Le Mouvement écologique (Meco) pointe de nombreux dysfonctionnements dans les appels d’offres du ministère pour les fruits à l’école.
C’est presque une tradition pour le Mouvement écologique (Meco). Pour la dix-septième année consécutive, il pointe les choix du gouvernement dans les appels d’offres pour les fruits et légumes à l’école. Pourtant, tout commence plutôt bien avec l’ambition de Restopolis, l’administration du ministère de l’Éducation nationale responsable de la restauration scolaire, de promouvoir les produits biologiques régionaux au sein des établissements scolaires. Ces fruits et légumes «sont considérés comme une priorité absolue dans les appels d’offres. Ces critères sont même plus importants que le prix !», précise le Mouvement écologique dans un communiqué publié ce lundi.
D’après les chiffres du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Viticulture, 32 % des fruits et légumes achetés proviennent désormais de l’agriculture biologique. Mais en y regardant de plus près, le Meco pointe le fait que «ces 32 % proviennent exclusivement de bananes et de carottes» et dénonce que d’autres produits tels que, par exemple les pommes, ne sont pas choisis «car ils contiennent presque toujours des résidus de nombreux pesticides différents». Des dires appuyés par les analyses de l’administration luxembourgeoise Vétérinaire et Alimentaire (ALVA).
Il conclut en appuyant que «le ministère de l’Agriculture manque une nouvelle fois gravement à ses obligations envers la santé des enfants, l’agriculture biologique et l’agriculture durable, et accuse un retard considérable sur Restopolis».
Les réponses du ministère
Cette année, le ministère a pris les devants face à ces critiques récurrentes en publiant une liste de contre-arguments à ce que lui reproche le Mouvement écologique. Il s’y vante d’une hausse notable de la quantité de fruits et légumes régionaux, ceux-ci représentant un tiers des produits distribués. Il ajoute «qu’une augmentation significative du pourcentage de produits biologiques pourrait s’avérer contreproductive, dans la mesure où cela impliquerait un recours accru aux importations de produits biologiques étrangers, au détriment de la valorisation des productions locales».
Aussi, il rappelle tous les fruits et légumes, de l’agriculture biologique ou de la production conventionnelle sont contrôlés régulièrement par l’ALVA avec, à la clé, des résultats positifs. Le ministère note également qu’il a recours à un nombre restreint de fournisseurs (sept lots) afin de limiter l’effort administratif pour la gestion et les contrôles fournisseurs. Enfin, il souligne le fait que «le programme de fruits à l’école avec des contrats annuels n’est pas un moyen de choix pour initier de nouvelles productions fruitières pérennes».
Le Meco liste ses propositions
Dans cette partie de ping-pong, le Mouvement écologique fournit une dernière réponse dans laquelle il contre-attaque sur chaque argument du ministère. «Il est important que le Luxembourg importe des produits biologiques en provenance des pays du Sud (et encourage ainsi leurs agriculteurs à produire des produits biologiques). Cependant, parmi les produits locaux, qui représentent la plus grande partie de l’offre, seules les carottes doivent être issues de l’agriculture biologique. Pourquoi pas les pommes, les poires… ? Pourquoi le ministère de l’Agriculture part du principe que les agriculteurs des pays du Sud doivent respecter des critères biologiques, mais non pas les agriculteurs de notre pays, reste un mystère».
À l’inverse de ce qu’affirme le ministère, le Meco pense qu’il est nécessaire que le programme de distribution de fruits à l’école soit un instrument visant à promouvoir les «nouvelles productions fruitières pérennes». Il rappelle également «qu’il convient de faire preuve de prudence en ce qui concerne l’interaction des résidus de pesticides et l’effet cumulatif de certaines substances actives. En particulier, lorsqu’il s’agit de la santé de groupes sensibles, il devrait aller de soi que l’on recoure à des aliments SANS résidus de pesticides».
Il interroge l’affirmation du ministère de limiter le nombre de fournisseurs pour garantir un bon effort administratif dans la gestion et les contrôles fournisseurs. «Il est grand temps que le ministère de l’Agriculture encourage activement de telles associations et ne se contente pas de dire aux agriculteurs : « Vous pouvez le faire si vous le souhaitez »».
Enfin, le Mouvement écologique souhaite que le Luxembourg s’active davantage au niveau européen pour agir sur le fait que le prix soit déterminant à 50% dans le programme de distribution de fruits dans les écoles, un programme cofinancé à 50% par l’UE. «Le Luxembourg dépend-il vraiment de la contribution de l’UE si, en contrepartie, cela permet de promouvoir la biodiversité au Luxembourg, la santé des enfants et l’agriculture biologique ?»