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François Ventrici : «Avec le Luxembourg, je ne veux pas qu’on se voie comme des ennemis»


François Ventrici, pas «concurrent» de la BGL Ligue, mais plutôt «partenaire».

Alors que Thionville a créé l’événement en Coupe contre Marseille et avec plein d’ex-joueurs de DN, le club de N3 commence-t-il à représenter une menace régionale pour la BGL Ligue?

Il y a un «truc» qui s’est passé, dimanche, à l’issue d’un Thionville – Marseille disputé avec neuf anciens pensionnaires de BGL Ligue dans les rangs du petit Poucet.

Le président du club mosellan, François Ventrici, tout juste sorti battu par l’OM (0-1) lors d’un match qui aurait pu utiliser tout son temps d’antenne, a réexposé devant tous les médias réunis pour l’occasion, son envie de refaire de son club une place forte du football lorrain, là, aux portes du Grand-Duché. Laissant planer une question sur la dangerosité de ce nouveau pôle d’attraction qui pourrait redevenir furieusement séduisant s’il accède au National 2 en fin de saison, comme c’est envisagé. La DN doit-elle s’en faire?

Rendre à Thionville sa gloire passée, est-ce plus dur quand on vit à quelques dizaines de kilomètres du Grand-Duché?

François Ventrici : Je vous dirais que non, pas vraiment, parce qu’en football, la concurrence est rude partout et que les joueurs sont très mobiles. Mais de nos jours, quand on a la chance d’avoir un projet solide avec des moyens financiers, structurels et humains… Non, vraiment, le Luxembourg ne me fait pas me faire de souci. On peut rivaliser. Même financièrement. Et récemment, on a eu les joueurs dont on voulait qu’ils viennent de chez vous.

Thionville, N3, peut rivaliser avec la BGL Ligue?

Franchement, à part les trois ou quatre plus grosses équipes de votre championnat, on donne la même chose, voire plus. Je ne sais pas si on peut parler argent, mais on est entre à 1 500 à 2 000 euros net, hors primes de victoires, avec de vrais contrats fédéraux, des voitures…

On est à 1 500 à 2 000 euros net, hors primes de victoires, avec de vrais contrats fédéraux, des voitures…

Mais vous parliez d’un budget d’un million d’euros. N’est-ce pas trop léger pour rivaliser?

Peut-être avec les deux ou trois plus grosses équipes du Luxembourg, oui. Le Swift, c’est combien? 2,5 millions? Les autres équipes de DN doivent tourner autour du même budget que nous. Le nôtre, en tout cas, c’est le budget officiel. Il y avait chez vous des contrats un peu curieux dans lequel l’État a mis le nez, mais ce qui plaide surtout pour nous, en ce moment, c’est notre stratégie de proximité.

Certains joueurs commencent à en avoir marre de faire la route. Tout n’est pas que financier! Et en N3, on a encore cet avantage de ne pas devoir être aussi exigeants que le sont des clubs semi-professionnels, voire professionnels qui doivent par exemple jouer la Coupe d’Europe.

Cela vous permet donc de considérer la Division nationale comme un marché potentiel à attaquer?

En tout cas, désormais, les joueurs sont à l’écoute de ce qu’on leur propose. On a par exemple recruté Branca, de Mondercange, et je pense que certains ont envie de venir chez nous parce qu’on a par exemple la chance de jouer devant 1 500 spectateurs en moyenne, nous. Les joueurs commencent à se poser les bonnes questions. Et puisqu’on a le vent en poupe, en plus, en ce moment…

On assiste à une inversion de tendance? Après des années à voir le Grand-Duché se servir en Moselle, vous semble-t-il qu’un club du département recommence à être suffisamment costaud pour représenter une vraie concurrence?

Vous mettez le doigt dessus! Tous les gens n’en finissent plus de me dire qu’avec le Luxembourg à côté, c’est impossible de construire quelque chose. Mais les anciens dirigeants du club thionvillois se cachaient derrière ça. Mais la DN pouvait facilement venir se servir en Moselle ces dernières années : il n’y avait plus de niveau! Vous vous rendez compte que la saison passée, il n’y avait plus de club mosellan au niveau National, hormis le FC Metz, alors qu’il y a plus d’un million d’habitants dans ce département?

Forcément, les joueurs locaux n’avaient pas d’autres alternatives s’ils voulaient disposer d’un vrai challenge sportif : il fallait aller au Grand-Duché. Maintenant, Thionville a retrouvé un certain niveau et ça change tout. En tout cas, je ne vous cache pas que maintenant, on regarde les joueurs de BGL Ligue pour notre recrutement!

Maintenant, on regarde des joueurs de DN pour notre recrutement

Comment s’en sortir mieux vis-à-vis du Luxembourg que n’a pu le faire le CSO Amnéville à une époque?

J’ai la certitude que cela n’a rien à voir. On parle d’une ville qui, avec sa périphérie, pèse 160 000 personnes, dotée d’un stade d’une capacité de 5 000 places et avec une vraie volonté politique derrière. Sans cette volonté, c’est compliqué. Un entrepreneur se bat un petit temps et finir par dire bye-bye. Là, on n’est pas dans le même type de projet du tout. L’objectif, c’est le National.

Thionville peut-il, doit-il même, envisager de s’attaquer aux jeunes Luxembourgeois?

Absolument! Notre objectif étant de rejoindre le National 1 et donc de pouvoir rivaliser avec les plus grands clubs de DN, l’idée sera alors de dire aux jeunes Luxembourgeois qu’en venant chez nous, ils n’auront plus qu’un petit palier à passer avant de rejoindre le monde professionnel. On veut devenir une alternative.

Pourquoi ne deviendrions-nous pas intéressants pour l’évolution d’un gamin de 16 ans encore trop juste pour la BGL Ligue alors qu’on essaye de faire remonter nos U19 au niveau national, là où sont nos U17. Une saison au niveau national en France, pour un jeune, ça vaut trois ans de formation! On est déjà club partenaire du FC Metz pour ceux qu’ils ne peuvent pas garder pour des contingences pas forcément liées. Alors pourquoi pas le Luxembourg.

Cela veut-il dire que vous cherchez des synergies?

On a déjà un partenariat, en tout cas de très bonnes relations avec le Swift, qui nous prête Habbas et qui a beaucoup de joueurs sous contrat qui ne peuvent pas forcément signer ailleurs, au Luxembourg. Recevoir de leurs jeunes nous permet de répartir les frais. Je ne veux pas que l’on se voie comme des clubs concurrents ou comme des ennemis, mais plutôt comme des clubs complémentaires, partenaires.

Allez-vous quand même commencer à développer un scouting systématique de l’autre côté de la frontière?

Oui, mais on va faire aussi confiance aux clubs qui souhaiteraient nous confier leurs garçons. Et je serais prêt à m’asseoir avec la FLF pour discuter aussi.