Les conseillers de l’opposition de la Ville d’Esch-sur-Alzette réclamaient les comptes détaillés de l’ASBL frEsch, chargée du plan culture. Une centaine de pages de chiffres bruts sont à leur disposition.
L’opposition les réclamait depuis le mois de janvier, sans jamais les obtenir. Il a fallu l’intervention du bourgmestre Christian Weis pour que les conseillers prennent connaissance des bilans de l’association frEsch, soit une centaine de pages de lignes comptables, brutes de décoffrage, correspondant à une trentaine de fichiers PDF.
«On s’est départagé le travail d’analyse de tous ces chiffres», informe le conseiller de l’opposition socialiste, Steve Faltz. Son principal reproche repose sur le manque de transparence de l’association eschoise qui organise les principaux évènements culturels de la Métropole du fer, dont les Francofolies ou encore la Nuit de la culture, mais qui est également responsable du Bâtiment IV, de la Konschthal et de la résidence d’artistes Bridderhaus.
La semaine dernière, le magazine en ligne Reporter révélait que l’ASBL gérait ses finances d’une façon opaque et l’information a provoqué un effet boule de neige dans les médias. «Nous avons un peu les nerfs à vif», reconnaît Steve Faltz.
On nous demande de voter pour un budget, qui cette année atteint 4,5 millions et dont on ne sait rien», poursuit-il. Le budget total de l’ASBL a augmenté de 40 % par rapport à l’année dernière, passant à 8,2 millions d’euros. Rien d’obscur dans cette évolution, selon l’association qui se défend face aux accusations publiées dans la presse.
«Avant 2023, le budget de frEsch n’incluait pas les budgets de la Nuit de la culture ni des Francofolies Esch-sur-Alzette, qui disposaient de leur propre budget à part, dans leurs structures administratives respectives, qui disposaient chacune d’une convention et d’un subside avec la Ville», explique-t-elle dans un communiqué rectificatif. Il ne s’agit donc pas d’une augmentation, mais d’une simple addition.
Pour les socialistes et déi Lénk, qui font partie de l’opposition réclamant le détail des dépenses, clair et chiffré, le travail de dépeçage sera de longue haleine. «Je ne dis pas qu’ils volent de l’argent, je veux savoir comment ces sommes sont dépensées», précise Steve Faltz. L’ASBL pourra toujours lui rétorquer qu’il a désormais en sa possession, après huit mois d’attente, tout de même, les bilans comptables.
«Le comptable fait son job, ce qui nous intéresse, c’est de savoir si de l’argent ne sert pas à s’offrir des palaces à Paris, par exemple, car ces détails ne sont pas commentés par un expert-comptable», explique le conseiller eschois. «C’est important pour moi et pour les habitants d’Esch de savoir à quoi sert cet argent.»
Les socialistes sont en train d’évaluer les dépenses. «On essaye d’avoir une vision, comme pour les salaires, dont nous avons une somme globale, un cumul de toutes les rémunérations, mais il faut maintenant les départager.» Il faut imaginer une centaine de pages dans lesquelles figurent tous les tickets de parking. S’il ne peut encore livrer le détail des salaires, il peut déjà affirmer qu’ils sont «conséquents».
Pas de risque de détournement
Quand il lit que les «frais divers», s’élèvent à 1,8 million, soit 40 % du budget, il demande des précisions avant de voter aveuglément pour un subside de 4,5 millions que donne la Ville d’Esch. «Ils avaient 30 jours pour nous répondre, nous avons attendu huit mois !», déplore-t-il.
Idem pour les frais de déplacement des élus qu’ils attendent depuis six mois. «Avec Christian Weis, les choses vont s’améliorer», se persuade Steve Faltz. C’est grâce à l’intervention du bourgmestre que frEsch a mis les bilans à disposition.
L’ASBL rappelle que le plan d’action culturel a été voté à l’unanimité par les membres du conseil communal (CSV, LSAP, déi gréng, DP et déi Lénk) en octobre 2022. Le conseil communal valide et vote la subvention proposée par frEsch dans le cadre de son budget annuel.
L’ASBL a ensuite la responsabilité de sa mise en œuvre et du rapport financier. Les comptes 2023 de frEsch ont été approuvés à l’unanimité par le CA de frEsch en juillet 2024, publiés et enregistrés le 5 juillet 2024.
«Toutes les dépenses déclarées par l’association ont bel et bien une existence bancaire, excluant tout risque de détournement de fonds», précise l’ASBL. Quant aux dépenses de personnels, qui s’élèvent à 1,4 million, elles concernent la rémunération de 27 employés, soit une moyenne de 52 000 euros annuels par personne, charges sociales incluses. Restera à clarifier les primes et le travail du dimanche.