«Scène de crime climatique» : des centaines de militants climat se sont déployés vendredi à La Défense, près de Paris, dans plusieurs lieux symboliques de l’«alliance toxique» entre États et multinationales qu’ils accusent d’être «responsables» du réchauffement.
Scandant le slogan « Totalement irresponsable », des dizaines de défenseurs du climat, se joignant à la « semaine de la rébellion » organisée en Europe, se sont assis à l’entrée de la tour Total derrière une grande banderole frappée des mots « République des pollueurs » aux côtés de l’effigie d’Emmanuel Macron.
« On est là, on est là, on est là parce qu’il y en a marre de financer le pétrole », chantaient les participants. Dans une ambiance bon enfant, d’autres se sont allongés sur le sol, comme pour symboliser une scène de crime.
Total, « c’est symbolique, c’est la fabrique du changement climatique », a déclaré Clément Sénéchal, de Greenpeace, une des ONG organisatrices de cette action de « désobéissance civile de masse » avec ANV-COP21 et les Amis de la Terre.
« Le sérieux est du côté des activistes », a-t-il ajouté, avant de brandir un des portraits du président décroché dans des mairies ces derniers mois à l’initiative d’ANV-COP21.
« On a sorti le portrait ici pour dénoncer la politique de Macron et pour montrer que la politique de la France se fait ici et pas au ministère », a lancé devant la foule Cécile Marchand, des Amis de la Terre.
Sur les vitres du siège de Total, mais aussi sur les bâtiments de la Société générale, d’EDF et la tour Séquoia qui abrite une antenne du ministère de la Transition écologique ont été collées des affiches « Macron président des pollueurs », et le même slogan tagué sur le sol, en jaune ou en noir.
En milieu de journée, les militants étaient toujours en place, appelant les employés sortant déjeuner à les rejoindre.
« Pas si facile »
Une vitre de la tour Société générale a été brisée et les forces de l’ordre ont brièvement utilisé des bombes lacrymogènes pour prendre position à l’intérieur du bâtiment.
« CRS, doucement, on fait ça pour nos enfants », scandaient de leur côté une trentaine de militants assis en rang d’oignon, les bras en l’air, devant la tour Séquoia.
« Il faut que le gouvernement impose une politique contraignante (…), parce que s’il y a un effondrement, on sera la première génération concernée », a lancé Clarisse, 18 ans, venue d’Angers.
« Aux quelques militants radicaux qui ciblent le président et le gouvernement, vous vous trompez d’ennemis! », a réagi le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, sur Twitter. « Nous agissons », a-t-il assuré.
Le PDG de Total, Patrick Pouyanné, a lui défendu la stratégie du groupe. Les gens manifestent pour demander que « plus soit fait » contre le changement climatique, mais « nous savons que ce n’est pas si facile parce que la première demande de la population est d’avoir accès à plus d’énergie, une énergie abordable, et qui doit être propre », a-t-il déclaré.
Greenpeace, les Amis et de la Terre ou ANV-COP21, qui ont revendiqué 2000 participants vendredi, sont habitués des opérations médiatiques pour faire passer leur message, mais généralement organisées en petits groupes avec leurs propres militants.
« C’est la plus grosse action que l’on ait organisée », a souligné Pauline Boyer, porte-parole d’ANV-COP21, notant que beaucoup des inscrits n’avaient jamais participé à une action de désobéissance civile.
L’opération avait été préparée dans le plus grand mystère, les militants, qui avaient obligation de suivre la veille une formation à la désobéissance civile, étant prévenus de points de rendez-vous par SMS peu avant. Avec des critères stricts à respecter pour des participants prêts à se faire arrêter : visage « toujours » à découvert, « aucune agression physique, verbale ou psychologique tolérée », et « aucune » dégradation de biens.
Cette action s’inscrit dans le cadre de la « semaine de rébellion » lancée lundi par le tout jeune mouvement Extinction Rebellion dont les actions ont été particulièrement suivies à Londres où les militants ont bloqué des lieux emblématiques comme Oxford Circus. Près de 500 d’entre eux ont été arrêtés depuis le début de la semaine.
AFP