Malgré la défaite, très frustrante, le match de mardi face aux Îles Féroé a permis à Mario Mutsch et ses hommes de commencer à tourner la page, cinq jours après leur accident de car en France.
Il fallait avoir des nerfs d’acier, mardi soir, pour ne pas avoir envie de débouler dans le vestiaire des Féroïens et leur intimer l’ordre de baisser d’un ton, eux qui affichaient plus de conviction pour beugler Sweet Caroline à tue-tête sous les douches du stade de la Frontière que pour proposer du jeu sur le gazon eschois, où ils venaient de s’imposer 0-1 en ne se procurant qu’une occasion franche.
Mais malgré ces célébrations adverses un brin provocantes vu la physionomie du match et si bruyantes qu’elles couvraient leur voix en interview, les U21 du Luxembourg versaient plutôt dans la sérénité. Celle de ceux qui avaient joué avec du courage et des idées, mais aussi de ceux qui avaient échappé au pire, cinq jours plus tôt en France, où leur car s’était renversé lors du retour de l’entraînement, à la veille de leur entrée en lice théorique dans les éliminatoires de l’Euro.
Alors chausser les crampons, jouer au football, c’était «une chance», comme l’a martelé leur sélectionneur Mario Mutsch avant le match et après le coup de sifflet final, une fois reçue la visite du Premier ministre Luc Frieden dans le vestiaire. «Ça fait toujours du bien d’être sur le terrain, a lâché, ému, le technicien, qui avait fêté son 41e anniversaire la veille de l’accident. On a vraiment de la chance d’avoir pu jouer ce match et de sortir des choses positives plutôt que négatives.»
En ce sens, le jeu a eu valeur de thérapie. Mutsch l’avait suggéré dans nos colonnes mardi («On nous a aussi dit que le sport faisait du bien. Pendant une heure trente, tu ne penses pas à autre chose»), et son milieu Ivan Englaro l’a confirmé au micro des journalistes luxembourgeois : «Le seul médicament, c’est le terrain, qui peut libérer la tête et permettre de penser à autre chose. Après une semaine très difficile, on n’attendait que ça, de rejouer.»
Après une semaine très difficile, on n’attendait que ça, de rejouer
Courts physiquement, mais totalement libérés
À la question de savoir s’il avait senti le groupe libéré, le Dudelangeois n’a pas hésité une seule seconde : «Oui, bien sûr». Mario Mutsch non plus : «Sur ce point, on ne peut rien dire. J’avais l’impression que, physiquement, l’un ou l’autre n’étaient peut-être pas au niveau, mais ça peut être dû à un manque de temps de jeu en club ou de sommeil, car ils ont peu dormi.» Entre difficulté à s’endormir, cauchemars et réveils nocturnes, les nuits précédant la venue des Îles Féroé n’avaient guère été réparatrices.
Mais pour le reste, les intentions et la volonté de jouer étaient là. Le sélectionneur des espoirs en veut pour preuve ce «game plan» appliqué presque à la lettre, à quelques «automatismes» et «détails» près. «Contre un bloc bas comme celui-ci, on doit penser un peu plus offensif, en se déplaçant dans les zones où ça fait mal, en faisant la première touche vers l’avant, en jouant moins vers l’arrière, a développé le technicien. À la fin, on est devenus trop nerveux, on n’a pas préparé les actions. Et les centres n’étaient pas non plus toujours au point.»
La finition, avec en point d’orgue ce penalty de l’égalisation manqué par Leon Elshan à la 81e minute, encore moins, et celle-ci constituera le principal point d’amélioration des Lionceaux en vue des déplacements d’octobre en Estonie et en Islande. Deux équipes présentant «les mêmes caractéristiques» que les Îles Féroé et qui sont, elles aussi, tombées face au très surprenant leader du groupe C, vainqueur trois fois en trois matches.
«On a vu une équipe qui a neuf points, a conclu Mario Mutsch, mais je préfère être entraîneur du Luxembourg et être fier de mes joueurs que de crier et chanter dans le vestiaire, parce qu’en fin de compte ce n’est pas le genre de foot que j’aime voir.» Et si la défaite «fait mal à la tête», comme le reconnaissait un Ivan Englaro légèrement frustré («On a joué au foot, pas comme eux»), elle a aussi fait beaucoup de bien aux têtes, dans le fond.
Groupe C
1. Îles Féroé 9 (3;+3)
2. Suisse 3 (1;+2)
3. Islande 1 (2;-1)
4. Estonie 1 (2;-3)
5. France 0 (0;0)
6. Luxembourg 0 (1;-1)
Prochains matches
Le 10 octobre : Estonie – Luxembourg, Îles Féroé – France et Suisse – Islande
Le 13 octobre : France – Estonie
Le 14 octobre : Islande – Luxembourg et Îles Féroé – Suisse