Les forces russes ont mené des frappes massives à travers toute l’Ukraine jeudi, notamment sur les régions de Kharkiv et d’Odessa, et des explosions ont été entendues à Kiev, ont annoncé les autorités locales, pendant que la bataille pour le contrôle de Bakhmout fait rage.
Depuis le mois d’octobre et après plusieurs revers militaires sur le terrain, la Russie bombarde de missiles et de drones des installations énergétiques-clés d’Ukraine, plongeant à chaque fois des millions de personnes dans le noir et le froid en plein hiver glacial.
La centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par l’armée russe dans le sud de l’Ukraine, a été coupée jeudi du réseau électrique ukrainien après une frappe russe, a annoncé l’opérateur Energoatom, dans un communiqué. Elle a été coupée « à cause d’attaques de roquettes » russes et devait fonctionner avec des réserves de diesel pour une alimentation minimale.
Energoatom a également mis en garde contre le risque d’accident.
À Kiev, le maire Vitali Klitschko a fait état de plusieurs explosions dans le sud puis l’ouest de la ville, où au moins deux personnes ont été blessées.
« Une autre explosion dans la capitale. District de Sviatochyne. Les secours vont sur place. Des voitures sont en feu dans la cour d’un immeuble résidentiel », a-t-il publié sur Telegram, précisant que deux blessés avaient été hospitalisés.
M. Klitschko a également écrit qu’environ 15% des habitants de Kiev sont privés d’électricité en raison de coupures préventives.
Avant l’aube jeudi, à Kharkiv, dans l’Est du pays, « l’ennemi a mené environ 15 frappes sur la ville et la région. Les occupants ciblent une fois encore des installations essentielles », a déclaré sur les réseaux sociaux le gouverneur de la région, Oleg Synegubov.
« Selon les premières informations, un immeuble résidentiel privé de la région de Kharkiv a été touché », a-t-il ajouté, annonçant des précisions « claires » sur d’éventuelles victimes et sur l’ampleur des dégâts.
Le maire de Kharkiv Igor Terekhov a expliqué que « l’infrastructure énergétique » de la ville, la principale de la région, avait été visée et qu’il y avait des « problèmes » d’électricité dans certains quartiers.
Des installations énergétiques de Kharkiv avaient déjà été atteintes par des frappes russes mi-janvier.
« Frappe massive de missiles »
Le gouverneur de la région d’Odessa (sud), Maksym Marchneko, a de son côté rapporté que « des missiles ont frappé l’infrastructure énergétique régionale et endommagé des bâtiments résidentiels », parlant d’une « frappe massive de missiles ».
L’attaque, survenue un peu plus d’un an après l’invasion par les troupes russes le 24 février 2022, a fait deux blessés, selon un porte-parole des secouristes locaux.
L’électricité avait été coupée « par précaution » dans la ville, a précisé un porte-parole de l’administration régionale, Sergiy Bratchuk.
La défense aérienne fonctionnait à Kiev comme dans d’autres régions du pays, selon les autorités.
Dans l’Ouest, le gouverneur de la région de Khmelnytskyi, Segiy Gamaliy, a exhorté les habitants à « rester dans les abris », car « l’ennemi frappe les infrastructures essentielles du pays ».
Des médias affirment que les régions de Mykolaïv, Dnipro et Zaporijjia, entre autres, ont aussi été touchées.
Bataille pour Bakhmout
Ces frappes de grande envergure interviennent au lendemain de l’annonce par le patron de l’organisation paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, de la prise de la partie orientale de Bakhmout, petite ville de l’est de l’Ukraine au coeur des combats depuis des mois, malgré une valeur stratégique contestée.
Bakhmout pourrait tomber « dans les prochains jours », a estimé devant la presse le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, ajoutant cependant que « cela ne reflète pas nécessairement un quelconque tournant dans la guerre ».
Des responsables ukrainiens, y compris le président Volodymyr Zelensky lui-même, ont cependant averti que la chute de la ville pourrait ouvrir la voie à une progression russe dans l’Est.
Ces dernières frappes suivent une rencontre mercredi des 27 ministres de la Défense de l’UE à Stockholm, avec leur homologue ukrainien Oleksiï Reznikov, pour négocier un plan de livraisons d’obus et de munitions à Kiev, qui pourrait être porté à deux milliards d’euros.
Mi-février, Moscou avait déjà mené une attaque « massive » avec des dizaines de missiles contre des sites de production énergétique faisant perdre temporairement à l’Ukraine une part importante de ses capacités de génération.
Kiev avait annoncé quelques jours plus tard avoir retrouvé une production d’électricité suffisante pour éviter les coupures, après des mois de restrictions dues aux frappes russes répétées.
On nous disait pourtant il y un an que la Russie serait à court de missiles d’ici deux semaines.
Nous auriait-on menti?