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Francine Closener : «Le dernier contingent va quitter le Kosovo»


(Photo : Editpress/Fabrizio Pizzolante)

Jeudi, la secrétaire d’État à la Défense, Francine Closener, a fait le point sur la mission KFOR, qui s’achève cette semaine, et sur les futurs déploiements de l’armée luxembourgeoise.

Après 17 ans au Kosovo, le Luxembourg met fin à sa participation à la mission de l’OTAN KFOR. Hier, Patrick Heck, le directeur de la Défense, Francine Closener, la secrétaire d’État à la Défense, et le général Alain Duschène, chef d’état-major de l’armée, ont dressé un bilan des missions de l’armée à l’étranger depuis 1991 et évoqué les déploiements actuels et à venir de l’armée dans le cadre des opérations extérieures.

En quoi a consisté la participation de l’armée luxembourgeoise à la mission de l’OTAN KFOR?

Francine Closener : Depuis avril 2000, l’armée luxembourgeoise participe à un peloton de reconnaissance à la force internationale « Kosovo Force » (KFOR). De 2006 à février 2011, l’unité luxembourgeoise était sous commandement français et intégrée dans la compagnie de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR) de la « Multinational Task Force North » (MNTF-N). De février 2011 à novembre 2016, le contingent luxembourgeois était placé sous contrôle opérationnel direct du commandant de la KFOR. Depuis novembre 2016, le peloton est articulé en deux sections ISR : une équipe de commandement et une équipe de maintenance. Le dernier contingent va quitter le Kosovo le week-end prochain. Nous terminons la mission, mais nous restons présents étant donné que nous allons cofinancer le soutien médical de la KFOR. C’est un soutien très apprécié de nos alliés, car il est indispensable. Nous y avons été présents dès le début et, l’an dernier, nous avons signé une convention avec le Kosovo pour que nous le soutenions jusqu’en 2020 avec un budget substantiel de 30 millions d’euros supplémentaires.

Le Luxembourg tient à être en première ligne en ce qui concerne le renforcement de la défense européenne

Pourquoi quitter le Kosovo et quelles sont les nouvelles priorités?

La situation sécuritaire a beaucoup évolué ces dernières années. Avec l’Ukraine, Daech et la zone du Sahel, l’OTAN mise beaucoup sur la défense collective. C’est une nouvelle priorité de l’armée luxembourgeoise, qui participe aux missions de l’OTAN et qui doit s’adapter à cette situation. C’est la raison pour laquelle nous avons envoyé un contingent en Lituanie pour la première fois cette année. L’armée luxembourgeoise fait partie du bataillon international sous conduite de l’Allemagne, dont les militaires belges et néerlandais font partie. Il y a un peloton « transport », composé de 22 militaires, qui a été déployé en juillet dernier.

Quatre autres militaires ont été déployés parce que le Luxembourg fournit en Lituanie une contribution en capacités satellitaires. Spécialisés en matière de systèmes d’information et de communication, ils vont mettre en place un lien satellite entre le poste de commandement du bataillon à Rukla (Lituanie) et le centre opérationnel de la Bundeswehr à Potsdam, en Allemagne. Le Grand-Duc sera en Lituanie pour une visite officielle fin octobre.

Il y a un autre élément qui justifie notre décision : en 2014, l’OTAN a pris la décision de faire intervenir des groupes d’intervention rapide. En 2019, le Luxembourg participera à cette initiative. Dès aujourd’hui, les forces armées luxembourgeoises ont cinq jours pour être opérationnelles. C’est une grosse mission. Aujourd’hui, la situation s’est stabilisée au Kosovo, ce n’est donc plus une priorité absolue. Il y a encore des choses à faire, bien sûr, mais il faut assurer une présence dissuasive en Lituanie, par exemple. Enfin, le Luxembourg tient à être en première ligne en ce qui concerne le renforcement de la défense européenne.

Depuis 1991, sur un certain nombre de missions, on peut constater que le déploiement des forces armées est faible. Par exemple, en 2003, en ex-Yougoslavie, deux officiers ont été déployés, six au Tchad entre 2008 et 2009, une seule personne en Somalie entre 2009 et 2014, etc. Comment l’expliquez-vous?

Il y a des missions pour lesquelles nous en envoyons un nombre considérable. Le Luxembourg est un petit pays, mais il est clair que nous tenons absolument à être présents, à représenter notre pays, et à agir, pas seulement en soutien financier. Bien sûr, cela peut faire rire à l’étranger, lorsque nous doublons notre effectif et qu’il passe d’un à deux officiers, mais il va de soi que la taille du pays est à prendre en considération, ainsi que notre réelle volonté de nous investir militairement. Nous ne voulons pas rester les bras croisés et je pense que c’est tout à l’honneur du Luxembourg. Et puis il faut dire une chose également, c’est que l’armée luxembourgeoise est reconnue pour sa facilité à s’intégrer dans d’autres unités, d’abord parce qu’elle a des facilités du point de vue des langues. On a pu confirmer notre image et notre réputation d’être un allié solidaire et fiable, et ça, c’est très important pour nous.

Sarah Melis