis plusieurs pays (Malaisie, France, Espace, Italie, Libye, Algérie, etc.) et le collectif luxembourgeois veut définitivement en faire partie. «Nous sommes à la recherche de volontaires pour nous soutenir, nous aider, en faisant des dons notamment, mais aussi pour participer au voyage», souligne le Luxembourgeois.

Un périple d’une dizaine de jours, sur des longs voiliers de 25 mètres de long pouvant accueillir 10 à 15 personnes chacune. Une opération similaire à celle effectuée par Greta Thunberg et d’autres personnalités en juin dernier. «Nous savons bien que cette aide ne va pas changer radicalement leur situation, mais c’est symbolique. Cela donne de l’espoir aux Palestiniens, et peut être un levier de pression supplémentaire».

L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, a averti qu’il fallait au moins 500 à 600 camions de nourriture, de médicaments et de produits d’hygiène chaque jour pour subvenir aux besoins de la population de Gaza.

Israël, qui contrôle tous les accès, nie tout blocage de l’aide, accusant le mouvement islamiste palestinien Hamas de piller les cargaisons et les organisations humanitaires de ne pas les distribuer. Mais ces organisations affirment qu’Israël impose des restrictions excessives qui les empêchent de travailler.

Quelque 2,4 millions de Palestiniens sont assiégés depuis le début de la guerre qui a fait près de 60 000 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU. Elle a été déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

Plus d’informations sur globalsumudflotilla.org