Après le mouvement de grève entamé par les joueurs du Swift, dimanche, contre Mondorf, la LFL a tenu à prendre position. Pour dire qu’elle comprend les joueurs… mais que les clubs se désolidarisent de la méthode.
Il fallait s’attendre à une prise de position. Face à une situation qui fragilise les efforts des clubs pour rendre leur championnat crédible et le monétiser auprès d’annonceurs, la grève hesperangeoise, dimanche, une première terrible dans ce siècle, la Ligue a tenu à réagir. Compatissante d’un côté, mais extrêmement ferme de l’autre. Elle comprend, mais elle condamne.
Et son communiqué, issu d’une réunion tenue lundi soir, est un modèle du genre. Il brosse tout le monde dans le sens du poil et… tape sur tout le monde sans distinction. «Le respect des engagements contractuels est un principe fondamental (…) Chaque club a la responsabilité juridique et morale de tenir ses engagements de tenir ses engagements envers ses joueurs». Et voilà : une pierre dans le jardin du Swift, pointé du doigt par son effectif comme mauvais payeur.
Et c’est un peu pour le dédouaner que les quinze autres clubs de l’élite rappellent au public qu’eux aussi, dans un contexte économique tendu, pourraient bien être confrontés à d’éventuels défauts ou retards de paiement : «Chacun doit comprendre que tous les clubs vivent (…) des difficultés financières croissantes dues à l’incapacité de leurs partenaires d’honorer leurs engagements». C’est d’ailleurs bien parce qu’ils ont tous été confrontés à ce genre de problèmes que les clubs de BGL Ligue sont obligés de s’épancher avec commisération sur la situation des joueurs hesperangeois. Pour éviter que leur action ne fasse tache d’huile? «Nous tenons aussi à souligner que nous comprenons et compatissons pleinement avec les joueurs du Swift».
Les grévistes sont des pestiférés pour les clubs de DN
Compréhension. Compassion. Mais pas absolution. Les clubs ne supportent pas la situation de marasme total dans laquelle cet événement majeur les a tous plongés. «La méthode choisie», «le chantage»… sont, aux yeux de la LFL une «forme de pression» et elle est «totalement inappropriée», voire «en parfait désaccord avec les valeurs du sport en général». Cela veut-il dire que, selon les dirigeants des clubs de l’élite, il y avait d’autres moyens à faire valoir? Ce communiqué ne le dit pas. Mais il est bien plus cinglant envers les joueurs qu’envers leur comité : «Ce n’est pas que l’image du Swift qui a été ternie par ces faits, mais celle du football luxembourgeois dans son ensemble (…) En outre, le championnat est faussé».
Mais la Ligue va encore un peu plus loin, anticipant une éventuelle volonté de désertion massive des joueurs hesperangeois cet hiver. Solidarité oblige, ils s’interdisent, tous, d’engager les fautifs dans le cadre de futurs contrats. Pestiférés, les joueurs du Swift? C’est peu de le dire : «Étant donné que nous ne pouvons en aucun cas cautionner une quelconque forme de chantage, nous tenons à souligner clairement que, s’il y a des joueurs qui essaient par ce biais de mettre fin à leur contrat avec le Swift Hesperange, ils ne seront pas repris dans l’effectif d’un autre club de la LFL durant la période hivernale de transfert à venir. Ceci vaut pour chacun des joueurs du Swift qui a figuré sur la feuille de match et qui a refusé de jouer». Bref, les voilà pestiférés au pays, au moins pour le mois à venir.
Julien Mollereau