Luc Holtz a perdu coup sur coup Dan Da Mota, laissé de côté au Racing, et Dave Turpel, opéré jeudi du ménisque. Voilà qui plombe l’une de ses options de jeu pour la fin d’année.
En deux semaines, tout un pan très spécifique de l’offre offensive des Roud Léiwen se retrouve par terre. Dans un tout petit peu plus d’un mois, après un amical qui sera très utile contre Sarrebruck, la sélection nationale disputera à Bakou son premier match international depuis le 17 novembre et la venue du Portugal (0-2), soit dix mois sans compétition. Et elle repartira au combat sans Dave Turpel ni, très vraisemblablement, Dan Da Mota. Alors qu’Aurélien Joachim vient d’annoncer sa retraite internationale au sélectionneur, Turpel a été opéré, jeudi, et ratera les trois prochains mois de compétition après que les médecins ont préféré recoudre le ménisque du néo-Hesperangeois plutôt que d’enlever le morceau qui a lâché. «La Nations League, pour lui, c’est mort», regrette déjà amèrement Holtz. On ose à peine imaginer la déception des supporters du Swift…
Le sélectionneur devra aussi faire sans l’un de ses autres cadres majeurs depuis ces dernières années, Dan Da Mota, s’il se confirme que l’ailier du RFCU reste mis au placard par son club. Au-delà des spéculations d’usage sur les raisons profondes qui ont conduit à cette situation d’un international mis à l’écart, il ne reste plus qu’à celui qui l’a lancé à Etzella il y a 18 ans déjà à manifester son désaccord.
«D’après mes infos, il y a quand même un souci contractuel. On place le joueur dans une situation délicate, y compris médiatiquement, et cela ne devrait pas arriver. Mais il est vrai que s’il ne joue pas vite, ce ne sera pas difficile de postuler avec nous, mais carrément impossible.» Or c’est vers cela que se dirige la sélection : les absences conjuguées d’un jeune retraité, d’un convalescent et d’un mis à l’écart qui pèsent, ensemble, la bagatelle de 228 sélections et 24 buts.
Jouer uniquement la possession ?
Ce qui embête le sélectionneur, au-delà d’un Joachim qu’il ne peut de toute façon plus récupérer, c’est de voir son secteur offensif amputé d’un profil très précis incarné par les deux autres grands absents, «la puissance et la vitesse». «Et cela va terriblement nous manquer si jamais nous devons à un moment jouer le contre plutôt que la possession parce que ce genre de joueurs, on n’en a pas des tonnes.»
Il y a bien le jeune Curci, appelé contre le Portugal l’an dernier et qui dispose de caractéristiques identiques, mais qui a connu une saison compliquée avec les U19 de Mayence. «Quel niveau a-t-il aujourd’hui, après de longs mois sans compétition, comme de nombreux joueurs ?», s’interroge encore Holtz.
Les Roud Léiwen vont sans doute devoir jouer la possession et uniquement la possession dans leur groupe 1 de la Ligue C, avec l’Azerbaïdjan, le Monténégro et Chypre. Mais c’est bien plus facile à dire qu’à faire, surtout quand les automatismes ont été détricotés par quasiment un an sans rassemblement international.
Restent quelques certitudes, tout de même. Avec un Danel Sinani déjà à l’ouvrage depuis un bon mois à l’entraînement avec son nouveau club de Norwich. Avec un Maurice Deville qui vient de retourner à Sarrebruck où le coach, Lukas Kwasniok, le voulait absolument, ce qui semble lui garantir de partir en tant que titulaire. Avec, aussi, ses deux starlettes des couloirs dont on attend de savoir quel avenir se dessine pour elles.
Gerson Rodrigues victime de son contrat
Et à ce sujet, faute d’alternatives, Luc Holtz devient combatif et mordant à souhait. Vincent Thill ? «Il a pris sept kilos. Je n’attends plus qu’une chose : le moment où il va véritablement exploser. On ne veut pas trop de lui à Metz, on le lui a dit, alors j’espère qu’il va vite trouver un club avec une philosophie de jeu qui lui convienne. Parce que du point de vue athlétique, il a énormément progressé et qu’au niveau technico-tactique, il n’a rien à envier à personne à Metz.»
Gerson Rodrigues ? «Je l’ai eu en séance individuelle au CFN et c’était très impressionnant. Il a franchi deux à trois échelons. Il va plus vite, avec et sans ballon et dans son exécution, il est plus précis dans tout. Quant à ses problèmes, on n’est pas au courant de tout. Quand un club se retrouve dans une situation financière telle qu’il n’est plus en mesure d’honorer ses engagements envers le club prêteur et qu’on met tout sur le dos du joueur sans qu’il ait le droit, contractuellement, de dire ses vérités aux médias, c’est facile de lui taper dessus.»
Une page commence à se tourner et les garçons qui émergent depuis environ trois saisons vont devoir prendre la main sans le filet que représentaient les anciens, formés à un tout autre football. «Ça me tracasse», avoue Holtz. Mais on le sent bien : pas plus que ça pour l’instant.
Julien Mollereau
Plus de joueurs que d’habitude pour aller en Azerbaïdjan, au cas où ?
En cas d’hécatombe liée à des cas positifs à Bakou, Luc Holtz voudrait couvrir ses arrières en prenant plus de joueurs que d’habitude.
Le 5 septembre, les Roud Léiwen s’élanceront à Bakou dans le début de la seconde édition de la Nations League. Un sacré déplacement en pleine épidémie de coronavirus et de mesures sanitaires strictes imposées par l’UEFA. Une «organisation dingue», dixit Luc Holtz, qui, au fil de deux entrevues avec son staff médical, a acquis la certitude qu’il faudrait faire tester ses gars au moins cinq fois en une dizaine de jours, histoire de s’assurer que le Covid n’infiltre pas son groupe.
«On ne peut pas se permettre le luxe d’un seul cas positif, admet le sélectionneur. Sinon, on peut fermer la baraque parce que si l’un de mes joueurs est positif, plusieurs risquent de l’être. C’est pour cela qu’on rajoutera peut-être un ou deux joueurs de plus à la liste. Au cas où…»
En tout cas, sur place, la fédération a d’ores et déjà réservé tout un étage pour les seuls besoins de l’équipe, à Bakou.
J. M.