Leandro Barreiro, encore buteur en Ligue des champions, contre Naples (2-0) cette fois, est en train de changer de statut pour de bon, à Benfica. Jeff Strasser acte d’ailleurs l’évidence.
La veille de Benfica – Naples, deux semaines après avoir tué le suspense à Amsterdam d’une frappe en lucarne contre l’Ajax (0-2), Leandro Barreiro était en conférence de presse aux côtés de José Mourinho avant cette «deuxième finale consécutive» pour espérer rallier les barrages. Confronté à toutes les gentillesses que le technicien le plus célèbre de la planète football a pu égrener sur lui ces dernières semaines, l’Erpeldangeois est resté dans son registre habituel : «Cela fait plaisir et cela donne confiance d’entendre des choses positives du « Mister », mais il faut continuer à travailler».
Réussir à placer son mot préféré (travail) dans une réponse qui nécessitait juste de lui qu’il se réjouisse d’être devenu incontournable sous les ordres du Special One – soit l’un des techniciens les plus exigeants de ce siècle – situe bien l’évidence : Barreiro n’a pas l’impression d’être arrivé quelque part.
«Il m’avait dit qu’il voulait s’imposer»
Au risque de le contrarier, il y a pourtant une autre évidence, bien plus forte : il est devenu titulaire, à Benfica, d’où il ne sort plus du onze de base, depuis un mois, même quand un turnover pourrait s’imposer. Et aligné d’entrée lors du choc contre le Sporting quelques jours plus tôt, en championnat, il a montré pourquoi sa capacité à répéter les efforts forçait Mourinho à lui faire confiance aussi face au deuxième de Serie A. En inscrivant notamment un but superbe, d’une talonnade géniale au premier poteau, pour clôturer un mouvement benfiquiste d’envergure.
Devant son écran, son sélectionneur, Jeff Strasser, a énormément apprécié : «Lors du dernier rassemblement, il m’avait dit qu’il voulait s’imposer dans son club. Et il réussit. Quand tu t’imposes avec un nouvel entraîneur, quand tu es performant en Ligue des champions, la meilleure compétition de clubs de la planète et en plus contre des adversaires de renommée, ton statut change dans ton club. Cela se voit par ton temps de jeu. J’espère que cela va continuer mais je sais aussi que « Leo », c’est un hargneux, un bosseur».
Strasser sait-il déjà que c’est au statut de coqueluche des fans encarnados que « Leo » peut aspirer, désormais? «Il évolue dans une position un peu plus haute à laquelle il lui fallait s’habituer. Mais il a un grand volume de courses, beaucoup de projections pour étirer les lignes, ouvrir des espaces, créer des zones de finition et ça fait du bien à son équipe.» Cela commence surtout à se remarquer de l’extérieur.
Impliqué sur neuf buts en trente matches
Finie, cette période de latence où Barreiro était l’homme des entrées en jeu de la dernière demi-heure. Il s’est rendu indispensable. On pensait déjà que c’était sur le point d’arriver la saison passée à pareille époque, mais c’est enfin en train de se matérialiser. Car ses statistiques disent qu’il est encore plus performant dans les grandes compétitions. Déjà deux fois buteur en quatre rencontres au Mondial des clubs (un doublé contre Auckland), l’été dernier, le milieu de terrain n’a plus frappé, depuis, qu’en C1. Auteur de cinq passes décisives dans les compétitions domestiques, il est, cette saison, impliqué sur neuf buts en trente matches.
Mieux : le club lisboète ne semble performant que quand il est sur le terrain dans la compétition reine. En barrages, il n’était pas titulaire en Turquie, contre Fenerbahçe, pour un match nul 0-0. Mais il l’était, au retour, pour une qualification arrachée sur la plus courte des marges (1-0). Le Benfica a ensuite lancé sa campagne de groupe sur quatre défaites consécutives face à Qarabag (2-3), Chelsea (1-0), Newcastle (3-0) et Leverkusen (0-1) et il n’était titulaire que contre les Allemands. Mais c’est bien avec son Luxembourgeois sur le champ qu’il a renversé l’Ajax puis Naples.
Fin janvier, la Juventus Turin et le Real Madrid seront sur la route des Portugais. Luciano Spalletti et Xabi Alonso devront-ils faire une partie de leur speech sur le danger représenté par un remuant petit Luxembourgeois? Et combien vaudra-t-il alors, lui qui était toujours estimé à 15 millions d’euros malgré son statut de joker de luxe?