Un but suffisait pour arracher au moins les prolongations. En manque de poids dans la surface adverse et surtout de capacités à apporter le ballon jusque-là, Differdange a longtemps cru s’arrêter au 3e tour. Avant que Buch ne surgisse. Et n’emporte tout sur son passage.
Differdange a résolu par l’absurde son problème de pressing affiché à l’aller en… s’abstenant d’en faire un. D’où cette première période à plus de 65% de possession de balle stérile pour le Levadia, qui n’aura été dangereux qu’à une reprise, face au bloc bas installé par Pedro Silva, quand Musaba, double-buteur de l’aller a réussi à s’élancer ans un solo qui a accouché d’un centre heureusement mal exploité au point de pénalty (3e).
Le FCD03, lui, se sera surtout illustré pour sa grande maladresse dans la moitié de terrain estonienne, se montrant d’une inefficacité terrifiante dans ce qui aurait pu, ou dû, être l’avant-dernière passe, voire l’avant-avant-dernière passe. Inutile de dire que les opportunités de refaire ce but de retard se sont alors compté sur les doigts d’une seule main.
Après vingt secondes, la volée de Hadji, en appui dans l’axe, est trop molle. Et à la 27e, quand Bedouret trouve Mfoumou dans la profondeur, la frappe puissante du Camerounais est repoussée des deux poings par Vallner, le portier du Levadia.
Rouge et coup-franc très bien placé sur Rafa Pinto ? Visiblement pas
À la pause, Jakobi remplace Camara, le titulaire surprise de l’entrejeu. L’Allemand n’avait pas fait une impression dingue à l’aller. La physionomie change aussi, au moins un peu.
Differdange joue plus haut, assume de faire (parfois et seulement un peu) le jeu pour tenter de refaire son but de retard. Mais ses approximations rageantes restent là, désespérantes, Mfoumou réalisant en la matière un récital dès qu’il approche de la surface.
Il y a sans doute faute sur Rafa Pinto, qui peut partir seul au but (54e) mais le poids plume n’obtient rien car la poussette, d’une main sur son épaule, n’est pas assez marquée.
C’est pourtant une nouvelle relance pleine de laxisme de Bedouret (déjà coupable sur le premier but estonien à l’aller), qui va créer la plus grosse occasion de la seconde période jusque-là, avec un tir depuis les dix mètres, heureusement contré par D’Anzico (62e).
Le héros (temporaire) s’appelle Andy Buch
À vingt minutes de la fin, les entrées de Rauch et Abreu ressemblent déjà à des changements de la dernière chance, histoire d’apporter du peps à un entrejeu qui tourne en rond pour le premier, un peu de capacité à être efficace pour le second.
C’est oublier que le premier vient de revenir de plusieurs semaines d’absence et que le second a lui-même manqué de précision à l’aller. Il manque pourtant seulement quelques centimètres au premier pour pousser au fond un ballon dévié au premier poteau par Brusco, sur une longue touche (75e).
C’est le coup d’envoi d’une longue poussée d’un quart d’heure pour tenter de sauver ce qui peut l’être. Avec El Idrissi etBuch en plus, comme forces offensives.
Hadji est contré par un adversaire qui s’est jeté devant lui (86e), mais le Franco-Marocain va tendre le pied sur ballon qui traîne et lancer Buch à la limite du hors-jeu, l’Allemand délivrant tout le monde du plat- du pied (0-1, 89e). Tout juste.
Leandro oublie qu’il faut couvrir, mais Buch remet ça
L’explosion de joie sera de très courte durée. Dès le début de la prolongation, un immense ballon de 70 mètres va être touché par Brusco, au duel dans les airs. Leandro, plein axe, oublie la couverture dans son dos, et Tambedou va surgir, éliminer Ventura et marquer à angle légèrement fermé (1-1, 92e).
Mais le match est désormais débridé et le FCD03 enfin animé d’un feu qui peut le ramener dans le coup. Sur le corner qui suit, D’Anzico est tout près de faire 1-2 de la tête mais Vallner repousse sur sa ligne (95e). Dans la foulée, Abreu est contré de justesse après avoir cassé les reins de son défenseur et remis sur son pied droit (96e). Puis c’est Hadji, premier poteau, qui va manquer sa reprise plat du pied (102e).
Cette fois, Tallinn est en état de siège et sur corner, Buch va surgir de nouveau, au deuxième poteau pour décroiser magnifiquement dans le petit filet (1-2, 105e). Le Levadia n’y est plus et en pivot, Abreu force Vallner à une parade monumentale pour éviter que le ballon finisse en lucarne opposée (106e).
Et quand sur une touche longue, Hadji tente de remettre le ballon vers le but et que Peetson met une main totalement involontaire, le pénalty qui s’ensuit est transformé par Hadji (1-3, 118e).
C’est un miracle, un jour de gloire, le genre de renversement de situation dont le football luxembourgeois se souviendra longtemps.