Aux portes du Luxembourg, les Thionville Lusitanos poursuivent leur développement et lorgnent toujours un peu plus vers le Grand-Duché. Illies Haddadji, le directeur sportif après avoir été celui du RFCU notamment, nous dit tout.
Comment se porte Thionville, 3e pour sa première saison de National 2 et qui peut commencer à rêver se battre pour la montée ?
Ilies Haddadji : Depuis le début de la saison, on se dit qu’on joue le maintien. Mais en interne, malgré cette humilité et cette unique volonté de surtout être très tranquilles, on voit que désormais, il y a mieux à faire et on vise le top 5. Ce qui est déjà beau parce qu’on s’est lancé dans une toute nouvelle méthodologie de travail, avec une équipe semi-pro voire pro, qui s’entraîne les matins, avec 95 % des joueurs qui ne font que ça…
Omosanya fait partie des meilleurs attaquants de N2
Donc la montée ne serait pas une si grosse surprise, même si elle arriverait tôt ?
On n’a pas la pression de se dire qu’on doit monter parce qu’on est sur un projet en trois ans. Et on n’est déjà pas très loin.
Pour certains joueurs de DN, nous représentons la dernière alternative
Malgré un budget qui est très raisonnable. Trop raisonnable, d’ailleurs ?
D’après ce que l’on sait, dans notre groupe de National 2, on doit être à peu près le huitième budget. Et la saison prochaine, il ne va pas grossir énormément. S’il fallait, on irait chercher un budget plus élevé, mais au point où on en est, ce n’est pas une question d’argent. C’est une question de précision dans le travail et dans le recrutement. Par exemple, cette saison, nous avons vu arriver beaucoup de joueurs confirmés de N2 qui ont finalement peu joué. Ce sont des profils qui nous ont coûté de l’argent. Avec le recul, on sait désormais mieux comment faire. Avec un budget équivalent, on fonctionnera différemment. Et on bossera mieux, par exemple, l’an prochain, sur la question de l’organisation des déplacements.
Et votre budget, par rapport au Luxembourg et, donc, par rapport à votre attractivité financière ?
En BGL Ligue, on serait dans le deuxième tiers, d’après mes connaissances des budgets des différents clubs. Mais nous, on est à parts égales entre l’académie pour les jeunes et l’équipe première. Alors qu’au Luxembourg, dès qu’on veut être performant, l’équipe 1 prend la majeure partie du budget (NDLR : lire ci-dessous).
Vous vous êtes offerts votre premier Luxembourgeois, Michael Omosanya, en 2024. En êtes-vous satisfait ?
Il habite toujours à Esch, il reste ancré au Luxembourg et c’est très bien pour son équilibre. Nous, on est satisfait de son évolution. Il est arrivé avec beaucoup d’attentes autour de lui, il y a répondu, a été performant, même s’il a connu un petit creux lié à une petite blessure avec laquelle il est revenu de sélection. Mais clairement, dans ce championnat où le physique compte énormément, il fait partie des meilleurs attaquants.
Cela veut-il dire que vous le conservez la saison prochaine ?
On va entamer les discussions sous peu. On a envie qu’il reste. Mais le développement du joueur est important et s’il pense, à son âge, qu’il faut aller plus vite et plus haut dès cet été, alors on le laissera partir… Mais il sait sur quoi travailler : l’efficacité, les statistiques. Malheureusement, sans ça, on n’est pas autant regardé dans ce milieu.
S’il reste, sera-t-il le seul Luxembourgeois de l’effectif ?
J’ai ma liste qui est prête. Et dedans, je ne vais pas vous cacher qu’il y a plusieurs Luxembourgeois. Le profil, c’est celui de joueurs qui ont passé les 22-23 ans, n’ont pas réussi à franchir le cap vers le professionnalisme et pour lesquels nous représentons un peu la dernière alternative. Sinon, ils savent qu’ils resteront en DN toute leur vie.
Votre président, François Ventrici, disait il y a un an vouloir de plus en plus se tourner vers la BGL Ligue. Pour aller y chercher des étrangers ou des Luxembourgeois ?
Nous sommes de plus en plus compétitifs. L’objectif, c’est de prendre de l’épaisseur. Mais notre but, c’est de recruter des gens qui viennent des alentours et savent déjà comment ça se passe dans les environs. Qu’ils soient luxembourgeois, belges, français ou allemands…
Avoir des Luxembourgeois dans l’équipe a-t-il une résonance particulière dès lors qu’il s’agit d’aller chercher un peu plus de public et des sponsors ?
Oui parce que l’on réfléchit de manière globale, mais la première motivation n’est que sportive. On ne va pas prendre un nouveau joueur Luxembourgeois pour faire quinze entrées de plus par match. Mais je vois des têtes que je connaissais en DN commencer à arriver à Thionville juste parce que ces gens aiment le foot et veulent voir ce qui se passe chez nous. Quand il faisait -2 °C, au cœur de l’hiver, on avait 1 000 personnes au stade alors qu’au Grand-Duché, cela va faire 150 spectateurs pour les bons matches. Nous, le maire est là à chaque rencontre. Il s’investit. Je pense que quand les beaux jours reviendront, on sera à 2 000 personnes par rencontre.