À l’occasion du G7 Environnement, mairie et préfecture en font des tonnes pour verdir l’image de Metz, quitte à diffuser de fausses informations et des demi-vérités.
On l’appelle la Ville Jardin. Un surnom bien à propos tant les espaces verts, les parcs et les arbres magnifient le paysage urbain de la capitale lorraine. Un atout qui doit beaucoup à l’action du botaniste Jean-Marie Pelt, lorsqu’il était adjoint au maire de Metz et pionnier du concept d’écologie urbaine dans les années 70. C’est en partie grâce à cela que la ville sera l’hôte du G7 Environnement réunissant dimanche et lundi les ministres de l’Environnement de sept pays parmi les plus riches de la planète (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni).
Si l’on se fie au ministre français de la Transition écologique et solidaire, Metz a d’autres atouts écologiques à faire valoir. «Ses engagements en font une excellente ambassadrice de la mobilisation française face aux défis du dérèglement climatique et de l’érosion de la biodiversité», dit François de Rugy, selon un document diffusé aux médias le 25 avril par la préfecture de la Moselle, la municipalité et la communauté d’agglomération dans la perspective du G7.
Ce dossier de presse, en partie consultable sur le site internet de la préfecture, comprend cependant quelques énormités et ambiguïtés dans le but évident de verdir l’image d’une ville qui accueillera foule de journalistes pour le sommet des pays industrialisés.
Le Mettis victime d’un coup de com
Première victime de ce coup de com : les transports publics. Metz «a réinventé son réseau de transport en commun autour du développement du tramway», indique le document (voir ci-dessous). Et là, on a beau arpenter les rues messines : point de tramways ni de rails pour les guider. Mais des lignes de bus à haut niveau de service, le Mettis, un réseau en site propre dont les véhicules équipés de moteurs hybrides carburent à l’électricité et au… diesel. Pas vraiment folichon en termes de rejets de particules fines dans une agglomération déjà traversée par une autoroute et fréquemment placée en alerte pollution à l’oxyde d’azote.
«Le tramway, c’est une erreur… elle a été rectifiée sur notre site internet», concède le service communication de la préfecture. Dont acte. Mais le dossier fourni aux médias révèlent d’autres incongruités, comme ces parcs éoliens et ou cette centrale photovoltaïque que l’on peine à situer dans les environs immédiats de Metz. «Interrogez la mairie à ce sujet», répond cette fois notre interlocutrice de la préfecture.
Un peu hésitant, le service de la communication de la Ville précise leur localisation : les parcs éoliens sont situés l’un à Bambesch, près de Faulquemont, à 35 km de Metz, et l’autre à Allondrelle-la-Malmaison, près de Longwy, à quelque 70 km de la métropole mosellane. Et les panneaux solaires ? Ils sont à Fare-les-Oliviers, à côté de… Marseille, à plus de 700 km de Metz. Voilà qui élargit l’horizon de la cité. Mais s’explique.
Ces centrales sont exploitées par Ernergreen, une filiale de l’UEM (Usine d’électricité de Metz), régie municipale fondée en 1901, devenue société d’économie mixte en 2008. Détenue à 85 % par la ville et à 15 % par l’Etat, c’est elle, et non l’EDF, qui fournit électricité et chauffage urbain aux Messins. Avec ses éoliennes et sa lointaine centrale photovoltaïque, l’UEM réduit effectivement ses émissions de gaz à effet de serre.
Mais en creux, le dossier de presse du G7 laisse croire que ces équipements sont situés à Metz. Ce petit arrangement avec la réalité permet aussi à la Ville de comptabiliser leurs coûts de réalisation de 77 millions d’euros dans les 131 millions investis entre 2011 et 2014 dans la production d’énergies renouvelables. Ces dépenses ne bénéficient donc pas intégralement aux Messins.
Bois, déchets, gaz et charbons
Cela dit, depuis dix ans et la signature de la Convention européenne des maires pour l’énergie durable, Metz affiche une politique ambitieuse en matière de transition. Elle vise 43% d’énergie renouvelable dans sa consommation dès l’an prochain, dont une partie sera achetée à des fournisseurs extérieurs.
Pour y parvenir, l’UEM a aussi mis en service en 2013 une unité de cogénération biomasse fonctionnant au bois. Elle vient compléter la production de la centrale de Chambières, jusque-là exclusivement alimentée en gaz, charbon et déchets ménagers. Cette technologie est néanmoins sujette à polémique, des experts considérant qu’elle présente une menace pour les forêts locales en raison de sa voracité en bois.
Quoi qu’il en soit, la Ville a commencé à réduire ses émissions annuelles de CO2. Les énergies renouvelables pèsent désormais pour 50 % dans la capacité de production totale d’energie de l’UEM, l’autre moitié provenant de la centrale thermique de Metz-Est alimentée au gaz naturel et au charbon, combustibles hautement polluants.
François de Rugy a bien raison : Metz est «une excellente ambassadrice de la mobilisation française» contre le changement climatique et la disparition des espèces. Pour verdir son image aussi.
Fabien Grasser
Et EELV Metz s’était fendu d’un petit communiqué en vidéo dans la même veine que cet article https://www.facebook.com/eelvmetz/videos/1994787017487907/