Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Selon l’enquêteur, le prévenu a reconnu avoir tué son frère dans son logement à Esch, mais a ensuite tenté de minimiser la préméditation de son acte.
Dans la nuit du 19 au 20 décembre 2014, Eric L. (27 ans) avait empoisonné son frère avant de mettre le feu à son appartement situé au troisième étage d’un immeuble de la place de Stalingrad, à Esch-sur-Alzette. Après avoir maîtrisé l’incendie, les pompiers avaient retrouvé la victime sans vie.
«Nous avons conclu qu’il a tué son frère par cupidité. Jamais le prévenu Eric L. n’a eu un travail régulier. Et quelques jours après les faits, il a couru à la banque pour connaître le solde du compte de son frère.» L’enquêteur en charge de l’affaire précise qu’au moment de sa mort, la victime avait 517 000 euros sur son compte en banque. La victime était placée sous curatelle pour éviter que son frère ait accès à son argent. Deux jours après sa mort, ce dernier avait appelé la curatrice pour demander où était l’argent. «Il était uniquement question d’argent. Jusqu’à ce que le 11 janvier quelque chose vienne s’interposer», constate la présidente de la 13e chambre criminelle. Le 11 janvier, alors qu’il comptait fuir en République dominicaine, Eric L. est arrêté à la frontière allemande en route vers Francfort.
Médicaments mélangés au jus de mangue
Jeudi, au deuxième jour du procès, l’enquêteur a décortiqué les nombreuses versions livrées par le prévenu avant et après son interpellation. Dans un premier temps, il avait affirmé qu’un individu lui avait remis un breuvage destiné à son frère. Il avait aussi déclaré qu’une personne cagoulée lui avait réclamé l’argent de son frère. Confronté à des photos du lieu du crime, il avait fini par passer aux aveux.
Dans un premier temps, il reconnaît avoir planifié le fratricide deux semaines à l’avance : il voulait tuer son frère avec une overdose de médicaments. Pour cela, il prépare un jus à la mangue. Dans un moulin à moudre, il broie les médicaments de sa grand-mère. Puis, il fait avaler la mixture à son frère. Dix à vingt minutes plus tard, ce dernier s’endort ou perd connaissance. Aux enquêteurs, Eric L. explique avoir paniqué. Il aurait placé son frère en position latérale de sécurité et aurait voulu appeler une ambulance, mais la haine envers son frère avait fini par ressurgir. Il avait alors mis le feu à deux endroits de l’appartement. «Il affirme ne pas avoir agi par cupidité, mais par pure haine», relate l’enquêteur. Après cinq minutes, Eric L. embarque le reste du jus et le briquet et appelle Alessandro S. (35 ans) pour que ce dernier vienne le chercher. Le complice se trouve également sur le banc des prévenus aujourd’hui.
Dans sa deuxième audition après son arrestation, Eric L. prétendait avoir planifié le fratricide seulement deux à trois jours à l’avance. Lors de la troisième, il contestait toute préméditation. «Il dit avoir voulu se suicider lui-même», relève l’enquêteur.
Deux autres audiences sont prévues pour ce procès.
Fabienne Armborst
