Accueil | A la Une | Frieden : «Nous devons produire un effort de guerre»

Frieden : «Nous devons produire un effort de guerre»


Luc Frieden a chaleureusement salué, jeudi à Bruxelles, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. 

Le Premier ministre, Luc Frieden, salue le feu vert accordé au plan de réarmement de l’UE, chiffré à 800 milliards d’euros. L’Ukraine va bénéficier d’une nouvelle aide de 30,6 milliards d’euros.

Le refus de la Hongrie d’adopter les conclusions sur l’Ukraine ne doit pas ternir les résultats du sommet européen extraordinaire, qui s’est tenu jeudi à Bruxelles. «Le plus important est le maintien d’un large soutien pour l’Ukraine afin d’obtenir une paix durable. Il ne faut pas s’arrêter à un pays isolé. Ce sont 26 États membres qui ont envoyé un signal fort», souligne le Premier ministre, Luc Frieden, au moment de tirer le bilan des tractations.

Il estime que «chacun reconnaît la gravité de la situation» dans laquelle se trouve aujourd’hui l’Europe, confrontée d’un côté au «danger» qui émane de la Russie, et de l’autre de l’incertitude sur «la politique et la stratégie de la nouvelle administration américaine par rapport à l’UE et l’Ukraine». Dans les «grandes lignes», l’unité entre les Vingt-Sept serait donc donnée. «Je pense avoir compris que la Hongrie ne s’est pas positionnée contre l’Ukraine, mais défend une autre position pour résoudre le problème», avance Luc Frieden.

«Nous voulons une paix durable, pas uniquement un cessez-le-feu. Une paix fragile qui pourrait être brisée du jour au lendemain n’est pas dans l’intérêt de l’Europe. D’où la grande complication pour trouver une solution», reprend le Premier ministre. Les chefs d’État et de gouvernement se sont penchés jeudi sur des garanties de sécurité que l’UE pourrait fournir. «Les discussions doivent encore se concrétiser. L’Ukraine se trouve sur notre continent et partage des frontières avec plein de pays de l’UE. Dans les faits, nous avons parlé toute la journée de la sécurité du Luxembourg et de l’UE dans son ensemble. L’objectif est d’assurer durablement la paix, la liberté et la sécurité en Europe», développe Luc Frieden.

«Pas de négociations sans l’Ukraine»

Malgré le veto du Premier ministre hongrois Viktor Orban, il est souligné dans les conclusions du sommet que «l’Union européenne continuera d’apporter à l’Ukraine un soutien financier régulier et prévisible». Pour cette année, il est prévu de fournir à Kiev une enveloppe de 30,6 milliards d’euros. Les 26 pays ayant adopté le texte final insistent en outre sur l’importance qu’il «ne peut y avoir de négociations sur l’Ukraine sans l’Ukraine» et qu’il «ne peut y avoir de négociations affectant la sécurité européenne sans la participation de l’Europe».

«Il a été très utile que le président Zelensky était présent en personne pour donner sa vision de la situation sur le terrain. Cela a permis un échange très intense. Je pense aussi qu’il a été très content d’être assis à une table à laquelle quasiment chacun a exprimé son fort soutien et sa solidarité, ce qui n’a pas toujours été le cas lors de ses derniers voyages», avance le chef du gouvernement luxembourgeois, en faisant allusion à l’éclat, il y a une semaine, à la Maison-Blanche.

L’unité a par contre prévalu au moment d’accorder le feu vert au plan de réarmement de l’UE, chiffré à 800 milliards d’euros. «À cause de la situation aux États-Unis et le danger qui émane de la Russie, nous devons renforcer notre défense. En même temps, j’ai souligné que nous ne pouvons pas faire de dettes à outrance. Cela risque d’amener de l’instabilité. Mais, à situation exceptionnelle, il faut prendre des mesures exceptionnelles», admet Luc Frieden, qui a longtemps officié comme ministre des Finances.

Le paquet «Rearm Europe» repose sur deux piliers majeurs : la mise à disposition des États membres de quelque 150 milliards d’euros sous forme de prêts et la possibilité d’accroître les dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans le calcul du déficit public des pays, en principe limité à 3 % de leur PIB. «Il s’agit de mesures prises dans un contexte spécifique et limitées dans le temps. Je peux donc très bien vivre avec», affirme le Premier ministre, concluant sur une phrase lourde de sens : «Nous devons produire un effort de guerre».