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[Football] Tun Di Bari : «Nous devons rassurer la société, les politiques, nos propres membres»


Tun Di Bari a tapé du poing sur la table. (Photo : dr)

FLF Tun Di Bari, membre du conseil d’administration, est celui qui a rué dans les brancards, mettant sa démission dans la balance, pour faire enfin entrer l’institution dans le XXIe siècle.

Le président du FC Etzella Ettelbruck a marqué le coup par son absence aux deux derniers matches, en signe de protestation. Pour mieux dire son avis mercredi soir.

Si vous deviez nous dire, simplement, les choses, aujourd’hui…

Tun Di Bari : La FLF a commis des erreurs d’appréciation. Nous avons été maladroits. Le non-sportif a été sous-estimé et l’on ne se rendait pas compte de l’envergure que cela prenait.

Ceci étant posé, comment allez-vous, vous, membre d’un conseil d’administration pointé du doigt depuis des semaines?

Serein. Mais mon « chapeau«  de membre de la FLF est bien lourd à porter. Je suis chef d’entreprise par ailleurs (NDLR : CEO de l’entreprise Dussmann) et pour moi, les valeurs que nous devons défendre, ce n’est pas du pipeau. Aujourd’hui, à la FLF, notre gouvernance, notre communication, ne sont pas professionnelles. Il va falloir commencer à nous former, à être dans le partage de l’information, de la prise de décision. C’est ce qui nous fait défaut. Alors au dernier conseil d’administration, il a fallu que j’intervienne.

La teneur de votre prise de parole?

Nous sommes face à un problème de société (NDLR : les violences faites aux femmes) et il faut le prendre au sérieux. Je dirige moi-même une entreprise dans laquelle travaillent plus de 4 000 femmes alors c’est important. Quand il a été question de rédiger notre dernier communiqué, j’ai posé mes conditions. J’ai dit : « Si vous voulez que je siège encore, que je ne démissionne pas, alors il faudra écrire que des erreurs ont été faites. Il faut aussi faire des excuses. Il faut dire qu’on ne choisit pas les journalistes. Il faut assurer que nous allons instaurer un comité d’éthique indépendant« .

Vous êtes-vous senti seul?

Non. Après le CA, j’ai reçu beaucoup d’appel d’autres membres qui ont validé ma prise de position. Je ne sais pas si eux aussi sont prêts à démissionner, mais ils m’ont dit adhérer à l’intervention.

Dans les statuts, j’aimerais étendre l’article qui concerne la moralité des membres du CA, aux joueurs et entraîneurs

Votre démission est-elle toujours dans la balance?

Si tout ce sur quoi nous nous sommes engagés, surtout ce comité d’éthique, n’est pas vite tangible, alors oui, j’arrêterai de siéger. Mais ça me ferait mal parce que j’ai encore beaucoup de travail pour rénover les statuts. D’ailleurs, j’aimerais bien étendre l’article qui concerne la moralité des membres du CA, aux joueurs et entraîneurs.

Ce comité de l’éthique, quelle forme le voyez-vous prendre?

Je crois qu’il faut un équilibre avec des représentants de la société civile, des politiciens, voire des gens issus du monde sportif, mais d’autres horizons que le football. Et beaucoup de gens se sont déjà manifestés pour en faire partie, avec des profils très intéressants. Ce que nous voulons, c’est constituer une structure dont l’avis sera consultatif. Il est hors de question qu’elle se substitue à la responsabilité qui est celle de notre conseil d’administration. Son avis, par contre, nous aidera à nous décider. Il serait trop facile de leur déléguer des pouvoirs. Non, nous continuerons à faire notre travail, mais avec leurs recommandations.

Quelles sont vos échéances pour sa mise en place?

Cela doit se faire assez vite. Avant le début de la prochaine campagne, début septembre. Nous avons déjà sollicité de l’aide dans ce sens, auprès des mondes politique et associatif. Afin d’avoir leur expertise.

Ce comité pourra-t-il s’autosaisir des problématiques sur lesquels il aura à se prononcer ou devra-t-il attendre que vous l’interpelliez?

Ah nous devons, nous, le saisir! Pour revenir à ce qui s’est passé dans le cadre de l’affaire Gerson, il me semblerait tout à fait normal qu’en amont, nous demandions un avis consultatif. Mais vous avez raison : pourquoi ne pourrait-il pas, ce comité, se saisir des dossiers en amont, avant de revenir vers nous?

Beaucoup de gens se sont déjà manifestés pour intégrer le comité d’éthique

Voyez-vous une urgence au sens où vos sponsors pourraient se désolidariser?

Déjà, on n’est pas dans le mode « le mauvais temps est derrière nous« . Parce que je l’ai rappelé aux autres membres du CA : n’oubliez pas que nos sponsors, eux, ont des chartes de conduite pour leur gouvernance, ont des valeurs qui leur tiennent à cœur. Maintenant est venu le temps des actes. Nous devons rassurer la société, le monde politique, nos propres membres. Il faut que l’on fasse ce qu’on a dit qu’on ferait. Et à une vitesse soutenue, en plus.

Certains sponsors ont-ils déjà tapé du poing sur la table?

J’en connais la plupart personnellement. J’en ai même rencontré juste après le CA, hier (NDLR : mercredi soir). Oui, des réactions pourraient arriver. Ils ont des attentes. Et il faut y faire face. Après avoir offensé beaucoup de monde, nous devons y faire face. J’espère que toutes ces affaires n’auront pas de conséquences pour nous. J’espère qu’ils vont voir notre volonté de faire beaucoup mieux, que la confiance va revenir et que nous allons tous redevenir fiers de notre fédération et de ceux qui la dirigent.

Êtes-vous optimiste?

Aujourd’hui, notre fédération doit passer par un renouvellement. On va se faire aider. On y est prêts. Il faut qu’à l’extérieur, les gens comprennent que cela prend parfois du temps de faire évoluer une structure de plus de 35 000 membres. Mais je ne reste qu’aux conditions d’un étoffement de nos valeurs et d’un vrai encadrement de la communication par des professionnels sinon je le répète, si on ne prend pas la bonne direction, je démissionnerai.

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