L’impact de la grève de la SNCF sur le trafic routier est notoire en Lorraine et a fortiori, à la frontière avec le Luxembourg.
Sur l’axe du sillon lorrain (Thionville-Metz), plus de 10 000 usagers se retrouvent privés de train ou du moins, avec des départs au compte-goutte : une dizaine de trains le matin entre 6h et 9h, un cadencement beaucoup moins rythmé que d’habitude. De nombreux frontaliers se retrouvent ainsi sur la route. Ou malgré les initiatives de covoiturage (Twitter : #CovoitMetzLux), le trafic est dense et pénible.
Même pour les travailleurs qui s’arrangent pour partir en dehors des heures de pointe (l’autre feinte du moment si l’entreprise le permet), la route est chargée. La A31 (vers Bettembourg) bien sûr. Mais de façon beaucoup plus inhabituelle, l’A30 (vers Audun-Esch-Belgique) aussi. Ainsi ce mercredi matin, même après 8h45, on comptait de nombreux points de ralentissement : Richemont, patte d’oie de séparation entre l’A30 et l’A31, entrée du tunnel de Neuchef-Hayange ou encore entrée dans Audun-le-Tiche.
Les habitués de l’A31 tentent l’A30
De nombreux automobilistes habitués de l’A31 tentent la déviation par Audun-le-Tiche avec la grève, et le contournement de Belval pour reprendre l’A4 vers Luxembourg ensuite. Ce qui n’aide pas à résoudre le congestionnement sur la route RD16, entre l’A30 et Audun-le-Tiche. L’axe, l’un des plus dangereux de Moselle en termes d’accidents mortels, a déjà considérablement gagné en trafic depuis l’ouverture du contournement de Belval (+30%, selon des comptages réalisés fin 2017, par rapport à 2015). C’est dire si ce nouvel afflux ponctuel n’est pas le bienvenu. Les nerfs des habitants d’Audun-le-Tiche vont être mis à rude épreuve, puisqu’il faut bien traverser un tronçon de la commune (jusqu’au magasin de bricolage) avant de rejoindre le contournement.
Autre point dangereux, l’entrée du tunnel de Neufchef-Hayange : le resserrement sur une voie et la montée abrupte met les camions en difficulté, et donc les automobilistes qui craignent de doubler en se lançant franchement. D’autant que l’aire d’autoroute à la sortie de la montée, qui jadis permettait aux camions les plus en peine de se stopper, est désormais fermée.
Ce trafic pénible est parti pour durer pendant trois mois, à raison de deux jours de grève flottant annoncés sur le rail par semaine, pour défendre le statut des cheminots et un service public de proximité, disent les syndicats.
Vision d’avenir…
Ce trafic donne un aperçu de ce qui pourrait se passer lors des travaux de mise en trois voies de l’A3 (prolongement luxembourgeois de l’A31) : les travaux doivent démarrer cette année, mais pourraient être décalés en 2019 pour peaufiner les études. Le chantier doit durer cinq ans. Doit-on craindre un report de circulation similaire de l’A31 à l’A30?
Ce trafic donne enfin une petite idée de ce qui attend la Lorraine et le Luxembourg avec une augmentation du flux frontalier exponentielle d’ici 2035 (70 000 frontaliers en plus des 190 000 actuels, toutes origines confondues, dont plus de 50% viendront de Lorraine), et des moyens annoncés d’ici 2028 avec la France qui permettront à peine d’encaisser les nouveaux arrivants, comme l’avait estimé le responsable du dossier transport à l’Agglomération de Thionville. Reste à croiser les doigts pour un engouement puissant en faveur de la nouvelle application de covoiturage luxembourgeoise attendue ce mois-ci. Un engouement plus puissant que Twitter, donc.
Pour revenir à l’actualité, les prochaines grèves perlées sont annoncées comme suit : dimanche 8 avril et lundi 9 avril, puis vendredi 13 et samedi 14 avril. Sachant, comme nous l’expliquait le président de l’association des usagers du TER (AVTERML) Henry Delescaut, qu’une grève «commence la veille vers 18 heures et se fait ressentir jusqu’au lendemain pour une reprise optimale».
Hubert Gamelon.