Le Premier ministre va recevoir ce jeudi les présidents des syndicats agricoles. Provoquée par la grogne dans le secteur, cette réunion vient s’ajouter aux préparatifs du «Landwirtschaftsdësch», fixé au 4 mars.
Lundi, les agriculteurs belges ont mis en place de nouveaux barrages, à la fois à la frontière avec les Pays-Bas, dans la région de Liège, mais aussi le long de la frontière avec la France. Le trafic était notamment fortement perturbé à hauteur de Visé, rapportait la zone de police locale. L’autoroute E25 reliant Maastricht à Liège a été fermée dans les deux sens de circulation. Dans la province de Luxembourg, le blocage du dépôt Lidl, basé à Marche-en-Famenne, a été levé dès dimanche soir. Les supermarchés grand-ducaux de la chaîne allemande devraient donc à nouveau être pleinement fournis.
Ce nouveau déploiement de tracteurs sur des principaux axes routiers reste lié à la montée au front de nombreux agriculteurs européens en raison d’obligations environnementales jugées trop lourdes, du dumping pratiqué sur les importations de produits agricoles en provenance de pays tiers ou encore la trop importante bureaucratie.
Les Luxembourgeois également «énervés»
Ces maux «énervent aussi les agriculteurs luxembourgeois, qui ont peu de compréhension pour les obligations irréalistes imposées par Bruxelles», soit par l’UE, assurent les syndicats FLB (Fédération luxembourgeoise des agriculteurs) et Baueren-Allianz dans un communiqué de presse, diffusé dimanche soir. Ce seraient surtout les exploitations agricoles de petite et moyenne taille qui se retrouveraient plombées par une réglementation trop lourde.
Le 29 janvier dernier, la Centrale paysanne avait déjà tenu des propos similaires dans un communiqué, soulignant sa solidarité avec ses collègues allemands, français et belges, mobilisés depuis plusieurs semaines déjà. «Aucun autre secteur économique en Europe n’est privé aussi brutalement de ses moyens de subsistance», fustigeait le troisième syndicat agricole du Luxembourg.
Pourtant, les agriculteurs grand-ducaux ont décidé d’un commun accord de ne pas organiser des blocages similaires à ceux qui se tiennent dans nos pays voisins. En cause, la volonté du nouveau gouvernement conservateur-libéral d’engager un dialogue plus ouvert et constructif avec le secteur. La ministre de l’Agriculture, Martine Hansen (CSV), a ainsi multiplié ces dernières semaines les entrevues avec l’ensemble des acteurs du secteur agricole. Lundi, elle a rencontré les représentants du secteur porcin.
«Je souhaite être plus proche du secteur agricole et donner la priorité à la simplification administrative afin de laisser respirer les agriculteurs», était citée la successeure de Claude Haagen (LSAP) dans un communiqué publié le 22 janvier. En même temps, la ministre a assuré que toutes les aides financières destinées aux agriculteurs seront maintenues dans leur intégralité. Mieux, elle compte, «afin de permettre une bonne planification de leurs saisons culturales», fournir au secteur un calendrier prévisionnel du versement des aides et des nouvelles primes agroenvironnementales.
Les ministres Hansen et Wilmes également présents
Après avoir vécu de près le blocage de Bruxelles par des agriculteurs venus de plusieurs pays européens jeudi dernier, le Premier ministre, Luc Frieden (CSV), a, lui aussi, pris l’initiative d’apporter des réponses à la grogne dans le secteur. Comme annoncé en marge du sommet européen extraordinaire, le chef du gouvernement va rencontrer dès cette semaine, plus précisément jeudi, les présidents des trois syndicats agricoles du pays au ministère d’État. La ministre de l’Agriculture ainsi que le ministre de l’Environnement, Serge Wilmes (CSV), seront également présents lors de cet échange.
«Il semble avoir compris nos messages», se félicitent la FLB et la Baueren-Allianz dans leur communiqué. Luc Frieden aurait l’intention de «s’informer et de consulter» le secteur, ce que le camp syndical dit «saluer». «On ne va pas hésiter à mettre le doigt dans la plaie», soulignent les deux associations. Ils comptent faire de même lors de la grande réunion nationale du monde agricole, le «Landwirtschaftsdësch», prévue le 4 mars, en présence des ministres Hansen et Wilmes.
Une priorité lors de ce rendez-vous sera de dégager des solutions pour simplifier la construction d’installations agricoles dans les zones vertes, sans toutefois remettre en cause le principe d’une agriculture durable.
En prévision de ces pourparlers, «il serait absurde de mener à ce moment, contrairement à nos collègues belges, français et allemands, des actions de protestation», font encore remarquer la FLB et la Baueren-Allianz. De son côté, la Centrale paysanne exprime son espoir que «politique et agriculture puissent continuer à discuter sur un pied d’égalité». La communication entamée serait «un pas dans la bonne direction». Le syndicat promet de veiller au grain pour que des actions concrètes suivent.