BGL LIGUE (11e JOURNÉE) Balayé le 1er mai dernier au Nosbaum, Hesperange avait besoin de devenir une équipe pour rivaliser avec le F91. Est-ce déjà le cas?
Les trop rares fois où les joueurs sortent des sentiers balisés devant les micros, il est rare que cela ne laisse pas une trace. Il y a six mois, Cédric Sacras, l’expérimenté latéral du Swift, venait de voir le titre de champion filer sous le nez de son club après une défaite extrêmement méritée contre Dudelange (1-0), aboutissement logique d’une bonne dizaine d’occasions franches pour les hommes de Carlos Fangueiro, d’une barre transversale et de deux penalties non sifflés : «Il n’a pas manqué un petit quelque chose, il a manqué un grand quelque chose. Dudelange, c’est une équipe qui joue ensemble. Pas nous. Et ça s’est remarqué. Il nous manque des automatismes, un fond de jeu». C’était un 1er mai et tous les Hesperangeois doivent encore se souvenir du sentiment d’impuissance qui a dû, tous, les traverser ce jour-là, au stade Jos-Nosbaum.
Hesperange « reste en construction*
On est en novembre et ce n’est pas encore forcément le titre 2023 qui se joue (encore que), mais la question se pose de la même manière qu’en mai. Le Swift, placé par Flavio Becca entre les mains d’un bâtisseur de la trempe de Pascal Carzaniga, a-t-il déjà pu combler une partie de l’énorme retard qu’il accusait au printemps sur un club qui, lui, se construit patiemment depuis plus deux ans? Suffit d’écouter les techniciens du pays pour comprendre qu’a priori… non, pas encore. Il est trop tôt.
«Si on raisonne en termes d’individualités, c’est le Swift, annonce Carlo Trierweiler, l’adjoint de Lars Schäfer à Hostert. Mais avec moins de moyens, le F91 travaille mieux. Ils nous avaient plus fait souffrir.» Même analyse pour Manuel Correia, à Mondorf : «Dudelange est plus une équipe que Hesperange, qui reste en construction. Le premier, c’est huilé, tout le monde sait où courir et partage la même philosophie de jeu. Le second se cherche encore.»
Dudelange est plus une équipe que Hesperange
Il n’y a qu’un parallèle très relatif à établir avec la fin de saison dernière. À l’époque, tout le football luxembourgeois s’excitait sur les courbes de forme de l’un et de l’autre. Parce qu’avec deux points d’avance au coup d’envoi, le F91 sortait de deux défaites consécutives et pouvait perdre la tête du championnat à trois journées de la fin, en cas de défaite.
Parce qu’avec une série d’invincibilité qui l’avait vu prendre 29 points sur 33 possibles lors des matches retour, le Swift pouvait croire à un miracle : après tout, il venait de reprendre 7 points au leader sur le début de printemps. C’était l’histoire du mois de mai, celle de novembre est différente et aujourd’hui, il n’est question que d’une chose : savoir qui restera invaincu.
Quelle équipe pour leur arracher des points ?
Ce n’est en effet plus une domination de la BGL Ligue que s’offrent les deux clubs. C’est carrément un écrasement, un laminage en règle façon duel entre Manchester City et Liverpool, en Premier League, lors de la saison 2018/2019. Souvenez-vous : les deux clubs british avaient terminé avec respectivement 26 et 25 points d’avance sur le 3e, Chelsea et il y a fort à parier que c’est de cette ampleur que sera l’écart, en mai 2023. Il y a trois saisons, en Angleterre, les Blues avaient battu les Reds pour un petit point et une partie de cet écart s’était construite sur les confrontations directes : nul à Anfield (0-0), victoire de Guardiola et de ses gars à l’Etihad (2-1).
C’est à cela que pourraient être réduits F91 et Swift : à se départager sur deux matches tant quasiment personne ne parvient à leur arracher de points. Le seul qui y soit parvenu, c’est Pétange, lors d’un 3-3 d’anthologie au Holleschbierg. Et Yannick Kakoko, dont le Titus est le seul héros du début de saison, ne s’en étonne pas : «Ça ne m’étonne pas du tout que les autres clubs aient autant de mal. Les battre, c’est possible, mais ils sont quand même très impressionnants.» Autant l’un que l’autre? Ou avantage F91?