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Fusillade de Villerupt : mise en examen du suspect, arrivée de 63 gendarmes


Soixante-trois gendarmes ont débarqué mercredi à Villerupt. (photo Le RL/Fred Lecocq)

L’auteur présumé de la fusillade de Villerupt, qui a fait cinq blessés dont trois graves samedi, a été mis en examen pour tentative d’assassinat mercredi et écroué, alors que des renforts de la gendarmerie sont arrivés dans la petite ville de Meurthe-et-Moselle.

Le suspect a été mis en examen pour tentative d’assassinat, recel de vol, destruction par moyen dangereux et menace de mort avant d’être placé en détention provisoire, a précisé le procureur de la République de Nancy, François Capin-Dulhoste.

L’auteur présumé de la fusillade est un délinquant multirécidiviste au lourd passé judiciaire : depuis 2001, cet homme âgé de 38 ans a été condamné à 30 reprises à des peines de prison ferme, et quatre fois à des peines mixtes (peine d’emprisonnement ferme et partie assortie d’un sursis probatoire), principalement pour des faits de vols et de violences, ainsi que pour des délits routiers, a ajouté le procureur.

Il avait été libéré le 6 avril après avoir purgé deux peines de six et douze mois de prison pour refus d’obtempérer, violences aggravées et vol en récidive.

 « Continuum de sécurité » 

Mercredi, 63 gendarmes sont arrivés dans la petite ville proche des frontières luxembourgeoise et belge pour prêter main forte « jusqu’à la fin de la semaine » aux agents locaux, a annoncé sur place le préfet de Meurthe-et-Moselle, Arnaud Cochet. Ils vont patrouiller dans Villerupt, notamment sur des points de deal, ainsi que dans « des communes voisines sur lesquelles on peut avoir des phénomènes similaires », a-t-il ajouté.

Ces renforts s’ajoutent à ceux annoncés la semaine dernière, avec l’arrivée espérée en septembre sur le secteur de Longwy-Villerupt de 11 policiers, a poursuivi Arnaud Cochet, évoquant également la présentation prochaine d’un « plan d’action » afin d’assurer « à l’année un continuum de sécurité sur le territoire ».

« Ces (11) mutations avaient déjà été annoncées début mai par le ministère de l’Intérieur, cela ne représente pas un effort particulier », a réagi David Ghisleri, responsable régional du syndicat Alliance. L’enjeu, selon lui, « c’est de réussir à fidéliser les effectifs, à rendre le territoire attractif (…) Jusqu’ici, les agents qui arrivent des quatre coins de la France, une fois qu’ils ont fait leur temps, ils n’ont qu’une seule envie, c’est de repartir », a-t-il ajouté.

« Je n’ai jamais vu autant de police à Villerupt : ça patrouille à tout va depuis le drame. Mais quand ils seront tous partis qu’est-ce qui va se passer ? », s’interroge quant à lui le maire, Pierre Spizak. « C’est bien qu’il y ait une réponse à l’instant T, ça va rassurer les gens. Mais nous, ce qu’on veut, c’est que ces renforts restent dans le temps ! »

Les élus locaux ont affirmé avoir demandé de longue date des effectifs de police et de gendarmerie supplémentaires pour faire face au développement du trafic de stupéfiants, favorisé par la proximité immédiate de la Belgique et du Luxembourg.

« Humiliation et vengeance » 

Sur place, une escalade de la violence entre bandes rivales avait fait l’objet de plusieurs signalements récents par les autorités. La fusillade pourrait avoir été conduite en représailles à l’humiliation récente d’un membre de la fratrie du suspect, filmée et diffusée sur des réseaux sociaux, selon une source proche du dossier.

« Pas un citoyen de Villerupt n’est surpris de ce qui s’est passé. J’ai prévenu les autorités que ça allait péter, ça aurait pu être évité. Ce n’est pas à moi d’assumer des choses pour lesquelles j’ai tiré la sonnette d’alarme. C’est l’État qui est responsable », a insisté Pierre Spizak.

La fusillade a fait cinq blessés dont trois graves, mais leurs pronostics vitaux ne sont plus engagés. La mère d’un des jeunes, touché d’une balle dans la tête, a confirmé que son fils allait mieux: « Ils vont le faire sortir du coma », a-t-elle précisé.

Une habitante de l’immeuble où se sont passé les faits rappelle qu’une « pétition a été signée il y a plusieurs mois par tout le bâtiment, pour demander à ce que les trafics cessent en bas de l’immeuble ».