Revenu de très loin grâce à une phase retour époustouflante, qui lui permet d’entrevoir la L1, le FC Metz n’a plus qu’à finir le travail, ce soir contre Bastia.
«Je ne vais quand même pas dire qu’on joue le maintien, mais c’est clair que jouer la montée devient un rêve, parce qu’on est vraiment très loin.» La citation est signée Matthieu Udol et elle renvoie au 24 octobre 2022, dans les coursives d’un stade Océane où le FC Metz venait de concéder son sixième revers de la saison, en seulement treize journées. Relégués, ce soir-là, à onze points des premières places, les Messins avaient, semblait-il, dit adieu à la Ligue 1. Et le fameux «Dans le football, tout est possible» lancé par Laszlo Bölöni sonnait alors comme un vœu pieux, voire un déni de la réalité.
Un peu plus de sept mois plus tard, il faut pourtant le reconnaître : malgré le scepticisme de son auditoire, le technicien roumain avait raison. Tout est possible dans le football et son équipe l’a admirablement prouvé. En renouant avec la confiance, au gré d’une victoire pénible à Raon-l’Étape en Coupe de France, début novembre, elle est doucement sortie de la léthargie qui l’accompagnait au Havre. Jusqu’à réussir l’impensable, vendredi dernier à Sochaux : passer devant Bordeaux à la différence de buts. Étirer l’espoir jusqu’à cette 38e journée était déjà une performance en soi, mais l’aborder en position de force relève de la prouesse.
«Pas envie de passer pour un con»
«C’est le joker qu’on a obtenu après une série extraordinaire, dont on ne rêvait pas trop. Mais on l’a réalisée. Ce qu’on a fait… Chapeau!», lance l’entraîneur messin. «Ça nous a amenés dans une situation favorable, mais pas suffisamment nette pour souffler.» Il est trop tôt pour le faire : ses joueurs doivent finir le boulot, ce soir contre Bastia, pour plonger leurs supporters dans la liesse. La pression se situe là : l’énorme engouement observé sur cette fin de saison traduit l’espoir de tout un peuple, qui pourrait paralyser les plus fragiles. «C’est tout ce qu’on ne veut pas! Il ne faut pas penser à un mauvais résultat, il faut juste garder les bonnes pensées», répond Fali Candé. «Cette saison, on était toujours derrière Bordeaux, mais on n’a pas lâché. On a toujours continué à travailler pour avoir cette opportunité et maintenant, on l’a et il faut en profiter», insiste le défenseur bissaoguinéen.
En profiter face à une formation bastiaise que certaines mauvaises langues girondines prétendent démobilisée. L’excellent match du Sporting, il y a une semaine face au leader havrais (1-1), en dit pourtant long sur l’état d’esprit de ce surprenant quatrième. «On ne peut pas empêcher les gens de parler», soupire son coach, Régis Brouard. «On a joué plus que le jeu contre Le Havre et ce sera le cas à Metz aussi. Tout le monde parle pour ne rien dire, la vérité du terrain parlera. Quand vous vous retrouvez au milieu du terrain devant 25 000 personnes, vous n’avez pas envie de passer pour un con.»
Le constat vaut aussi pour les Messins, qui n’ont pas le droit de s’écrouler si près du but. À ce titre, «les derniers mètres seront les plus difficiles à faire», prévient Laszlo Bölöni. Même s’il manie parfois la langue de bois, le Roumain a prouvé, notamment le 24 octobre, qu’il sait de quoi il parle.
Angelo Salemi