Du commerce au retour de la Russie dans le club, Donald Trump a défié vendredi ses alliés du G7 au Canada mais, sourires et accolades à l’appui, tous ont voulu donner l’image d’une franche explication entre amis.
Les dirigeants passent vendredi et une partie de samedi dans un manoir de la petite ville de La Malbaie, au Québec, leur première confrontation à sept depuis l’imposition par Washington de tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium étrangers. Le président américain a strictement respecté le protocole du sommet, même s’il le quittera samedi quelques heures avant les autres dirigeants pour rallier Singapour où se déroulera le 12 juin son sommet historique avec Kim Jong Un, sa priorité affichée depuis des semaines.
Il a participé avec le sourire à la traditionnelle photo de famille et on l’a vu bavarder avec les autres dirigeants, dont Angela Merkel, et le nouveau président du Conseil italien Giuseppe Conte, qu’il a félicité pour sa « grande victoire ». Aux côtés de Justin Trudeau, il a affirmé –contre toute évidence– que la relation américano-canadienne n’avait « jamais été aussi bonne » et qu’il pensait que les sept se mettraient d’accord sur un communiqué conjoint, sans donner aucune indication spécifique sur un éventuel terrain d’entente.
Même ton positif et mêmes propos vagues lors du tête-à-tête avec Emmanuel Macron. « Les choses avancent dans ce G7 », a affirmé le président français, se félicitant que le dialogue ne soit pas rompu. « C’est mon ami », a dit Donald Trump, qui a là encore promis un mystérieux résultat « positif ».
Pas de G8 avec la Russie
Le sujet de la Russie n’a pas été évoqué, selon lui, alors qu’il avait enflammé le début du sommet. Donald Trump avait jeté un pavé dans la mare en proposant, le matin depuis Washington, de réintégrer la Russie à ce groupe dont elle avait été exclue en 2014 après l’annexion de la Crimée.
« Ils ont expulsé la Russie, ils devraient réintégrer la Russie. Parce que nous devrions avoir la Russie à la table des négociations », a déclaré Donald Trump, fidèle à sa position selon laquelle Moscou ne peut être simplement ignoré dans les grands dossiers internationaux. Mais rapidement, les Européens ont enterré l’idée. « Un retour de la Russie dans le format G7 n’est pas possible tant que nous ne verrons pas de progrès substantiels en relation avec le problème ukrainien », a déclaré Angela Merkel.
Même le chef du gouvernement populiste italien, favorable à un rapprochement avec la Russie, a approuvé cette position commune. Un haut responsable de la Maison Blanche a finalement expliqué que la suggestion du président américain « n’était pas prévue »… et que les diplomates américains n’en faisaient pas un sujet de discussion avec leurs homologues.
Compromis en vue sur le commerce ?
Les questions de libre-échange sont bien, quant à elles, à l’ordre du jour, et représentent le vrai point d’achoppement du sommet.
La séance de travail collective sur le sujet s’est déroulée comme prévu. Donald Trump a retourné l’accusation de protectionnisme contre l’Union européenne et le Canada, sur les produits laitiers, l’agriculture ou les barrières non-tarifaires auxquels se heurteraient les produits américains, dénonçant à nouveau des échanges « inéquitables ».
Selon l’Elysée et une autre source ayant suivi la séance, les six ont alors réfuté les chiffres de Donald Trump, et donné des exemples de marchés américains où les Européens ne pouvaient pas librement entrer, comme les marchés publics. Les six leaders veulent éviter une guerre commerciale et convaincre le locataire de la Maison Blanche que les tarifs nuiront in fine à l’économie des Etats-Unis et à la croissance mondiale.
Mais Donald Trump entend les forcer à importer plus de produits Made in America, comme il tente de le faire en ce moment individuellement avec la Chine, le Mexique et le Japon.
C’est sur un langage commun que négocieront les dirigeants jusqu’à la fin du sommet. Une issue, proposée selon l’Elysée par la chancelière allemande, consisterait à lancer un « dialogue » entre Etats-Unis et UE afin de résoudre le conflit sur l’acier et l’aluminium, et en éviter un dans d’autres secteurs comme l’automobile.
AFP