À L’ÉTRANGER Vincent Thill a été «coupé» dans la semaine par son club de Zira. Où le joueur nous décrit une situation hallucinante. Il a dû avoir recours à la FIFA.
Où êtes-vous à l’heure actuelle ?
Vincent Thill : Toujours à Bakou, avec ma femme et mon fils. Mais plus pour très longtemps : je rentre dimanche.
Que s’est-il passé, cette semaine, pour que ce contrat qui vous liait avec Zira pour une année plus une autre en option soit rompu d’un commun accord ?
Ce sont eux qui ont voulu y mettre fin, à cause de ma blessure.
On peut refaire la genèse des événements ?
Depuis le départ, ils ne savent pas trop ce que j’ai. Mais si on commence du début, je signe après avoir passé mes tests médicaux, puis on part en stage en Turquie. Et là, pendant deux semaines, je ne fais vraiment rien. Mais littéralement rien. Alors que tout va bien, on m’explique que je reviens d’un problème de croisés, que le genou, c’est long, blablabla… alors que tout va bien! Mes croisés, ça fait cinq ans (NDLR : façon de parler, puisque sa blessure remonte au début d’année 2024 et qu’il a rejoué en décembre de l’année dernière après dix mois éloignés des terrains) et j’étais bien physiquement.
J’avais effectué une bonne préparation individuelle et là, on m’éloigne du groupe et je ne fais que de la course et encore, pas beaucoup. Je passe de tout à rien. Et quand on revient de Turquie… on fait l’inverse : je reviens de rien et on me fait faire une séance complète et super lourde. Et là… déchirure du psoas. Normalement, cela prend de 4 à 6 semaines. De 8 à 12 si le tendon est touché. Alors, on fait des examens. Mais dessus, on ne voit pas grand-chose. Je les transmets au staff médical de la sélection et eux non plus ne peuvent rien voir parce que la photo est trop floue.
Il était justement question des limitations des médecins azerbaïdjanais en la matière…
En fait, ce qu’on voit sur l’IRM, c’est que j’ai un problème classique de footballeur, à la hanche. Cela fait vingt ans que je joue au foot, alors à force de faire des passes… Ce n’est rien de méchant, il suffirait d’un peu de travail de manipulation et de deux ou trois piqûres, et le problème serait réglé. Mais ici, c’est la catastrophe au niveau médical. Le kiné me l’a dit clairement : « Je n’ai pas les compétences, tu devrais demander au coach (NDLR : Rashad Sadykov, en place depuis six ans) l’autorisation de repartir te soigner deux ou trois semaines au Luxembourg. » Ce devrait être à lui de le faire, aller demander, mais ils ont tous peur du coach. Alors j’y suis allé.
Tu nous coûtes trop d’argent, ton salaire est trop élevé
Comment l’entrevue s’est-elle passée ?
Il me répond : « Non, et de toute façon, on veut casser ton contrat, tu nous coûtes trop d’argent, ton salaire est trop élevé. »
Une surprise complète ?
Il faut savoir qu’il y a énormément de retards sur les salaires. Moi, on ne m’a versé qu’un mois depuis ma signature. Et encore, j’ai dû aller pleurer auprès de la FIFA. Mais tous les joueurs subissent le problème. Et les fournisseurs aussi. C’est dur de se faire soigner parce qu’ils ne paient pas l’hôpital non plus. Vous verriez les conditions : ils n’ont pas de terrain d’entraînement, alors on s’entraîne à plus de 30 kilomètres. Tous les jours, on prenait un bus pour faire le trajet et on se réunissait à l’hôtel pour des mises au vert, où il y a des cafards et des fourmis dans les chambres…
Leur organisation n’est pas du tout professionnelle. Alors avec moi, fatalement, ils ont sauté sur l’occasion. On a négocié et ils m’ont finalement laissé quatre mois de salaire après que je les ai menacés. L’argent, je m’en fous, même si là, j’en perds beaucoup. Moi, je voulais six mois. Mais j’ai la flemme de me battre, c’est bon, je m’en fous.
N’est-ce pas un soulagement, finalement ?
Non, ça ne m’arrange pas. J’étais bien à Bakou, le niveau de l’équipe était bon… Et là, je me retrouve sans club et en étant blessé. Bon, ma situation a déjà été bien pire que ça. Là, j’ai deux mois, d’ici au mercato hivernal, pour bien travailler physiquement. J’ai confiance en mon talent et j’y crois toujours.
Quelle pourrait être votre prochaine étape ?
J’ai envie de me relancer en Ligue 2 française ou en National éventuellement. Ou pourquoi pas la 3e Bundesliga ou la D2 belge. L’argent, je m’en fous. Je veux juste retrouver les terrains. Si vraiment, je ne trouvais rien, je pourrais toujours revenir au Luxembourg, mais, sans cracher sur ce championnat, qui est d’un bon niveau, j’ai peur d’y perdre toute motivation. Pour moi, ce serait dangereux, j’aurais l’impression d’y manquer de challenges.
Où allez-vous vous entraîner, ces prochains mois ?
Niederkorn peut-être? Vivian Reydel a été l’un de mes coaches à Metz…