Accueil | A la Une | [Football] Le Kaïrat Almaty, le club du bout du monde au défi du Real Madrid

[Football] Le Kaïrat Almaty, le club du bout du monde au défi du Real Madrid


L’attaque du club kazakh est notamment emmenée par le Portugais Jorginho, passé pendant 18 mois par le FCD03.

Tout ce qu’il faut savoir sur le club kazakh de l’ancien buteur differdangeois Jorginho Monteiro, qui défie mardi le plus grand club du monde lors de la 2e journée de Ligue des champions.

Attraction-surprise, le modeste club kazakh de Kaïrat Almaty, situé au sud-est du Kazakhstan, à près de 300 km de la Chine, va vivre son premier match de Ligue des champions à domicile demain face à l’illustre Real Madrid, une rencontre totalement incongrue.

Un tour du monde en C1

Battu 4-1 par le Sporting Portugal lors de la première journée, le Kaïrat a quand même établi un record : celui de la plus longue distance parcourue par un club en Ligue des champions, avec 6 900 kilomètres à vol d’oiseau entre Lisbonne et Almaty. À l’issue de la phase de ligue, les joueurs de la première ville du Kazakhstan auront accompli l’équivalent d’un tour du monde avec environ 45 000 kilomètres au compteur, soit plus que la circonférence terrestre.

Se rendre là-bas pour les équipes européennes représente un défi logistique. Le Real Madrid a par exemple fait une dizaine d’heures d’avion pour rejoindre l’Asie centrale. De quoi longuement ruminer le derby lourdement perdu contre l’Atletico (5-2) samedi. Avec un stade à 850 mètres d’altitude, au pied de montagnes pouvant tutoyer les 5 000 mètres, «l’air est vraiment différent, ça a un impact», témoignait mi-septembre le défenseur du Kaïrat Luis Mata. À cette particularité s’ajoute la pollution, parfois extrême à Almaty, susceptible de perturber les visiteurs.

Des joueurs inconnus

Si ce match avait été disputé en Ligue des champions de futsal, le Real aurait pu se méfier du Kaïrat, l’un des meilleurs clubs européens. Mais au foot à onze, les Madrilènes auront du mal à reconnaître un nom sur la feuille de match de l’équipe d’Almaty, qui pointe à la 315e place à l’indice UEFA et dont l’ex-joueur le plus célèbre est l’ancien attaquant international russe Andreï Archavine, passé par le club anglais d’Arsenal au début des années 2010.

La différence est abyssale : selon le site spécialisé Transfermarkt, l’effectif du Real est évalué à 1,4 milliard d’euros, contre 12,7 millions pour le Kaïrat. Almaty s’appuie sur quelques Brésiliens, des Portugais, comme l’ex-differdangeois Jorginho Monteiro (meilleur buteur de BGL Ligue en 2023/2024), mais principalement des Kazakhs formés au club, dont leur gardien de 18 ans, qui a arrêté un penalty face au Sporting. Mais la lumière vient souvent de leur jeune milieu offensif Dastan Satpaev, 17 ans, considéré comme le futur meilleur joueur kazakh, qui rejoindra l’an prochain Chelsea.

Un parcours de guerrier

Pour le Kaïrat, qui avait jusqu’ici seulement atteint une phase de groupe de Ligue Europa Conférence (C4) en 2021, la Ligue des champions a commencé début juillet, avec d’interminables tours de qualification entre équipes de championnats mineurs. Le club kazakh s’est qualifié pour la première fois de son histoire après un parcours très solide – aucun but encaissé à domicile – en éliminant les champions de Slovénie, de Finlande, de Slovaquie et enfin d’Écosse, le Celtic Glasgow.

Avec cette qualification historique, «on a déjà fait le maximum, donc on va prendre du plaisir», avait jubilé fin août le capitaine du Kaïrat, Alexandr Martynovitch. Et au moment d’apprendre la venue du Real, le défenseur de 38 ans a proposé non sans humour «d’acheter des filets dans un magasin de pêche» pour arrêter Kylian Mbappé.

L’ombre d’un oligarque

Le club bénéficie des fonds du sulfureux oligarque Kaïrat Boranbaïev, proche de l’ex-dirigeant Noursoultan Nazarbaïev, au pouvoir pendant trois décennies. Kaïrat Boranbaïev avait été arrêté en 2022 dans le cadre d’une campagne menée par le président actuel, Kassym-Jomart Tokaïev, pour écarter le clan Nazarbaïev du pouvoir après des émeutes ayant fait 238 morts.

Condamné en appel à six ans de prison ferme pour avoir détourné 32 millions de dollars en achetant du gaz russe à un prix gonflé, l’homme d’affaires avait rapidement été libéré. Il avait dû restituer à l’État des dizaines de millions de dollars ainsi qu’un champ pétrolier, des centres commerciaux, des usines et un hôtel quatre étoiles.