Quatre jours après leur défaite contre la Slovénie, les Rout Léiwen reçoivent ce soir l’Irlande, toujours en match amical, et dans un contexte toujours très pesant.
Entre ses trois langues officielles, sa population cosmopolite ou ses bars et restaurants de la capitale où l’on accueille spontanément les clients en anglais, le Luxembourg est un pays multilingue par excellence. Luc Holtz et Marc Diederich en ont encore fait la démonstration hier après-midi lors de la conférence de presse précédant la venue de l’Irlande, ce soir (20 h 45) en match amical. À chaque question sur la présence en équipe nationale de Gerson Rodrigues et sur l’enlèvement des banderoles hostiles à l’attaquant et à la FLF, vendredi lors de la réception de la Slovénie, le sélectionneur des Rout Léiwen et le chef de presse de la Fédération ont répondu inlassablement la même chose, en luxembourgeois, en français ou en anglais (selon la nationalité de leur auteur) : «on ne se concentre que sur le terrain, pas sur ce qui se passe autour.»
Une telle redondance n’était pas sans rappeler celle de Patrick Bialès, le commissaire campé en 1994 par Gérard Darmon dans La Cité de la peur, lorsqu’il intime à tous les journalistes et dans plusieurs langues de «laisser la police faire son travail». À ceci près que la répétition n’avait, cette fois, absolument rien de comique, chose que nos homologues irlandais, outrés par la ligne de défense de la FLF, ont bien pris soin de signifier à Marc Diederich (chargé de la traduction des réponses de Luc Holtz), pendant et après la conférence de presse.
Gerson Rodrigues devrait enchaîner
Si Seid Korac, également présent face aux médias, a fait le choix de ne pas s’exprimer au sujet de ces banderoles (et de son avenir personnel en club), le feu entourant la sélection nationale depuis l’annonce fin mai des joueurs convoqués pour ce rassemblement, et attisé entre-temps par le boycott par la FLF et Luc Holtz de l’un de nos confrères, n’a vraisemblablement aucune chance de s’éteindre dès le coup de sifflet final de Luxembourg-Irlande et de cette fenêtre internationale. Mais pour l’heure, c’est sur le sportif que le sélectionneur et ses hommes veulent donc se focaliser, à trois mois de leur entrée en lice dans les éliminatoires du Mondial-2026 contre l’Irlande… du Nord (le 4 septembre). Et donc être jugés? Soit, mais il faudra une masterclass collective pour faire oublier tout le reste, et encore : ce ne sera que pour quelques heures tout au mieux.
Que dire, donc, de ces retrouvailles entre les Rout Léiwen et les Boys in green, un peu plus de quatre ans après l’exploit luxembourgeois en terres dublinoises (0-1) dans le cadre des qualifications au Mondial-2022? Que les Irlandais, à la façon de leurs voisins, «mettent de l’intensité dans tout ce qu’ils font, les duels, les courses, les enchaînements avec le ballon», sont aussi «très intéressants et rapides dans les transitions», n’autorisent donc que «peu de temps de relâchement, sinon ils font très mal», et exigent fatalement «beaucoup de courses». Mais aussi que Gerson Rodrigues, le héros de l’Aviva Stadium en mars 2021, en sera.
Car entre le préserver en raison du contexte extrêmement lourd de cette partie dont il est à l’origine, ou l’exposer en vue du mercato estival et le maintenir dans le coup dans l’optique des éliminatoires, Luc Holtz a fait son choix. «À partir du moment où il est dans le groupe, il entre en compte pour la constitution du onze de base, a expliqué le sélectionneur. Après, il y a bien sûr des réflexions, surtout par rapport à son état physique car il était resté quasiment deux mois sans jouer. Après avoir eu 90 minutes vendredi, comment sera-t-il? N’y a-t-il pas un risque de rechute? C’est la question qu’il faut se poser. Pour ce qui est du mental, la situation n’est pas très différente de vendredi.» Pour ce qui est de la morale non plus.