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[Football] Moris : «J’aurai l’impression d’avoir vraiment fait une carrière en jouant la Champions League»


«Si j’avais pu soulever le trophée avec tous mes coéquipiers en même temps…»

SÉLECTION NATIONALE Anthony Moris a débarqué à Lipperscheid auréolé de son titre de champion de Belgique. Et plein de choses à dire. Notamment sur son futur : s’il ne nie pas des intérêts hors frontières, il rappelle aussi que la Ligue des champions, qu’il jouera s’il reste à l’Union est «un rêve de gosse».

Après la perte du titre de champion de Belgique à la dernière journée, en mai 2023, vous aviez littéralement coupé votre téléphone pour ne plus répondre à qui que ce soit pendant une semaine. Vous avez eu besoin de faire la même chose après les deux jours de célébration du titre. C’était le même combat, dans votre esprit ?

Anthony Moris : Les deux jours dans la foulée du titre ont été très chargés. Nous avons eu beaucoup de réceptions, et je ne suis pas trop pour ce genre de choses. Ma famille était là pendant tout ce temps, avec moi, à Bruxelles, mais les laisser derrière moi pour un rendez-vous à l’hôtel de ville avec un barbecue… Puis il y a eu les « awards« … En vrai, ça me faisait mal au cœur de ne pas être avec eux pour vivre ça alors je leur ai promis qu’une fois que ce serait fini, je ne me consacrerais qu’à eux.

Quel a été le moment le plus gratifiant de votre journée de titre ? Le coup de sifflet final ? Ou le moment de soulever le trophée ?

Bon, l’air de rien, entre ces deux mois de mai, 2024 et 2025, on a quand même soulevé trois trophées déjà. Je commence à être expérimenté dans l’art de le faire. C’est une grande fierté mais je suis quelqu’un de collectif, et je donnerais cher pour pouvoir le soulever avec tous mes coéquipiers en même temps. Après, c’est vrai que je suis un des joueurs symboles de l’Union, avec Burgess. Lui et moi, on fait partie de ceux qui ont tout vécu ces dernières années avec le club. Je pense être légitime en tant que capitaine. Mais pour répondre à votre question, j’ai apprécié absolument tout de ma journée de titre. Le trajet en bus, l’accueil des fans, l’échauffement… On avait l’impression que tout était différent par rapport aux saisons précédentes, qu’il se passait quelque chose. Mais au coup de sifflet final, pourtant, cela m’a pris du temps pour comprendre.

Vous avez revu mentalement l’image de cet hélicoptère de 2023, qui amenait le trophée et faisant demi-tour pour l’amener à l’Antwerp ?

(Il sourit) Je l’ai beaucoup imaginé, toute cette saison, mais à aucun moment il ne faisait demi-tour, cette fois, dans mon esprit. Je savais que l’Union était destinée à devenir championne dans un futur très proche et là, l’hélico a atterri à proximité du terrain d’Anderlecht – ce qui est très bien pour nos fans – avant de faire le reste du trajet en voiture.

Ce moment d’extase, puisqu’il y a un revers à chaque médaille, à quel moment de détresse absolue dans votre carrière l’opposeriez-vous ?

Je ne suis pas revanchard. Dans la presse belge, certains ont pu utiliser ce mot-là mais c’est bien mal me connaître. Je crois en le destin, que les choses sont écrites et j’ai la certitude que pour certains, la carrière est une autoroute vers le succès et que pour d’autres, il faut cravacher. Moi, je me suis construit comme ça. Après, on me dit que mon histoire est fantastique, incroyable. C’est peut-être de ça qu’il vient, le mot « revanchard« .

Vous aviez indiqué que vous n’écririez pas de nouveau chapitre à votre autobiographie, même en cas de titre(s). Cela reste valable ?

Oui! Il n’y aura pas de tome 2! Ce n’était pas le but. Je voulais parler de mon expérience. Pas de mes succès.

Je rêve d’aller à Naples (…) J’avais été déçu par l’ambiance à Liverpool

Quel aura été le moment le plus réjouissant de ces célébrations ?

