Parmi les nombreux stand du festival des Francofolies à Esch-sur-Alzette se trouve celui du Pipapo, un projet fondé par l’Asbl 4motion afin d’accompagner les festivaliers à faire la fête sans danger.
«C’est quoi le Pipapo ? C’est qui ? » lance un festivalier, déjà bien en forme, à l’ouverture de la 3e journée des Francofolies à Esch-sur-Alzette. Situé à l’entrée du parc du Gaalgebierg, où se trouvent le site principal du festival et ses deux scènes, le stand du Pipapo attire l’œil avec ses guirlandes et sa devise «sexe, drogue, soirée».
«Je vous aime déjà alors» plaisante le curieux, en s’adressant aux quatre occupants de la tente. Ces derniers sont des jobistes travaillant au sein du projet Pipapo mené par l’Asbl 4motion qui, depuis 2002, œuvre pour «créer les conditions d’une société plus inclusive, responsable, citoyenne et participative». Malgré le doute créé par la devise, Pipapo n’organise pas de soirées. «Concrètement, on est là pour aider les gens à faire la fête proprement» répond finalement Ivana, l’une des jobistes.
Financé par le Ministère de l’Éducation nationale et celui de la Santé, le projet est construit autour d’une formation payante sur l’accompagnement d’un public en milieu festif. Après 20 heures de cours, les jobistes sont ensuite déployés et rémunérés pour intervenir «partout où il y a la fête», que ce soit des festivals, des boîtes de nuit, des soirées privées ou même non déclarées.
Forcément, la principale cible est la jeunesse. Afin de lui parler, «l’Education nationale a décidé de faire du «pair to pair», c’est-à-dire qu’on est des jeunes qui parlent aux jeunes, on sait comment leur parler» explique Samaneh. «Selon l’âge, je sais vers quoi les diriger, en fonction de si c’est leurs premières soirées ou s’ils ont déjà 25 ans». Une force qui permet aux festivaliers d’avoir des discussions presque amicales, sans tabou, ni jugement, lorsqu’il s’agit de sexualité ou de consommation de drogues.
«On n’est pas là pour faire la morale»
Adaptés à toutes les générations, les jobistes ont un attirail tout aussi varié. En se présentant au stand, les festivaliers peuvent recevoir gratuitement des préservatifs masculins ou féminins, de la crème solaire, des bouchons d’oreilles ou des conseils pour se faire dépister après un rapport.
Toujours dans le but d’accompagner, les consommateurs de drogues dures sont aussi pris en compte en distribuant des sucettes, «pour éviter qu’ils se mordent les joues», ainsi que «des pailles pour la cocaïne».
Pipapo permet aussi aux festivaliers de faire anonymement tester leurs drogues afin de connaître leur composition. «Il n’y a pas d’étiquette quand on achète de la drogue, il peut y avoir des choses dangereuses sans le savoir.» Communiqués quelques jours après le festival, les résultats «peuvent permettre de diminuer la consommation voire d’arrêter» mais restent distribués à titre informationnel.
Pour les jobistes, la prévention est un mot interdit. «Il y avait écrit prévention sur la pancarte devant notre stand, on a écrit information par-dessus, c’est mieux comme ça» rigole Ivana. Le but pour eux est d’accompagner et de partager des conseils. «On n’est pas là pour faire la morale et leur parler comme à des enfants.»
Afin de connaître les habitudes des fêtards, un questionnaire anonyme est aussi proposé afin «d’avoir des statistiques et prendre des mesures». Un tableau de libre expression est aussi disponible à leur stand. Les festivaliers sont invités à répondre à quatre questions : «Pourquoi vous faites la fête ? Quels sont les points positifs ? Les points négatifs ? De quoi vous avez besoin pour faire la fête ?».
Les réponses variées permettent aux jobistes d’aborder plusieurs thèmes fréquents dont le consentement sexuel ou la consommation d’alcool, souvent problématiques en festival.