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Forbach : la thèse de la séquestration semble s’éloigner


C'est au deuxième étage de cet immeuble que l'homme aurait séquestré sa compagne. (Photo Gaëlle Krähenbühl)

Un Allemand de 55 ans, suspecté d’avoir séquestré et torturé sa compagne durant plus de dix ans, a été arrêté ce lundi matin dans le centre-ville de Forbach, en Moselle. Le procureur de la République de Sarreguemines a tenu une conférence de presse afin de faire le point sur l’enquête.

Un homme de 55 ans a été interpellé, tôt ce lundi 7 août au matin, à son domicile dans un immeuble situé avenue Saint-Rémy, au centre-ville de Forbach. L’individu, d’origine allemande, est soupçonné d’avoir séquestré durant plusieurs années sa compagne âgée de 53 ans, également d’origine allemande.

Selon le parquet de Sarreguemines, l’état physique de la victime coïnciderait avec une longue durée d’enfermement et de mauvais traitements répétés. Elle présente de nombreuses séquelles sur le corps et aurait été découverte le crâne entièrement rasé. La quinquagénaire a été transportée à l’hôpital de Metz.

Son mari a été placé en garde à vue par la brigade criminelle de la police judiciaire de Metz. L’audition est en cours. Une enquête pour séquestration, viol et torture a été ouverte. Les témoignages du voisinage sont en train d’être recueillis par les enquêteurs.

La voisine de palier témoigne

Alicia, la voisine, vit ici depuis 6 ans.  » On ne voyait jamais la femme. Il avait dit à tout le monde qu’elle avait un cancer, ce qui expliquait le fait qu’elle ait le crâne rasé. On entendait parfois des cris, je pensais que c’était à cause des douleurs de la maladie. Je suis choquée d’apprendre ce qu’il se passait vraiment dans cet appartement. »

Erika, vit Rue de la Chapelle, une rue perpendiculaire, depuis 2006. De chez elle, elle a vue sur l’appartement du couple : » Je ne les voyais jamais sur leur balcon. Dernièrement j’avais été surprise de le voir lui, il s’occupait de ses plantes. Il y a longtemps j’avais vu la femme. J’avais été étonnée par son crâne rasé. Depuis je ne l’ai jamais revue… Ils ne profitaient jamais de leur balcon ce qui était un peu surprenant. »

Une conférence de presse a eu lieu lundi après-midi, au tribunal de Sarreguemines, tandis que les forces de l’ordre continuaient de passer l’appartement au peigne fin. Le procureur de la République est ainsi revenu sur la manière dont l’enquête a débuté. Les services de police de Forbach ont été avertis par leurs homologues allemands qu’eux-mêmes avaient été appelés au cours de la nuit par une femme expliquant être séquestrée chez elle par son mari depuis 2011.

L’information a été transmise au cours de la nuit, si bien qu’à 6 h du matin les services de police de Forbach sont intervenus au domicile occupé par le couple. Ils y ont découvert une femme dépourvue d’entrave, allongée à demi nue sur son lit. Celle-ci a réitéré qu’elle était séquestrée depuis 2011. Le mari a été interpellé par la police et placée en garde à vue pour viol aggravé par la circonstance de conjoint, séquestration et acte de torture et de barbarie. Le service de police judiciaire de Metz, et plus précisément sa brigade criminelle, a été saisi par le parquet de Sarreguemines dans la foulée.

Pas d’ecchymoses, ni de déshydratation

Le banc de torture et le carnet, parfois mentionnés dans la presse, n’ont pas d’existences avérés. Quant à la présence de grillages, s’ils existent bien ils sont à mettre davantage en relation avec les animaux domestiques que ce couple détient (9 chats). Aucune trace de sang n’a été découverte.

La femme a été examinée à l’hôpital Mercy de Metz. Le corps ne présentait pas d’ecchymoses, ni de déshydratation. Le couple est originaire d’Allemagne et vit en France depuis 2011. L’homme, un demandeur d’emploi âgé de 55 ans, est inconnu des services de police français.

Le témoignage de la victime comporte également quelques incohérences. Au regard du scanner, l’hypothèse de fractures et de brutalités semble écartée. D’après le procureur, au bout de douze heures d’enquête, l’hypothèse de la torture et de la séquestration semble s’éloigner de plus en plus. L’enquête va maintenant se focaliser sur l’état de santé de la femme et son éventuelle maladie ainsi que sur sa prise en charge par son mari. Le but sera de déterminer la réalité de cette séquestration, des viols et des actes de tortures.