Quand j’ai pu prendre mes enfants et mon épouse dans mes bras. Et aussi quand j’ai vu ma grand-mère. Elle a 81 ans. Elle vient sur tous les matches, y compris ceux de la sélection. Elle était émue par ce titre parce qu’elle sait mon parcours. En septembre, elle m’a dit : « Ça va être compliqué cette année« . Je lui ai répondu : « Calme, mamie, ce n’est que le début de saison« . Et là, après le match conte La Gantoise, elle m’a dit : « Tu avais raison, finalement« . Je n’ai pas pu m’empêcher de lui demander : « Mais mamie! T’as attendu que j’aie 35 ans pour me faire confiance?« .

Votre grand-mère vient sur tous les matches ?

Elle nous a même suivis, avec l’Union, sur des matches européens. Comme à Braga. Là, contre la Slovénie et l’Irlande, elle sera là. Elle me suit depuis que je suis tout petit.

Elle non plus, ne croyait pas à ce play-off parfait que vous avez sorti ?

C’était une question de moment. Ce n’est pas toujours la meilleure équipe sur le papier qui l’emporte. Mais celle qui est la plus en forme. Celle qui a l’état de grâce. C’est le discours que j’ai tenu à mes coéquipiers avant que ce play-off ne commence. Après, j’entends que Bruges avait la meilleure équipe cette saison. Ça veut donc dire que la meilleure équipe du pays a eu cinq matches contre nous pour le prouver et nous battre, mais on a fait trois nuls et deux victoires, contre eux.

De quoi rêvez-vous, en Ligue des champions ?

Je m’en fous.

Vraiment ?

Si je dois en choisir juste un, je rêverais d’aller à Naples parce que j’ai vu les célébrations du titre et c’est une terre qui pue le foot. Encore plus que l’Angleterre. J’avoue avoir été finalement assez déçu de l’ambiance à Liverpool. Et puis ma grand-mère a besoin de soleil.

Gerson? Ce n’est pas à moi de prendre parti

Donc quand la presse belge parle d’intérêt de clubs de Ligue 1 vous concernant, il vaut mieux suivre la piste menant à la Côte d’Azur et à Nice qu’aux terrils et à Lens ?

Je ne vais pas dire que ces questions ne sont pas dans mon esprit mais pour le moment, ce sont surtout des jeux d’agents et de journalistes. Il y a du fondé et de l’infondé. Moi, je me laisse vivre. On verra bien quel genre de projet on me propose. Maintenant, je ne vais pas vous cacher que la C1, c’est un rêve de gosse. C’est en montant sur le terrain sur un match comme ça que j’aurai l’impression d’avoir vraiment fait une carrière. Impossible d’aller au-dessus de ça. Dans mon esprit, tu es légitime à te dire footballeur quand tu as joué la Champions League. Il n’y a rien de mieux!

Cela veut-il dire que vous avez changé d’avis sur le fait que les clubs belges ne sont plus au niveau pour la jouer  ?

J’avais dit ça parce qu’il y avait visiblement un complexe d’infériorité qui fait que ce n’était plus la peine d’y aller. Les équipes partaient battues d’avance. Mais je sais qu’à nous, l’Union, cela n’arrivera pas. On l’a prouvé en Europa League. Alors, je suis heureux qu’on puisse se tester à ce niveau. Surtout que seuls deux ou trois joueurs partiront mais que le reste, l’absence de transferts sortants, sera compensée par les rentrées de la C1.

Ces deux matches internationaux, alors que vous seriez sûrement bien en vacances, ça ne vous embête pas ?

Les amicaux de juin, j’adore : ça me permet de clôturer la saison. J’en profite pour poser les fondations de la suivante en regardant des rushes vidéos de l’année qui vient de passer afin de voir ce que je dois améliorer. Je fais ça seul, dans ma chambre.

Combien d’heures ?

Je ne sais pas. Quand on aime, on ne compte pas.

Vous n’avez pas peur que les débats autour de la présence de Gerson Rodrigues en sélection vous plombent le rassemblement ?

Non. Parce que ce n’est ni à moi ni aux autres joueurs de prendre parti. Il y a des gens qui ont pris une décision. Ils sont assez grands et réfléchis pour le faire en leur âme et conscience. Ils ont fait leurs choix. Moi, j’ai juste à faire mon travail.