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Frontaliers : des travailleurs de plus en plus précieux pour le Luxembourg


Les frontaliers étrangers constituent 44% du nombre de postes créés entre 2019 et 2024 (Photo d'illustration : Editpress)

Ces dernières années, les tendances qui portent les travailleurs frontaliers ont évolués. Plus nombreux et moins touchés par les crises, ces derniers occupent une place de plus en plus large et solide au sein du marché de l’emploi au Luxembourg.

Selon les chiffres de l’Inspection Générale de la Sécurité Sociale (IGSS), durant les cinq dernières années, les frontaliers ont représenté 53% du total des créations nettes d’emplois. Là où les résidents de nationalités luxembourgeoises n’ont compté « que » pour 23% de ces créations. Plus précisément, les frontaliers étrangers constituent 44% du nombre de postes créés et les frontaliers de nationalité luxembourgeoise, près d’un emploi sur dix.

C’est un partant de ces données que la Fondation Idea publie, ce mardi 12 novembre, un décryptage du recours au travail frontalier au Luxembourg entre 2009 et 2024, une période marquée par un fort ralentissement des créations d’emplois. Ces travailleurs représentent-ils une variable d’ajustement ? Comment évoluent-ils dans les secteurs en souffrance ? Leur nombre est-il toujours en progression ? À travers plusieurs angles, l’asbl donne à voir un tour d’horizon complet de la situation des frontaliers au sein de l’économie luxembourgeoise.

Les frontaliers changent de rôle

Par le passé, notamment lors de la crise des subprimes en 2009 et de la crise de la zone euro entre 2012 et 2013, les travailleurs frontaliers avaient servi de véritables variables d’ajustement sur le marché de l’emploi. Dans son analyse, la Fondation Idea note que ce schéma ne s’est pas répété lors de la pandémie de Covid entre 2020 et 2021. « Dès la reprise de l’activité au moment du déconfinement, le taux de recours aux frontaliers a très rapidement flirté avec les 60% », souligne l’asbl. Mieux encore, alors que le marché du travail tournait au ralenti en 2022, la part des frontaliers dans la création nette d’emplois salariés était de 51%.

Cette tendance se confirme entre 2023 et 2024. La Fondation Idea a passé au crible les secteurs de la construction, de l’industrie et du commerce, soit les trois secteurs qui ont vu l’emploi salarié reculer durant cette période. Au total, près de 4000 emplois ont été supprimés dans ces trois branches. En première ligne dans ce retournement de conjoncture, on retrouve les résidents étrangers. Ces derniers représentent 54% du recul de l’emploi, « alors qu’ils pèsent moins du quart des emplois de ces trois secteurs ».

Plus surprenant, « la part des résidents de nationalité luxembourgeoise dans le recul net de l’emploi (18%) excède la part des frontaliers au sein de ces trois secteurs (13%) ».  Surreprésentés dans les secteurs d’activités les plus touchés, les travailleurs frontaliers n’ont pourtant été que très peu affectés par cette phase de ralentissement du marché du travail. Leur nombre a même progressé dans le secteur du commerce.

La Fondation Idea avance plusieurs hypothèses pour expliquer ce phénomène : « un niveau d’ancienneté moyen plus élevé parmi les travailleurs frontaliers qu’au sein des salariés résidents étrangers » ou  » des départs prématurés de néo-immigrés à la suite du retournement de conjoncture » ou enfin « des déménagements de résidents actifs dans ces secteurs en raison des difficultés à se loger, ces derniers devenant des néo-frontaliers ».

Plus nombreux dans les secteurs porteurs

Si les travailleurs frontaliers se portent bien au sein des secteurs en difficulté, qu’en est-il dans les secteurs qui se démarquent par leur évolution positive ?  Ceux-ci sont représentés par l’Horeca, les TIC et l’administration publique et santé. Là encore, la contribution des frontaliers continue de progresser. La Fondation Idea indique « qu’alors qu’ils représentent 30% de l’emploi dans ce groupe de quatre secteurs, ils ont compté pour l’équivalent de 44% des créations nettes d’emploi sur un an ». La contribution des frontaliers à l’offre de travail luxembourgeois ne cesse de progresser dans ces secteurs en demande de main d’œuvre.

La Lorraine, principale zone de recrutement

La Lorraine constitue le secteur de recrutement le plus dynamique du marché luxembourgeois. Entre 2019 et 2024, sur les 51 000 salariés supplémentaires que compte le Luxembourg, 19 700 sont des Français. Rien qu’entre le deuxième trimestre 2023 et le deuxième trimestre 2024, les salariés résidents en France représentent 51% des créations nettes d’emplois du Grand-Duché.

La tendance n’est pas la même en Belgique et en Allemagne. Depuis 2023, le nombre de salariés résidants dans ces pays est au point mort et a même connu un léger recul au deuxième trimestre 2024 (-0,3% pour les frontaliers en provenance d’Allemagne et -0,1% pour les résidents de Belgique).

Dernier point, la Fondation Idea note qu’à ce jour, on dénombre 14 700 « frontaliers atypiques ». Ils n’étaient que 10 000 en 2019. C’est en France que leur progression est la plus rapide.