L’auteur présumé de la fusillade de Villerupt, qui a fait cinq blessés dont trois graves samedi, devait être présenté mercredi à un juge, pendant que dans la petite ville de Meurthe-et-Moselle des renforts de police étaient attendus.
« A l’issue de sa garde à vue, la personne soupçonnée d’être l’auteur de la fusillade (…) a été déférée ce matin au parquet de Nancy », a déclaré dans un communiqué le procureur de la République, François Capin-Dulhoste.
Une information judiciaire a été ouverte à son encontre pour « tentatives d’assassinat », « recel de bien provenant d’un vol et destruction du bien d’autrui » pour l’utilisation et l’incendie du véhicule ayant permis la fuite, et « menace de mort » à l’égard du conducteur d’un scooter.
Le suspect doit être présenté à un juge d’instruction en vue de sa mise en examen. « Compte tenu du trouble exceptionnel et persistant à l’ordre public » et du risque de « renouvellement » des faits, « eu égard aux nombreux antécédents » mentionnés au casier judiciaire du suspect, le parquet va réclamer « son placement en détention provisoire ».
Dans la petite ville proche des frontières luxembourgeoise et belge, la police est plus visible depuis la fusillade du week-end passé, et une soixantaine de gendarmes doivent venir prêter main forte aux agents locaux, mais durant trois jours seulement. Toutefois, mercredi en début d’après-midi ils n’étaient toujours pas arrivés.
« Humiliation et vengeance »
« Je n’ai jamais vu autant de police à Villerupt : ça patrouille à tout va depuis le drame. Mais quand ils seront tous partis, qu’est-ce qui va se passer ? », s’interroge le maire, Pierre Spizak. « C’est bien qu’il y ait une réponse à l’instant T, ça va rassurer les gens. Mais nous, ce qu’on veut, c’est que ces renforts restent dans le temps ! »
Les élus locaux ont affirmé avoir demandé de longue date des effectifs de police et de gendarmerie supplémentaires pour faire face au développement du trafic de stupéfiants, favorisés selon eux par la proximité immédiate de la Belgique et du Luxembourg.
Sur place, une escalade de la violence entre bandes rivales avait fait l’objet de plusieurs signalements récents par les autorités. La fusillade pourrait avoir été conduite en représailles à l’humiliation récente subie par un membre de la fratrie du suspect, filmée et diffusée sur des réseaux sociaux, selon une source proche du dossier.
« C’est une histoire d’humiliation et de vengeance », a repris Spizak. « Pas un citoyen de Villerupt n’est surpris de ce qui s’est passé. J’ai prévenu les autorités que ça allait péter, ça aurait pu être évité. Ce n’est pas à moi d’assumer des choses pour lesquelles j’ai tiré la sonnette d’alarme. C’est l’État qui est responsable », a-t-il insisté.
« Climat d’insécurité »
La fusillade a fait cinq blessés dont trois graves, mais leurs pronostics vitaux ne sont plus engagés.
La mère d’un des jeunes, touché d’une balle dans la tête, a confirmé que son fils allait mieux : « Ils vont le faire sortir du coma », a-t-elle précisé.
Une habitante de l’immeuble où se sont passé les faits rappelle qu’une « pétition a été signée il y a plusieurs mois par tout le bâtiment, pour demander à ce que les trafics cessent en bas de l’immeuble ». Une autre, qui ne souhaite pas non plus donner son nom, explique que sa petite fille a peur, qu’elle a été obligée de retourner sur les lieux pour lui montrer qu’il n’y avait plus rien à craindre.
Le patron du PMU qui donne sur la place évoque quant à lui le « climat d’insécurité qui règne depuis samedi. Les gens ont peur. Les commerces sont fermés pour la plupart ».
Un commerçant près du porche où s’est déroulée la fusillade constate en tout cas que pour l’heure « les voitures de dealers ont déserté le point de deal, il n’y a plus de mecs en cagoule qui traînent ».