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France : la montée de Mélenchon inquiète les marchés


Jean-Luc Mélenchon caracole en tête du tableau de bord mensuel sur la popularité des hommes politiques. (photo AFP)

La percée du tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon dans les sondages polarise les attaques de ses adversaires et préoccupe les marchés financiers, à 11 jours du premier tour de l’élection présidentielle, au résultat très incertain.

En hausse constante depuis le premier grand débat télévisé du 20 mars dernier, le chef de la « France insoumise » s’est hissé au coude à coude avec le candidat de la droite François Fillon (environ 18%), à six points du duo de tête constitué par la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen et le centriste Emmanuel Macron, selon les derniers sondages.

Compte tenu de la marge d’erreur et du nombre d’indécis, chacun de ces quatre candidats pourrait se qualifier pour le second tour de la présidentielle. « On est à un moment historique du pays », a déclaré mardi le président du Medef (patronat français) Pierre Gattaz. « Il ne faut pas se tromper de choix », a-t-il insisté, mettant en garde contre « les apprentis sorciers de l’économie », que sont, à ses yeux, M. Mélenchon et Mme Le Pen.

Il s’est notamment inquieté du scénario Mélenchon « qui se rapprocherait de Chavez au Venezuela » – une comparaison reprise mercredi à la Une du journal conservateur « Le Figaro », avec un mini-dossier sur son projet « délirant ».

Fort du succès populaire de ses récents meetings -avec ou sans son désormais célèbre hologramme-, le candidat de 65 ans qui mène une campagne active sur You Tube et Twitter est lui-même persuadé de sa présence au second tour. « Nous avons une société ultra-riche remplie de pauvres, un mode de production qui dégoûte tout le monde (…) Mais les élites n’en tirent aucune conséquence. C’est la cour de Versailles qui s’amuse pendant que le peuple meurt de faim. La limite est atteinte et j’en suis le symptôme », a affirmé mercredi cet ancien ministre socialiste (2000-2002) qui a créé en 2008 son mouvement, le Parti de gauche, allié aux communistes.

Mise en garde de Hollande

Il caracole en tête du tableau de bord mensuel sur la popularité des hommes politiques (68% d’opinions favorables, +22 points en un mois). Un autre sondage le décrit comme « celui qui incarne le mieux les valeurs de la gauche ».

Cet homme sanguin et entier, connu pour son humour et ses coups de gueule, a réussi à se construire au fil de la campagne une image rassurante. Mais il conserve son programme radical: rupture avec les traités européens de l’Europe « libérale », sortie de l’Otan et fin de la « monarchie présidentielle française ». Un projet qui inquiète, y compris à gauche, alors qu’il distance nettement le candidat socialiste Benoît Hamon – à 10% dans les intentions de vote.

Le président François Hollande a lui-même lancé mercredi une mise en garde sur le « péril » consistant à regarder « le spectacle du tribun plutôt que le contenu de son texte ». La dynamique du celui qui souhaite une « révolution fiscale » pour taxer à presque 100% les revenus supérieurs à 20 fois le revenu médian, est aussi observée de près par les marchés financiers. « Le risque politique en France a pris une nouvelle tournure depuis ce week-end et l’émergence de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages », estime mercredi une note de Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

« Un scénario Marine Le Pen/Jean-Luc Mélenchon au second tour, même s’il ne s’agit pas du scénario le plus crédible, alimente une certaine nervosité sur les marchés ». Après l’effet Marine Le Pen, qui avait conduit à une augmentation en février du différentiel de taux avec l’Allemagne, la dynamique en faveur de Jean-Luc Mélenchon a fait grimper ces derniers jours les taux des obligations d’Etat françaises, augmentant à nouveau l’écart avec leurs équivalents allemands. Sa montée dans les sondages « inquiète les investisseurs autant que le risque Le Pen », estime le quotidien économique les Echos.

Une récente note de la banque d’investissement Goldman Sachs se penche d’ailleurs sur les effets d’un possible « bon résultat des partis anti-système » au premier tour. A ce jour, l’hypothèse la plus redoutée des marchés reste cependant Marine Le Pen, en tête des intentions de vote pour le premier tour depuis que les ennuis judiciaires du conservateur François Fillon l’ont détroné de la place de favori.

Le Quotidien / AFP

Un commentaire

  1. Mélenchon est, effectivement, beaucoup plus dangereux que Le Pen car il est possible qu’il obtienne une majorité de députés, alors que, dans le cas du FN, c’est tout simplement impossible.