La gauche se dit prête à gouverner en France après être parvenue en tête dimanche d’élections législatives cruciales, mais sans majorité absolue, et entame de difficiles tractations en son sein pour désigner un Premier ministre.
« Il faut que dans la semaine, nous puissions être en mesure de présenter une candidature » au poste de Premier ministre, a estimé lundi sur la radio franceinfo Olivier Faure, le patron du Parti socialiste membre de l’alliance de gauche, le Nouveau Front Populaire (NFP), nouée spécialement pour le second tour des élections.
Du côté des écologistes également membres de cette alliance, leur cheffe Marine Tondelier a estimé sur la radio RTL que le président Emmanuel Macron « devrait appeler aujourd’hui » la gauche à lui transmettre un nom de Premier ministre.
Le Premier ministre sortant Gabriel Attal doit remettre dans la matinée sa démission à M. Macron. Il s’est dit dimanche soir prêt à rester à Matignon « aussi longtemps que le devoir l’exigera » dans le contexte des Jeux olympiques. Aucun des partis en lice pour les législatives ne peut atteindre seul la majorité absolue de 289 députés dans la nouvelle Assemblée nationale. Le NFP a remporté autour de 180 sièges, le camp présidentiel autour de 160 et l’extrême droite plus de 140 sièges.
Au sein du NFP, La France insoumise (LFI, gauche radicale) est le parti qui compte le plus d’élus avec autour de 75 députés. Un poids à relativiser : ensemble, les socialistes, les communistes et les écologistes seront plus nombreux. Sans compter que des « frondeurs » ont rompu avec la direction de LFI.
Dimanche soir, toutes les formations de l’alliance de la gauche l’ont répété: ce sera sur le programme du NFP que doit se baser le projet du futur gouvernement. Avec en ligne de mire l’abrogation de la réforme des retraites, de la loi immigration et de la réforme de l’assurance chômage, mais aussi des mesures sur le pouvoir d’achat, comme un salaire minimum à 1.600 euros net », assurent les socialistes.
L’augmentation du Smic se fera « par décret », a promis le chef de LFI Jean-Luc Mélenchon, martelant: « Aucun subterfuge, arrangement ou combinaison ne serait acceptable ». Il refuse ainsi « d’entrer dans des négociations » avec Renaissance, le parti présidentiel.
Face aux rumeurs d’une coalition entre le camp présidentiel et la frange la plus modérée du bloc de gauche, un cadre de LFI s’agace: « les macronistes tentent de nous voler la victoire et de faire une coalition ». « Il faut que le président de la République nous contacte », ajoutait dimanche soir cette source.
« Elargir notre majorité »
Qui pourrait être désigné Premier ministre ? La gauche radicale LFI pense que c’est au groupe majoritaire de proposer un nom. Les autres penchent pour une décision collective des députés de l’alliance, M. Mélenchon étant devenu une figure trop clivante même au sein d’une partie de la gauche.
Pour Manuel Bompard, coordinateur national de LFI, le choix peut se faire « par consensus » et pas forcément par un vote au sein de la coalition de gauche NFP.
« Il faut prendre les choses étape par étape », a-t-il déclaré lundi sur la télévision France 2. « La discussion, elle doit se faire d’abord aujourd’hui, entre les différentes formations politiques de notre coalition. Ensuite, il y aura une proposition. Et bien évidemment, je souhaite que cette proposition fasse l’objet d’un accord auprès de l’ensemble de tous les députés, pas forcément par vote, ça peut être un consensus ».
Concernant la capacité à gouverner de la gauche, le chercheur du Cevipof, Martial Foucault, reste dubitatif: « ça reste un groupe minoritaire, une coalition de partis qui arrive première avec moins de 200 sièges ».
« Les termes, de ce que certains appellent +l’apaisement+, +réparer une France abimée+, +donner un cap politique qui répare+, me semblent mal partis quand on indique que ce sera le programme et rien d’autre. Ça va prendre beaucoup de temps pour y voir clair sur un gouvernement de coalition », ajoute le politologue.
Message reçu du côté des communistes, membres du NFP. « Nous allons devoir, sur bon nombre de sujets, élargir notre majorité parce qu’elle ne suffira pas autrement », a reconnu le porte-parole du parti, le sénateur Ian Brossat. Même analyse de la part de l’écologiste Yannick Jadot : « Il nous revient de construire des majorités autour de notre projet ».
Réponse simple: non.