Accueil | A la Une | Frank Schneider : «Fuir ne sert à rien…»

Frank Schneider : «Fuir ne sert à rien…»


Frank Schneider (à d.), aux côtés de son avocat Laurent Ries, lors du procès sur l’affaire SREL, en mars 2020. (photo archives LQ)

Interrogé par la BBC, Frank Schneider avait affirmé ne pas songer à s’échapper pour éviter une extradition aux États-Unis. L’ex-agent secret a pourtant disparu depuis la mi-mai.

Nos confrères britanniques de la BBC font partie des médias que Frank Schneider a accueillis à tour de rôle dans sa demeure à Joudreville, non loin de la frontière franco-luxembourgeoise. Pour la dernière fois, une interview a été réalisée en décembre 2022. Lors de cet entretien, l’ancien agent secret, accusé dans une affaire de fraude à la cryptomonnaie, avait formellement exclu de s’échapper afin d’éviter sa remise aux autorités judiciaires américaines. «Fuir ne sert à rien. Cette bataille n’est pas encore terminée», avait clamé le Luxembourgeois. Jeudi, la radio 100,7 s’est pourtant vu confirmer par la cour d’appel de Nancy que Frank Schneider avait échappé à sa surveillance électronique. Il était assigné à résidence depuis fin 2021.

La BBC livre dans un article publié vendredi sur son site internet de plus amples détails sur la fuite de Frank Schneider, mais aussi sur son rôle dans l’affaire «OneCoin», qualifiée comme «une des plus grandes escroqueries de l’histoire». La justice française a perdu la trace de l’ancien agent secret depuis le 16 mai. C’est à cette date qu’un mandat d’arrêt a été émis à son encontre. Il est, donc, en cavale depuis près de quatre semaines. Ni Frank Schneider, ni sa femme, ni ses avocats n’ont pu être joints par la BBC.

Comme le précisent également nos confrères britanniques, l’extradition de l’ex-espion, reconverti en homme d’affaires, a été validée le 15 mars par la Première ministre française, Élisabeth Borne. Seul un recours devant le Conseil d’État était encore une option pour éviter son transfert aux États-Unis. En fin de compte, Frank Schneider a imité son ancienne patronne Ruja Ignatova, appelée «Miss Cryoptoqueen», qui a dirigé la société de cryptomonnaie OneCoin. Alors que les enquêteurs se rapprochaient de l’architecte de cette escroquerie, elle est montée à bord d’un vol Ryanair de Sofia à Athènes en 2017, pour ne plus jamais être revue. Le FBI offre une récompense de 250 000 dollars pour retrouver Ruja Ignatova.

Le travail de Frank Schneider pour la «Cryptoqueen» comprenait la coordination des avocats et des conseillers en relations publiques de OneCoin, basés à Londres, et qui ont contribué à faire perdurer l’arnaque.

Il risque 40 ans de prison

Les procureurs américains ont déclaré que Frank Schneider avait également fourni à Ruja Ignatova des informations policières confidentielles. C’est une affirmation qu’il a niée face à la BBC, mais il a fourni à nos confrères des dossiers de police confidentiels divulgués lors de réunions d’Europol, obtenus non pas par lui, mais par son ancienne patronne. Il semble que Ruja Ignatova avait une longueur d’avance sur les enquêteurs avant de disparaître.

Comme dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre, Xavier Bettel, l’ancien chef des opérations du Service de renseignement luxembourgeois a clamé au micro de la BBC qu’il doutait obtenir un procès équitable aux États-Unis. «Je crains de ne pas avoir accès à un système juridique dans lequel je puisse me défendre correctement», a-t-il affirmé lors de l’enregistrement d’un épisode du podcast The Missing Cryptoqueen. «Un procès aux États-Unis est une chose extrêmement coûteuse pour un accusé. Cela coûtera des millions – entre cinq et huit millions dans mon cas. Ce sont des montants que je n’ai pas», avait ajouté Frank Schneider. Dans sa lettre au chef du gouvernement, il avait ajouté : «Je ne peux pas aller en Amérique. Le système judiciaire américain ne me permet pas de prouver mon innocence.»

Frank Schneider, accusé de fraude et de blanchiment d’argent, risque un maximum de 40 ans de prison pour son rôle présumé dans une arnaque à la cryptomonnaie de 4 milliards de dollars.

La BBC évoque finalement les spéculations qui se sont multipliées ces derniers mois selon lesquelles Ruja Ignatova pourrait avoir été assassinée. Des journalistes d’investigation bulgares se sont engagés sur cette piste.