Le bilan empire d’année en année : entre la prolifération de parasites, la pollution, le réchauffement climatique, seul un tiers des arbres du Grand-Duché est considéré en bonne santé. Le gouvernement annonce des mesures pour endiguer l’hécatombe.
L’Oesling avec ses taillis de chêne, le Guttland avec ses hêtraies, la Moselle et ses chênaies, la Minette en pleine renaturation….
La forêt est une richesse historique au Luxembourg, si abondante qu’elle lui a valu le nom de département des Forêts sous l’Empire napoléonien, et qui, il y a encore peu, avait fait du Grand-Duché le pays proportionnellement le plus boisé de l’UE.
Aujourd’hui, lorsqu’on emprunte les routes ombragées qui mènent à la maison forestière du Stafelter (située à quelques branches de Walferdange), les forêts du pays semblent toujours aussi belles. Pourtant, un mal profond ronge le poumon vert du pays.
« L’inventaire phytosanitaire des forêts du Luxembourg réalisé en 2016 montre que l’état de santé de nos forêts reste préoccupant », déplore Carole Dieschbourg.
La ministre de l’Environnement organisait hier dans ce havre de verdure une conférence avec le directeur de l’administration de la Nature et des Forêts (ANF), Frank Wolter.
Deux essences de bois vont disparaître
Les chiffres sont éloquents : seulement 28,6 % des arbres ne présentent pas de dommages, 33,1 % sont légèrement endommagés et 38,3 % sont nettement endommagés.
Des chiffres qui empirent d’année en année. À titre de comparaison, il y a 30 ans, seuls 3,5 % des arbres étaient nettement endommagés, et 77 % étaient en parfaite santé.
Le hêtre? « Son état s’est aggravé en 2016, seuls 10 % sont sains » constate Frank Wolter. Et lorsque l’on sait que cette essence d’arbre est la plus répandue au Luxembourg, on comprend mieux la situation.
Les résineux sont aussi en régression, 50 % sont endommagés (contre 45 % en 2015).
Deux essences sont carrément en voie de disparition : l’orme, un arbre qui a quasiment été éradiqué d’Europe de l’Ouest à cause d’une maladie fongique, et le frêne, « en voie d’être décimé lui aussi » pour les mêmes raisons.
Heureusement, les chênes améliorent le bilan : 26 % sont sains, contre 20 % en 2015!
Les causes de cette hécatombe? Elles sont multiples bien sûr : « La pollution de l’air, les parasites, les changements climatiques avec des périodes de sécheresse ou de sursaturation en eau qui se multiplient », énumère Frank Wolter.
Le gouvernement annonce donc plusieurs mesures pour tenter d’endiguer ce phénomène, avant qu’il ne devienne incontrôlable…
Romain Van Dyck
Le plan d’action
Le gouvernement annonce cinq mesures prioritaires :
– Un nouveau code forestier, en cours d’amélioration, va «poser les bases d’une gestion durable des forêts». Pesticides, récolte d’arbres entiers (sans laisser les racines ou le feuillage qui enrichissent le sol) seront notamment interdits.
– Des aides plus ciblées seront allouées pour soutenir les propriétaires forestiers qui améliorent la biodiversité, notamment en mélangeant les essences, ce qui favorise l’équilibre et la synergie des forêts.
– Une sylviculture proche de la nature sera mise en place au niveau public pour réduire l’intervention humaine au strict minimum et en laissant la nature gérer au maximum les forêts.
– La trop grande densité de gibiers, notamment de cerfs et de chevreuils, sera maîtrisée pour favoriser la régénération des forêts.
– Des mesures visant à réduire la production de CO 2 et d’azote atmosphérique, qui dévitalisent les arbres, seront prises, et encouragées via des avantages fiscaux.