Nos confrères du Land ont posé la question, ce vendredi, de la valorisation du football féminin. Ce qui a suscité une autre question, chez nous : est-ce quantifiable aussi auprès des salariés de la FLF?
Les Lionnes sont revenues du Kazakhstan il y a moins d’un mois, tout auréolées de gloire et d’une montée en Ligue B, mais pas assez fêtées à leur goût (ce qui est parfaitement audible), au point de provoquer une question parlementaire sur la place des féminines dans le monde sportif luxembourgeois. Le contexte n’est pas lourd, mais il invite officiellement à la réflexion : la fédération donne-t-elle vraiment tout ce qu’il faut à ses dames? Surtout la considération.
Curieusement, c’est au fil d’un papier dans le Land du jour que l’on a trouvé matière à réflexion parce que la question n’avait jamais été abordée frontalement : celle des primes, par exemple. À demi-mot, ces dames estiment le ratio à 100 pour 1 000. Mais c’est à la louche.
«Je ne peux pas en vivre»
Et cela nous a fait nous poser la question : mais au fait, combien diable Dan Santos, DTN pour les dames du pays et sélectionneur gagne-t-il? Réponse de l’intéressé, qui conserve son travail en plus de ses deux autres postes, dont celui de directeur technique qui vampirise 20 heures par semaine : «Je ne peux pas en vivre.» Le salaire minimum étant à 2 600 euros brut, Santos possède un salaire net largement en dessous et doit prendre sur ses congés pour les semaines avec des matches au programme.
Concrètement, le Luxembourg est un pays qui développe son football féminin, mais où l’homme fort, qui gère 150 demoiselles et 15 coaches, se dit que les résultats chez les dames pourraient être encore plus spectaculaires, mais «en ne faisant que ça».
C’est un fait, pourtant, qu’à Mondercange, on n’a jamais envisagé un poste en CDI (NDLR : comme Manou Cardoni, qui gère le centre de formation de Mondercange) pour les dames. Faisable? Il est sans doute encore trop tôt et il semblerait de toute façon inenvisageable de confier ce genre de poste à un entraîneur luxembourgeois sans l’assortir d’une certaine sécurité de l’emploi. «Pour en arriver là, relève Santos, il faudrait que les dames puissent s’autofinancer. Actuellement, les hommes, avec les droits télé par exemple, font vivre la FLF et son secteur féminin. On commencera à nous regarder différemment quand on fera de l’argent.»
«La FLF vide ses poches pour nous»
C’est qu’à l’heure actuelle, avec les montants versés par l’UEFA pour subvenir à l’encadrement des Lionnes, mieux vaut ventiler la somme pour avoir l’encadrement le plus large possible que de tout mettre sur une tête. Question de logique et d’altruisme. Le collectif (c’est-à-dire un staff performant) avant des salaires plus élevés.
Mais la fédération «investit 1,2 million par an pour nos jeunes filles et c’est énorme», rappelle Dan Santos, d’autant que ce montant, selon nos informations, n’est même pas financé au tiers par l’UEFA. «La FLF vide ses poches pour nous.» La situation des femmes dans le football au niveau fédéral, c’est donc bien plus compliqué que le salaire du coach qui se trouve au sommet de la pyramide. Même si sa situation, pour l’instant, ressemble littéralement à du bénévolat de passionnés.