Le Rassemblement national (RN), emmené par le jeune Jordan Bardella, est arrivé largement en tête dimanche du premier tour d’élections législatives historiques en France qui pourraient ouvrir les portes du pouvoir à l’extrême droite pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Avec 34-34,2% des suffrages, le RN et ses alliés devancent la coalition de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), qui obtient 28,1-29,1%, loin devant le camp d’Emmanuel Macron à 20,3-21,5%, lors de ce vote marqué par une participation en forte hausse, selon deux sondages.
Les premières projections en sièges pour la future Assemblée nationale, à prendre avec beaucoup de précautions, créditent le RN et ses alliés d’une forte majorité relative, voire d’une majorité absolue, à l’issue du second tour des législatives le 7 juillet.
Les Français « ont rendu un verdict sans appel », s’est réjoui dimanche soir Jordan Bardella, 28 ans, qui semble se rapprocher irrésistiblement de Matignon, où siège le Premier ministre. Le second tour des législatives sera « l’un des plus déterminants de toute l’histoire de la Ve République » française, fondée en 1958, a-t-il ajouté, assurant qu’il voulait être, s’il l’emporte, « le Premier ministre de tous les Français », « respectueux de la Constitution » mais « intransigeant ».
Le pari du président Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale au soir de la déroute de ses candidats aux élections européennes du 9 juin, est dans tous les cas définitivement perdu. Le « bloc macroniste » est « pratiquement effacé », s’est réjouie la ténor du RN, Marine Le Pen, qui avait perdu face au chef de l’Etat au second tour des deux dernières présidentielles.
« Tourner la page »
Les Français ont montré « leur volonté de tourner la page de sept ans de pouvoir méprisant et corrosif » du chef de l’Etat Emmanuel Macron, a estimé Mme Le Pen, élue dès le premier tour dans sa circonscription du Nord.
Les législatives visent à choisir les 577 députés siégeant à l’Assemblée nationale, dont le prochain visage dépendra des tractations entre partis et d’éventuels désistements et consignes de vote dans chaque circonscription. D’autant que ce second tour pourrait être marqué par un nombre record de triangulaires.
« Face au Rassemblement national, l’heure est à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour », a affirmé Emmanuel Macron dans une déclaration écrite. Mais alors que le « front républicain » contre l’extrême droite n’a cessé de se fissurer au fil des ans, le président français n’a pas totalement clarifié l’attitude à suivre en cas de duels entre le RN et le NFP ou de triangulaires.
Des ténors de son camp semblaient jusqu’ici plutôt pencher pour un « ni RN, ni La France insoumise », le parti de gauche radicale membre du NFP, une position critiquée en interne.
« Nous avons sept jours pour éviter à la France une catastrophe »
A gauche, écologistes, socialistes et communistes ont annoncé qu’ils se retireraient si un autre candidat, majorité présidentielle incluse, était mieux placé pour faire barrage au RN.
Le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, qui a qualifié ce scrutin de « lourde et indiscutable défaite » pour Emmanuel Macron, est allé dans le même sens en annonçant le retrait des candidats de gauche arrivés en troisième position dimanche si le RN est en position de l’emporter dans une circonscription.
En revanche, le parti de droite conservateur Les Républicains (LR) s’est refusé à appeler ses électeurs à voter contre le RN dimanche prochain. « Nous avons sept jours pour éviter à la France une catastrophe », a lancé de son côté le député européen de gauche Raphaël Glucksmann, qui a appelé tous les candidats arrivés en troisième position à se désister.
Si Jordan Bardella entrait à Matignon, ce serait la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale qu’un gouvernement issu de l’extrême droite dirigerait la France. Le président du RN a toutefois prévenu qu’il n’accepterait le poste de Premier ministre que si son parti détient la majorité absolue.
Il s’agirait aussi d’une cohabitation inédite entre Emmanuel Macron, président pro-européen, et un gouvernement beaucoup plus hostile à l’Union européenne, qui pourrait faire des étincelles sur les prérogatives des deux têtes de l’exécutif, notamment en matière de diplomatie et défense.
Vers une assemblée bloquée ?
Un autre scénario possible est celui d’une Assemblée bloquée, sans alliance envisageable entre des camps très polarisés, au risque de plonger la France dans l’inconnu. Malgré des divergences qui pouvaient sembler irréconciliables, la gauche est parvenue à s’unir dans la foulée de la dissolution. Mais les différends entre la gauche radicale et ses partenaires, notamment sur le leadership contesté de Jean-Luc Mélenchon, ont vite ressurgi.
Pendant ce temps, rien n’a semblé freiner la dynamique du RN en campagne sur le pouvoir d’achat et contre l’immigration: ni le flou sur l’abrogation de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, ni les polémiques sur les binationaux, ou les propos sulfureux de certains candidats d’extrême droite.
Au terme de cette journée qui a vu un fort afflux dans les bureaux de vote, la participation devrait s’établir au moins à 65% des inscrits, selon les instituts de sondage, contre 47,51% en 2022 et contre 67,9% lors des dernières législatives organisées après une dissolution, en 1997.
Dans les bureaux de vote, beaucoup d’électeurs ont témoigné pendant la journée de leur fébrilité. « J’aimerais retrouver de la sérénité car depuis les élections européennes, tout a pris une ampleur inquiétante. Mais il faut continuer à se battre pour ce que l’on croit », a affirmé à l’AFP Roxane Lebrun, 40 ans, à Bordeaux. A Saint-Etienne, Christophe, policier de 22 ans, s’inquiétait d’un scrutin qui risque d' »encore plus diviser la population ».
Qn a vu le zemmour?
Ah…on me dit qu on l a vu en business class pour tel aviv…netanyahu a besoin de son conseil😀🙈