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[Football] Faut-il s’inquiéter de la sécurité au stade de Luxembourg ?


Fumigènes, envahissement de terrain : une soirée folle. (Photo : luis mangorrinha)

Mixité des supporters, fumigènes, envahissement de terrain… La soirée de samedi et du match contre la Turquie pose des questions : le Grand-Duché est-il prêt pour des matches aussi chauds?

Le M-Block a fait part de son mécontentement sur les réseaux sociaux. Et encore, mécontentement serait la version la plus «soft» de cette grosse angoisse pour certains, grosse colère pour d’autres (le M-Block parle de supporters agressés dans ses rangs alors que la sécurité était curieusement absente, selon leurs dires), qu’ont vécu certains supporters samedi soir, au stade national de Luxembourg après un match qui avait été, d’emblée, classé à hauts risques par l’UEFA autant que la police (qui avait expédié plus d’une centaine de membres des forces de l’ordre aux alentours de l’enceinte). La fédération turque, outre deux spécialistes de ce genre de situation potentiellement chaude, avait aussi mandaté de son côté quelques policiers turcs sur place.

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Entre l’entrée extrêmement compliquée à quelques encablures du match, le jet de fumigènes en fin de première période, avant l’ouverture du score de Çalhanoglu sur penalty, les envahissements de terrain dans le dernier quart d’heure et après la rencontre, les tentatives après la rencontre de pénétrer un peu partout (salon VIP, avec intervention de la police pour barrer l’accès, salle de presse…), un constat s’impose : cette soirée est partie dans tous les sens et à plusieurs moments de la soirée, le service de sécurité ne pouvait concrètement plus rien maîtriser. La soirée n’a pas dégénéré et c’est peut-être, aussi, en partie pour le côté permissif qu’offre ce stade tout neuf et totalement ouvert.

La Turquie zappe son décrassage

Du côté de la FLF, certains ont hasardé cette théorie que la présence trop évidente de la sécurité, le parcage c’est-à-dire l’enfermement, étaient des conditions d’agacement des foules qui auraient pu faire déborder cette cocotte-minute. Le M-Block, lui, a soulevé un problème majeur : en octobre 2013, la venue de la Russie au stade Josy-Barthel avait vu des supporters adverses réussir à escalader les barrières pour venir en découdre avec les fans luxembourgeois. Que se passerait-il si ce genre de fans violent débarquait au stade de Luxembourg? Et si, comme cela a été le cas avec la Turquie, des fans adverses achètent leur billet en ligne sans aucun contrôle sur leur identité, permettant une dissémination partout dans le stade?

Samedi, des supporters turcs ont dû être exfiltrés de la tribune réservée au M-Block. Et l’«ouverture» de ces tribunes, leur absence de contrainte physique qui laisse possibles les déplacements dans quasiment tout le stade, est autant ce qui peut séduire dans cette enceinte que ce qui peut commencer à faire peur. Aller trouver ou retrouver un groupe de supporters n’est pas d’une folle difficulté. La FLF mais surtout par extension, la compagnie de sécurité luxembourgeoise (qui avait mis 182 vigiles en place) et la police ne maîtrisent logiquement que partiellement ce genre de situation exceptionnelle, la soirée se terminant globalement plutôt très bien.

Trois jours plus tôt, à Torshavn, le fan auteur du jeter de bière lors d’une altercation entre Gerson Rodrigues et un adversaire féroïen avait vu son identité prise par la police locale, qui lui avait posé quelques questions, selon les informations de la fédération. Les envahisseurs de terrain de samedi sont eux repartis sans être inquiétés, de façon même légèrement dangereuse : quand le supporter luxembourgeois venu revendiquer conte la politique gouvernementale a été remis dans les gradins, de nombreux fans turcs semblent avoir considéré d’office qu’il s’agissait d’une provocation en rapport avec la question arménienne. Ils se sont trompés. Mais était-ce raisonnable, dès lors, de faire rentrer ce fan dans un public mixte? La réponse est dans la question. D’autant qu’il faudrait doubler les effectifs de sécurité pour mettre des stewards un peu partout.

Et la «cellule», on l’utilise?

Clairement, toutefois, le Luxembourg n’était pas près à assumer une telle charge de travail dans le maintien de l’ordre. La Turquie n’a d’ailleurs pas obtenu l’autorisation de faire un décrassage à l’issue de la rencontre. Ce n’est qu’une partie immergée de l’iceberg. Les fumigènes? Un problème récurrent qui frappe partout. Les envahissements de terrain? L’absence de grillage ne peut pas garantir une sécurité totale. D’ailleurs, l’émissaire de l’UEFA a indiqué en fin de soirée qu’à sa connaissance, aucune faute humaine n’est à constater mais que la typologie du lieu était compliquée.

Reste que ce stade de Luxembourg est, aussi, équipé d’une «cellule» permettant de placer en détention plus d’une vingtaine de personnes à fin de maintien de l’ordre. Elle n’a pas été utilisée, alors que cela avait été, lors de la présentation de l’enceinte, l’un des points forts sur lesquels il avait été insisté.

La FLF pourra-t-elle, aussi, à l’occasion dresser plus régulièrement ces rambardes permettant d’isoler certains pans entiers de stade? Avec quatre grandes entrées principales, la fragmentation des travées est limitée et leur cloisonnement pourrait engendrer énormément de frustration. Mardi, les Féroé poseront moins de problèmes. Aux alentours de 4 000 spectateurs sont attendus et il semble évident que le Luxembourg ne rencontrera plus avant longtemps une telle situation explosive. Ce n’est pas une raison pour très vite s’atteler à régler les problèmes. Y penser au moins. Car en octobre surviendra le tirage au sort des prochains éliminatoires de l’Euro et on ne sait pas sur qui l’on tombera.