Le timing réduit dont disposera le nouveau sélectionneur portugais pour préparer le déplacement au Luxembourg pourrait faire le jeu des Roud Léiwen, fin mars.
Une carrière de footballeur est assez courte, et il n’est donc jamais trop tôt pour penser à l’après. Dans cette optique, les plus chevronnés des Roud Léiwen et leur sélectionneur feraient peut-être bien de considérer avec sérieux l’éventualité de se reconvertir comme guides touristiques dans l’Algarve : pour la troisième fois (en cinq déplacements) de l’ère Holtz, après 2011 et 2021, leur match face au Portugal le 11 septembre, comptant pour les éliminatoires de l’Euro-2024, aura lieu à Faro.
La perspective est toutefois encore assez lointaine. Cinq rencontres qualificatives séparent en effet Luxembourgeois et Portugais de cette échéance désormais traditionnelle. Dont une, dès le 26 mars, qui ressemble presque à une opportunité unique, pour Holtz et ses ouailles, d’enfin accrocher le champion d’Europe 2016 : un stage d’une semaine et un match dénué de suspense face au Liechtenstein peuvent-ils suffire à Roberto Martinez pour poser sa patte sur la Seleçao?
Former un groupe, «le plus difficile»
Conscient de la difficulté, dans le calendrier actuel, de façonner une équipe nationale à sa guise, Luc Holtz n’en est pas certain. L’Espagnol a beau être «un coach de très haut niveau, il l’a prouvé en Angleterre et avec la Belgique», «un personnage au charisme très fort», soit «un très bon choix» à ses yeux, d’ici à mars, «aura-t-il le temps de mettre en place ce qu’il souhaite?». Pas dit.
Dans son entreprise, Martinez dispose de trois atouts qui font encore et toujours de son Portugal une équipe «hors lot» dans ce groupe J qui comprendra également la Bosnie, l’Islande, la Slovaquie et le Liechtenstein : «des joueurs de grand talent», évidemment, «un réservoir énorme» et «un groupe déjà en place». Ce qui, dans le troisième cas, lui enlève une sacrée épine du pied, pour peu qu’il s’appuie sur le gros de l’effectif présent cet hiver au Qatar, former un groupe étant justement pour Holtz «le plus difficile».
Mais pour ce qui est de régaler, ce que tout le Portugal attend après huit années de purges sous Fernando Santos, il faudra sans doute repasser. «Avec ces équipes-là, les gens exigent de l’entertainment, du beau football, un jeu offensif, des buts et les résultats en plus, mais il faut faire avec les joueurs que tu as», défend Holtz. Ce n’est pas que les entraîneurs ne veulent pas faire le spectacle, mais si tu as les joueurs pour jouer la transition et que c’est la meilleure manière d’avoir un résultat, certains comme Santos font ce choix.» Et ce n’est pas l’issue de l’Euro-2016 qui lui donnera tort.
Le Portugal avec un système «belge»?
Au-delà des hommes, ce pragmatisme dont le sélectionneur français, Didier Deschamps, a également fait sa religion tient aussi et surtout, on l’a dit, à la dimension temps. «Le grand souci des sélectionneurs, rappelle le boss des Roud Léiwen, c’est qu’on a les joueurs cinq fois dans l’année, sur des périodes de 10 à 15 jours. Quand ils arrivent, ils ont l’habitude de jouer dans différents systèmes, avec des automatismes différents et en quelques jours, tu dois les faire jouer dans un autre système, dans d’autres animations. Produire du spectacle pour une sélection, c’est difficile.»
Avec la Belgique, 3e du Mondial-2018 et n° 1 au classement Fifa durant 42 mois (octobre 2018-mars 2022) sous son mandat (2016-2022), Martinez y était parvenu, et Holtz y voit là la marque d’un «très grand entraîneur» dont il «reste persuadé qu’il va donner ce petit plus» au Portugal qu’il n’avait pas forcément avec Santos. Mais peut-être pas dès mars, on l’aura compris. «À nous, résume-t-il, de profiter d’un Portugal peut-être un peu moins au point.»
Reste que l’intronisation du Catalan «change la donne» et brouille aussi la préparation du duel côté luxembourgeois. «Avec la Belgique, il a joué avec un système différent du Portugal ces dernières années, note le sélectionneur grand-ducal. On va se préparer à tous les scénarios, donner le maximum de messages aux joueurs, essayer de se tromper le moins possible. Après, on sait que ce sont deux matches à part, car leur équipe reste au-dessus. On va essayer d’en profiter pour continuer à s’améliorer, se développer.» Et revenir d’Algarve avec quelques tips, on ne sait jamais.